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Avec l'ouverture à la concurrence des jeux en ligne, le Pari mutuel urbain (PMU) a dû adapter son offre. Plus que l'outil de gestion de projet, c'est l'organisation des équipes qui a fait la différence quand il a fallu travailler dans l'urgence.
Spécialiste des paris hippiques, le PMU avait moins d'un an pour s'ouvrir aux paris sportifs et au poker en ligne. Une démarche indispensable pour faire face à la nouvelle concurrence annoncée. Sommée par l'Union européenne de modifier sa législation non conforme au principe de libre prestation de services, la France a en effet présenté un avant-projet de loi en 2008, qui autorise n'importe quelle entreprise à proposer des jeux en ligne après obtention d'un agrément. Déposé en mars 2009 à l'Assemblée nationale, il a été promulgué en loi en mai 2010, mettant fin au monopole du GIE PMU.
Douze mois pour mener douze chantiers en parallèle
Le Pari mutuel urbain a décidé de relever le défi dès la présentation de la loi à l'Assemblée en s'ouvrant à de nouveaux secteurs. Le projet qui aboutit aujourd'hui, baptisé Opération commando, a démarré un an plus tôt afin de développer les applications nécessaires mais aussi, et surtout, pour adapter son fonctionnement au nouveau contexte et à la nouvelle offre. Il n'aurait pas réussi sans une méthodologie impitoyable laissant peu de place à l'erreur, et grâce à un outil de planification capable d'optimiser la gestion des ressources dans les phases initiales.“ Dix années d'expérience dans la conduite de projet nous ont permis d'acquérir une certaine maturité et d'arriver à la conclusion que l'informatique n'est qu'une des composantes d'un projet, même si elle revêt chez nous une importance considérable, explique Catherine Chauvin, responsable du département programmation stratégique et projets. Aujourd'hui, dès que nous démarrons une telle initiative, nous réunissons autour d'une table toutes les personnes concernées, de la communication, chargée de la promotion de l'offre, au service achats, qui va faire fabriquer et livrer les tickets, sans oublier l'informatique et tous les départements commerciaux, marketing… ” Partant de ce principe, le PMU regroupe 30 personnes sur un plateau en juin 2009. Dédiées exclusivement à l'Opération commando, elles ne disposent que de douze mois pour gérer 12 chantiers portant sur différentes thématiques : informatique, appréhension de nouveaux métiers, stratégie de marque, offre à mettre en place ou encore conduite du changement… Pour le PMU, il s'agit en effet d'un tournant majeur, l'entreprise n'ayant toujours pratiqué que les seuls paris hippiques. S'ouvrir aux sports (football, tennis, golf, etc.) et au poker bouleverse l'organisation de la société, tant du point de vue des compétences que des processus existants.Equipé de l'outil de planification PSN8 de Sciforma depuis 2002, le PMU va à cette occasion faire évoluer sa solution vers la dernière version, PSNext. “ Plusieurs raisons ont motivé cette migration, précise Catherine Chauvin. Tout d'abord, les limites que nous avions atteintes dans PSN8, du fait de notre avancée en maturité. Ensuite, un contexte difficile : en 2009, lors du lancement du projet, la loi était encore en cours d'élaboration. Le contenu était flou. Par exemple, nous ne savions pas encore quels sports allaient être concernés, ni à quelle date précisément la loi serait promulguée. Nous avions donc besoin d'un outil souple, capable de nous accompagner en étant très réactif. Enfin, PSN8 montrait des limites en termes de fonctionnalités mais aussi d'ergonomie. ”Retenu à la suite d'un appel d'offres, PSNext n'était pourtant pas, à ce moment-là, l'outil le plus avancé du marché. Catherine Chauvin s'en explique : “ Une solution de planification est essentielle pour optimiser la gestion de ses ressources, simuler et tenir ses délais en redistribuant les tâches selon les priorités. Mais elle ne remplace en aucun cas la méthodologie et l'expérience acquise. C'est pourquoi nous avons préféré migrer vers la dernière version. Un outil trop riche aurait déstabilisé les utilisateurs et, finalement, n'aurait pas été utilisé. Enfin, une migration coûte généralement moins cher que l'acquisition et la mise en œuvre d'un nouvel outil ainsi que la formation des utilisateurs. ” En adoptant PSNext, le PMU a gagné en ergonomie et, surtout, en transversalité. Désormais, l'entreprise peut gérer des portefeuilles de projets, les regrouper par axe stratégique et obtenir des rapports détaillés sur l'avancement de chaque chantier.
Trente collaborateurs détachés à plein temps
Toutefois, pour Catherine Chauvin, PSNext n'a pas joué un rôle déterminant dans la réussite de l'Opération commando. Le fait de regrouper 30 personnes sur un plateau, en revanche, a été le facteur clé : détachés à plein temps sur le projet, ces collaborateurs n'étaient plus freinés par des contingences hiérarchiques qui auraient pu les ralentir dans la prise de décision. Noyau de cette opération, l'équipe a été épaulée par une centaine de personnes contribuant au projet de façon plus ponctuelle. Enfin, pour respecter ses délais, le PMU s'est adossé à deux partenaires business : Party Gaming et Paddy Power, deux ténors du marché du poker en ligne et des paris sportifs, qui ont apporté leur savoir-faire métier. Typiquement, la compagnie irlandaise Paddy Power a en charge la fixation des cotes et la gestion du risque sur les paris sportifs. Ce partenariat lui permet de tirer des revenus du marché français en s'appuyant sur un opérateur local incontournable.Côté informatique, le PMU a fait appel à Orbis Technology, aujourd'hui rebaptisé Openbet, qui dispose d'un progiciel conçu pour ce secteur d'activité. Concrètement, la mise en ligne de l'offre a demandé plus de paramétrage du progiciel que de réel développement : le PMU, à cette occasion, a pris des décisions stratégiques en faisant le tri dans les fonctions qu'il allait proposer ou non. En revanche, l'intégration avec sa plate-forme existante a nécessité un développement important.Mais pour France Porteaux, chef de projet, le plus grand succès de cette Opération commando reste la conduite du changement. S'ouvrir à ces nouveaux secteurs de paris et de jeux en ligne a exigé la réécriture des processus de l'entreprise. Certaines personnes ont dû développer une compétence mixte et l'évolution ne s'est pas faite sans un accompagnement au changement qui, grâce à la méthodologie mise en œuvre, a pu être pris en charge dès le départ. “ A tous les niveaux, nous nous sommes enrichis sur ce projet ”, conclut France Porteaux.
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