Les RIA et RDA sont respectivement les successeurs des applications web et des applications client-serveur. Schématiquement, les RIA offrent un supplément d'ergonomie aux pages web grâce à des interfaces sophistiquées, mais souffrent de l'absence de gestion du mode déconnecté : lorsque l'on perd le réseau ou que l'on ferme le navigateur, tout est perdu. Il en existe deux types : les basiques (Ajax) et celles qui apportent des effets de transparence et multimédias (Adobe Flash et Microsoft Silverlight).Les RDA, elles, sont des applications embarquées sur le poste de travail, mais déployées et mise à jour sur HTTP, selon le principe des mises à jour Windows. Elles savent gérer le mode déconnecté grâce à un stockage local. Ce distinguo, assez clair il y a encore un an, tend aujourd'hui à devenir un peu flou après les récentes annonces faites par différents éditeurs.
Vers des RIA fonctionnant en mode déconnecté
Présentée par Google il y a plus d'un an, la technologie Google Gears est destinée à la gestion du mode déconnecté. Concrètement, Gears ajoute une petite base de données au navigateur (Internet Explorer ou Firefox) afin de stocker applications et données. Il devient ainsi possible d'exécuter en local une application Ajax et de conserver les résultats de ses traitements. Gears autorise également la synchronisation des données avec le serveur, lorsque le réseau se trouve à nouveau disponible. Gears brouille donc le distinguo RIA/RDA en modifiant le fonctionnement habituel des navigateurs. Si la solution s'avère intéressante et ouverte, elle n'est malheureusement pas standardisée. Le groupe de travail WATWG planche sur un standard équivalent à Gears. Selon Tristan Nitot, porte-parole de Mozilla Europe, les résultats de ce groupe de travail devraient être intégrés dans Firefox, Safari et Opera. Les navigateurs fonctionnant en mode déconnecté risquent donc de se banaliser dans les années à venir.Les principaux acteurs des technologies d'interfaces sont Microsoft et Adobe. Tous les deux proposent une offre bicéphale RIA/RDA. Chez le premier, le RDA fait partie intégrante du framework .Net, qui lui consacre une librairie baptisée WPF (Windows Presentation Foundation). Et le récent Silverlight répond au cahier des charges des RIA. La technologie Flash, d'Adobe, est une référence du RIA depuis plus de dix ans, et le lancement récent d'AIR répond aux besoins des RDA.Microsoft et Adobe prennent la direction d'une unification des RIA/RDA. Elle se fait à trois niveaux : la description de l'interface par les designers, sa mise en ?"uvre par les développeurs, puis son déploiement par les utilisateurs. Ainsi, chez Microsoft, une même grammaire XML, dénommée XAML, sert à décrire les éléments graphiques d'une interface, qu'elle soit RIA ou RDA. Chez Adobe, le format équivalent est MXML.Concernant la partie développement, Adobe propose d'utiliser Flex Builder, une extension d'Eclipse, pour créer des contenus Flash ou AIR. De la même manière, Microsoft offre un environnement unique, Visual Studio, pour WPF et Silverlight. Enfin, chez Adobe, les contenus peuvent être déployés indifféremment dans Flash ou dans AIR. Microsoft n'offre pas encore cette possibilité avec WPF et Silverlight, mais l'éditeur travaille sur un projet, baptisé Volta, dont l'objectif consiste à construire une application sans faire d'hypothèse sur son mode de déploiement. Ainsi, nos deux leaders sont sur le point de proposer une technologie d'interface totalement unifiée. Celles moins avancées (Mozilla XUL, JavaFX) ont peu de chance de leur survivre. Face à ces environnements propriétaires sophistiqués, seules les offres s'appuyant sur les standards du web (c'est-à-dire Ajax) survivront. Ainsi Google prend une option intelligente en poussant ces standards à fonctionner en mode déconnecté.
La synchronisation des données, un élément clé
Il est difficile de parler de gestion du mode déconnecté sans s'arrêter sur les problématiques de synchronisation. En effet, que se passe-t-il si plusieurs personnes éditent un même document en parallèle dans ce mode ? Dans ce domaine, Microsoft a une longueur d'avance grâce au rachat de la société Groove Networks, fondée par Ray Ozzie. Extension sophistiquée dOffice, le logiciel Groove offre la possibilité de travailler déconnecté. Depuis son arrivée chez Microsoft, Ray Ozzie a créé SSE, un système de synchronisation de données pour le web. Il a, par ailleurs, annoncé Windows Live Mesh, un système de synchronisation de fichiers. Adobe et Google ont donc du pain sur la planche pour se mettre à niveau...
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