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Les offres d'intégration de données dans le nuage ciblent surtout les non-techniciens
L'intégration de données n'est plus uniquement une histoire de techniciens. Les éditeurs spécialisés récemment convertis à l'intégration sur le cloud en sont persuadés. Plus que jamais, les applications Saas (Software as a Service) ont besoin de se relier au monde extérieur. Soit en se connectant à d'autres applications Saas, soit, et c'est le plus courant, en s'intégrant aux applications de gestion déployées dans l'entreprise. Chez Salesforce.com, par exemple, plus de la moitié des transactions concerne un processus d'intégration. Celle-ci deviendrait donc, en partie du moins, directement manipulable par les métiers.“ La synchronisation ou la migration de données d'une base vers une autre, l'échange de contacts entre Outlook et Salesforce, le nettoyage d'informations, ou encore la vérification d'adresses : tous ces scénarios relativement simples sont désormais disponibles sous la forme de services d'intégration, et ne requièrent plus l'aide des équipes informatiques ”, explique Sohaib Abbas, le PDG d'Informatica, lorsqu'il évoque Informatica Cloud, la récente offre hébergée de l'éditeur. Et le leader du domaine n'est pas le seul à cibler les utilisateurs fonctionnels. On trouve également sur les rangs tous les spécialistes de l'intégration dont la plate-forme est capable de fonctionner sur le cloud : Pervasive, IBM Cast Iron, Magic Software (par le biais de Kerensen) ou le Français Runmyprocess.En quoi cette intégration en Sass serait-elle simplifiée ? Elle reprend ce qui a fait le succès des applications accessibles en Saas : un paramétrage en mode déclaratif (à base de menus déroulants, de cases à cocher, etc.), une modélisation des échanges à la souris, des connecteurs de haut niveau… “ Les utilisateurs font seulement correspondre les champs des objets métier, des contacts ou des opportunités client, par exemple. Mais ils n'entrent pas plus avant dans le processus ”, précise pour sa part Bruno Labidoire, directeur technique d'Informatica. Ainsi, de la même façon que les métiers se sont appropriés ? souvent à l'insu des DSI ? des outils hébergés de gestion des achats, des ressources humaines ou de la relation client, ils jouiraient d'une certaine indépendance en termes d'intégration. “ Les utilisateurs métier ressentent de plus en plus le besoin d'intégrer un minimum leur application Saas, mais craignent de se tourner vers la DSI qui n'a pas été mise dans la boucle initialement. D'où le recours à l'intégration en cloud ”, explique Jean-Philipe Rateaud, en charge, chez IBM, des ventes de Cast Iron, l'une des offres spécialisées les plus abouties, qui se vend majoritairement auprès des directions métier.
Les limites du modèle
Seulement, on s'en doute, ce modèle de service d'intégration “ sur étagère ” a ses limites. Et elles sont nombreuses. “ Certes, les connecteurs prêts à l'emploi permettent de gagner du temps et de masquer les aspects techniques de l'intégration, mais dans bien des cas, celle-ci reste conditionnée à la mise en place de règles que seule la DSI est en mesure de spécifier ”, argumente Eric Mahet, directeur général de Runmyprocess. Ces règles portent sur des éléments plus complexes qu'il n'y paraît, tels que les accès concurrents et la bonne synchronisation de fiches contacts ou de calendriers.Et que dire, au-delà de la simple bureautique, de l'intégration cloud qui implique un ERP ? L'un des besoins les plus courants est de faire descendre dans la solution SAP les opportunités clients de Salesforces, puis de faire remonter dans celui-ci les informations concernant la facturation. Mais ici, toute intégration “ sur étagère ” est illusoire, ne serait-ce que pour des questions de sécurité : “ Dans la plupart des cas, il est impératif d'interagir avec la DMZ (une zone étanche du réseau ? NDLR) de l'entreprise et d'ouvrir des ports spécifiques sur le système d'information interne, car SAP est coupé d'internet ”, poursuit Eric Mahet. Et là encore, sans technique, point de salut.
Préparation préalable des données avec la DSI
Par ailleurs, la mise à disposition d'un connecteur pour une application ne fera pas l'économie d'un accès préalable aux données, qu'il s'agisse de cibler plusieurs bases pour constituer une information exhaustive, ou encore d'agréger des données. C'est vrai pour une intégration classiquement réalisée en interne, et ça le reste si elle est effectuée sur le nuage. Plus généralement, dès lors qu'un transfert de données issues du back office est sollicité, il s'avérera impossible de se passer de l'aide de la DSI. Enfin, précisons que l'intégration effectuée depuis le nuage commence à s'aligner sur les processus d'entreprise, c'est-à-dire sur des projets par essence informatiques. “ Dans un premier temps, l'intégration en Saas portait sur une simple synchronisation de base ou de contacts. Aujourd'hui, elle s'ouvre progressivement à l'orchestration de tâches ”, indique Jean-Louis Baffier, directeur technique chez Salesforce.Alors, métier ou technique l'intégration sur le cloud ? Jean-Louis Baffier pourrait mettre tout le monde d'accord : “ Dans les grands comptes, elle restera une histoire de spécialistes. Mais dans les petites structures, l'utilisateur s'en emparera, pour répondre à des scénarios relativement simples. ”
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