Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
La bataille sur le terrain du développement d'applications internet s'amplifie. Microsoft compte bien imposer Silverlight, son nouveau plug in .Net pour les navigateurs. Contraint de réagir, Adobe distribue Flex en open source.
Les clients riches internet (RIA) et de bureau (RDA) remplaceront peu à peu les architectures client-serveur. Les experts en sont convaincus. ' Grâce à leur interface graphique attrayante et leur faible coût de
maintenance, ils attirent à la fois les utilisateurs et les développeurs ', confirme Jeffrey S. Hammond, analyste chez Forrester Research.Pour l'instant, seuls deux ténors s'affrontent sur ce marché : Adobe - l'acteur historique du domaine - et Microsoft. ' Pour les deux éditeurs, ce secteur est stratégique. Ils se sont donc
lancés dans une lutte sans merci pour imposer leurs technologies ', analyse Jeffrey S. Hammond. Le gagnant remportera un marché gigantesque, correspondant aux centaines de milliers d'applications sur Windows, Linux, et Mac
OS.C'est dans ce contexte que Ray Ozzie, architecte en chef de Microsoft, a présenté la semaine dernière à Las Vegas sa technologie de client riche internet Silverlight (ex-WPF/e) sur le salon Mix07, consacré aux technologies 2.0 de
l'éditeur. Silverlight est un concurrent gratuit de Flash, qui fonctionne avec Internet Explorer, Firefox, et Safari, sous Windows XP, Vista, et MacOS X. A court terme, Linux n'est pas supporté par Microsoft, mais plutôt par son partenaire, Novell.
Chez ce dernier, Miguel de Icaza nous a confirmé qu'il travaillait sur une implémentation de Silverlight sous Linux au sein de Mono, leur projet .Net open source.
Deux versions de Silverlight très différentes
Microsoft présente Silverlight comme un seul produit, mais il recouvre deux versions très différentes. Disponible en bêta, Silverlight 1.0 exécute des applications écrites en Javascript ou en XAML (un langage XML de description
d'écran propre à Microsoft). Le runtime peut également lire des vidéos et des fichiers musicaux. ' C'est un concurrent direct des technologies Flash et Flex d'Adobe ', estime Jeffrey S. Hammond,
analyste chez Forrester Research.Silverlight 1.0 est une réponse à l'adoption croissante de Flex. Mais Microsoft préfère mettre l'accent sur la version 1.1 de sa technologie. Téléchargeable en version alpha et disponible en version finale en début 2008, celle-ci
comprend une machine virtuelle .Net (CLR). Les applications peuvent donc être écrites en C#, en VB.Net, voire en Python et en Ruby grâce au Dynamic Language Runtime (DLR). De plus, les développeurs Microsoft n'ont pas à réapprendre un nouveau
langage, puisqu'ils ont la possibilité de s'appuyer sur un sous-ensemble d'API du framework .Net 3.0. Un point particulièrement important pour l'éditeur, car il va freiner l'adoption de Flex au sein de sa communauté.' Nous voulons avant tout étendre la portée de .Net au-delà de Windows et d'Internet Explorer, explique Jean Christophe Cimetière, chef de produit plate-forme chez Microsoft France. C'est la
première fois que nous portons une technologie clé - notre moteur .Net - sur une autre plate-forme que Windows. Cela illustre bien l'enjeu que représente Silverlight pour Microsoft. '
Adobe prévoit une version open source de Flex
Jusqu'ici, Adobe régnait seul sur le marché des RIA avec son lecteur Flash côté client, et Flex côté serveur. Microsoft ne cherche pas ouvertement à rivaliser avec Adobe. Pourtant, Silverlight est un concurrent direct de Flex.
' Malgré des différences notables, les deux technologies visent le même marché : la prochaine génération d'applications clientes connectées ', confirme Mariano Boni, directeur technique de
Dreamsoft.Face à cette pression de Microsoft, Adobe a décidé de publier la prochaine version de Flex (nom de code Moxie) sous licence open source d'ici à la fin de l'année. ' Une initiative sûrement prévue depuis un petit
moment, car le kit de développement (SDK) était déjà ouvert ', note Emmanuel Biffiger, responsable technologies et infrastructures au sein de la banque Lombard Odier Darier Hentsch & Cie, l'un des premiers utilisateurs de
Flex en Europe.Flex 3 sera disponible sous licence Mozilla Public Licence (MPL). Une licence permissive proche de la BSD, grâce à laquelle tout éditeur peut embarquer Flex dans son application. Adobe espère ainsi rallier les entreprises les plus
sceptiques, et imposer Flex comme un standard de fait pendant qu'il en est encore temps. ' Le doute sur la pérennité et le manque de lisibilité de la stratégie d'Adobe constituaient les principaux freins à l'adoption de Flex
par nos clients ', assure Jean François Mathiot, directeur R&D de Servebox, qui fournit des services autour de Flex depuis trois ans. ' Cette annonce va balayer leurs derniers
doutes. 'Adobe doit répondre à la concurrence de Microsoft. Mais son plus grand défi consiste à amener les utilisateurs traditionnels de Flash - surtout des graphistes - à évoluer vers plus de technicité, tout en convaincant les
développeurs traditionnels de tester Flex. Cette migration semble bien partie, car la plupart des applications Flex sont des projets métier d'envergure.Adobe va cependant devoir faire face à l'engouement que suscite Silverlight chez les développeurs. ' Les démonstrations auxquelles j'ai assisté lors de la conférence Mix07 sont très impressionnantes. Je suis
certain que Microsoft va gagner son pari, illustre Didier Girard, directeur technique de la SSII Sfeir. En intégrant .Net dans Silverlight, Microsoft rend la production de contenu multimédia accessible à la masse des
développeurs. Lesquels vont enfin pouvoir rivaliser avec les spécialistes de Flash. '
Google, symbole de l'alternative Ajax
Adobe et Microsoft sont les deux seuls éditeurs à proposer des socles RIA évolués. Ils doivent toutefois compter avec la concurrence de Google. Son Google Web Toolkit (GWT) constitue, en effet, une alternative intéressante pour les
développeurs Java. GWT est un compilateur qui transforme un code source Java en une application DHTML/Ajax. Les applications DHTML/Ajax sont plus limitées que les RIA d'Adobe et de Microsoft, mais elles ont l'avantage d'être standards là où Flash et
Silverlight sont propriétaires. En outre, avec l'évolution des prochaines générations de navigateurs, elles intégreront bientôt nativement le mode déconnecté. Certes, elles pècheront encore du côté des graphiques interactifs et du multimédia (vidéo,
etc.). Mais toutes les applications en ont-elles réellement besoin ?redaction@01informatique.presse.fr
Votre opinion