Claude Molly-Mitton (USF)(*) : “ notre rôle va bien au-delà du suivi des technologies SAP ”
Suite à la convention annuelle du club des utilisateurs SAP francophones (USF), son président souligne son rôle dans la stratégie de l'éditeur. Sujets évoqués : les répercussions du Saas, la complexité des licences logicielles et les pratiques commerciales de SAP.La Cour de justice européenne vient de considérer que la revente de logiciels d'occasion n'était pas illégale. Quel impact cette décision peut-elle avoir pour les utilisateurs SAP ?Claude Molly-Mitton : C'est évidemment un thème que nous suivons. Nous l'avons d'ailleurs intégré dans nos discussions avec SAP, à l'occasion de nos travaux avec le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) pour la publication du deuxième guide de bonnes pratiques commerciales, à paraître dans quelques mois. Il faut néanmoins faire la distinction entre les logiciels bureautiques et les solutions progicielles plus complexes, comme SAP. Deux facteurs limitent la portée de cet avis de justice : elle ne concerne que les licences illimitées et l'entreprise ne peut pas revendre à la “ découpe ” en cassant le contrat de licence. A priori, cela peut être une solution particulièrement intéressante, dans le cadre de cessions-acquisitions d'entreprise, pour céder plus facilement le patrimoine immatériel.Les contrats de licence semblent de plus en plus complexes. Est-ce un sujet sur lequel vos membres vous interpellent ?CMM : Oui, régulièrement. D'ailleurs, l'arrivée des solutions de type Software as a Service dans le catalogue SAP, depuis les acquisitions d'Ariba et Success-Factors, complique encore davantage la compréhension des modèles de facturation. Nous avons aussi relancé les travaux sur le sujet. L'intégration dans le club des clients historiques de ces deux solutions va nous apporter des compétences pour mieux comprendre ces nouveaux modes de fonctionnement.Et en ce qui concerne les licences traditionnelles ?CMM : La politique des licences demeure un motif de tension. Ce qui s'explique aussi par le contexte de crise économique. C'est le seul véritable sujet, avec le manque de continuité des forces de vente SAP, pour lequel les adhérents m'interpellent. La pratique de l'audit de licences et l'“ accès indirect ” aux solutions SAP depuis un autre logiciel, où la logique tarifaire reste à éclaircir, sont d'ailleurs des problématiques dont nous allons discuter avec l'éditeur. Mais il faut souligner que les points de discorde sont globalement peu nombreux.En quoi vos travaux avec le Cigref et la publication du premier guide de bonnes pratiques commerciales ont-ils changé la relation avec l'éditeur ?CMM : On ne peut qu'être satisfait de la participation exemplaire de SAP sur le sujet. Ce n'était pas gagné d'avance. L'éditeur est à l'écoute et répond à nos questions, même si ses explications ne nous satisfont pas toujours. Loin de là. Cela nous a permis d'instaurer une relation où le club des utilisateurs n'est plus là uniquement pour parler des évolutions fonctionnelles et techniques des produits. Cela reste bien évidemment le fond de notre activité, mais on évoque désormais régulièrement des problématiques commerciales et stratégiques avec l'éditeur. Nous avons davantage d'échanges avec la direction.Il y a un an, vous aviez annoncé le processus de co-innovation entre SAP et les clubs utilisateurs, désormais points de passage obligatoires pour les clients. Quel bilan tirez-vous de ce nouveau mode opératoire ?CMM : Je ne peux pas encore livrer de chiffres. Quant au bilan qualitatif, il est mitigé, mais il s'améliore. Il faut distinguer les demandes d'évolution dans le cadre de la maintenance des produits de celles liées à leurs nouvelles versions. Dans le premier cas, même si le processus est un peu pesant, nous sommes désormais en phase de croisière. Une fois un sujet ouvert par l'éditeur, les engagements et délais d'attente sont respectés par les équipes de R&D. Pour la deuxième requête, en revanche, on ne peut que s'améliorer. Il y a des contraintes juridiques assez lourdes de confidentialité qui ont tendance à freiner les bonnes volontés.(*) Club utilisateurs SAP.
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