La maintenance de systèmes informatiques vieillissants coûte cher et leur obsolescence freine l'innovation de l'entreprise tout entière. Il y a quelques mois, Gartner jetait un pavé dans la marre, soulignant qu'avec 80 % des budgets informatiques consacrés à la maintenance des parcs existants, les DSI ne pouvaient innover. Cette notion de “ dette informatique ” est l'un des thèmes abordés par les DSI lors des journées IBM Techsoftware 2012, événement annuel d'IBM France.
Planifier l'arrêt des applications obsolètes
Première à prendre la parole, Marion Hamacek, vice-présidente IT à l'international de Catalina Marketing. Cette entreprise analyse les paniers d'achat pour le compte de 250 distributeurs et 50 000 magasins. Une entreprise de la mouvance big data qui doit évoluer en permanence : “ On a un flux quotidien d'innovations, parmi lesquelles il faut opérer des choix. A contrario, nous avons des applications dites legacy qui ont plus de vingt ans, sont lourdes à changer et ralentissent les projets : c'est une forme de dette informatique. ” Pour moderniser son système d'information (SI), Marion Hamacek lance chaque année des initiatives en se donnant le droit à l'erreur : “ Si, sur cinq tentatives, deux réussissent, nous estimons le taux satisfaisant. ” En contrepartie, la DSI s'efforce de retirer ses interfaces vieillissantes. “ Tous les ans, nous planifions un arrêt d'une partie des applications legacy. C'est indispensable pour ne pas obérer l'avenir. ”L'approche de Dassault Aviation est aux antipodes de celle de Catalina Marketing : Philippe Ebert, responsable de l'architecture au sein de la DGSI de l'avionneur, explique sa problématique : “ Notre SI est financé par les programmes avion. A chaque étude, nous nous dotons des meilleures solutions du moment, afin de disposer des derniers avantages fonctionnels. Conséquence : notre SI est une superposition de couches hétérogènes. ” Or, prenant l'exemple du Boeing 747, conçu dans les années 60 mais toujours construit, “ nous travaillons sur des cycles très longs, sur pratiquement soixante-dix ans. Un avion est développé, puis produit sur une durée de trente à trente-cinq ans, et il va voler autant ! Or nous devons conserver les solutions qui ont été utilisées pour chaque génération de modèles. Malgré des stratégies de standardisation, nous avons des serveurs Vax, des mainframes IBM, de l'AS/400, des serveurs Unix, Windows, etc. ” Pour Jean Sass, DSI de Dassault Aviation et responsable des opérations, la ligne directrice est claire : “ Nous devons être capables de chercher la donnée là où elle se trouve, qu'elle réside sur un AS/400 ou sur un mainframe IBM, sans que cela nécessite un an de développement. ”Intégrer plusieurs générations de systèmes divers
Pour faire face à cette disparité extrême, l'industriel a structuré son SI sur un bus de données sur lequel chaque composant communique avec les autres briques : “ Nous disposons d'un millier d'applications accessibles à 8 000 utilisateurs. Intégrer ces systèmes entre eux prend beaucoup de temps, pour une valeur métier nulle. La mise en place d'un bus était une évidence. ” Il a fallu dix ans aux équipes de Dassault pour mettre en œuvre cette solution qui permet, aujourd'hui, à toutes les applications du constructeur de dialoguer entre elles : progiciel de gestion intégré (ERP), systèmes de gestion de la relation client et du cycle de vie du produit, mais aussi transmission en vol des données de maintenance de l'avion jusqu'à la machine-outil qui fabrique son successeur.
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