Comment Regards citoyens traque les députés

Au-delà de son implication dans le mouvement open data, le collectif citoyen fournit, avec NosDéputés.fr, une plate-forme d'ouverture sur l'activité parlementaire.
Ils ne lâchent rien, sont de toutes les conférences, de tous les débats, de tous les forums, de tous les réseaux sociaux. Regards citoyens – ce collectif composé d’une petite dizaine de personnes, toutes bénévoles, et toutes férues d’informatique – défend un credo : la transparence de l’information publique auprès des citoyens et des associations. Force est de constater que leur pugnacité paie. Dernier exemple en date : le choix de la licence OdBL par la mairie de Paris pour l’ouverture de ses données publiques. Un choix sur lequel ils ont grandement pesé.
Relier amendements, textes et propositions de loi

Mais Regards citoyens s’est d’abord fait connaître par son site NosDéputés.fr, crée en septembre 2009. « Alors que nous suivions les discussions autour de Hadopi, nous avons réalisé qu’il était très complexe de faire le lien entre les articles de loi, les propositions de loi, les amendements ou les groupes de travail parlementaires », se souvient Benjamin Ooghe-Tabanou, l’un des cofondateurs de l'association.
La première vocation de NosDéputés.fr est donc d’extraire des contenus épars issus des sites du Journal officiel et de l’Assemblée nationale, et de les afficher sous une bannière soit thématique, soit chronologique. Le tout enrichi de services d’alerte, de nuages de mots clés, de statistiques (notamment sur la nature des groupes de travail), et surtout – démarche citoyenne oblige – de commentaires ouverts à tous les internautes. Bref, autant de fonctions qui contrastent avec la vétusté des deux sites institutionnels précédemment cités.
Mesurer l’activité et la présence des députés

L’autre vocation du site concerne, on s’en doute, le suivi de l’activité des députés. Il référence leur présence, leurs interventions, leurs propositions de loi, leurs productions parlementaires, leurs questions et même leurs vacances. C’est d’ailleurs sur la base de ces données qu’a lieu le premier coup d’éclat de Regards citoyens, en janvier 2010. « Depuis juin 2009, le règlement de l’Assemblée impose la présence des députés aux commissions du mercredi matin sous peine de sanctions. Nous avons alors rendu public le taux de présence ainsi que le montant des sanctions financières qui auraient du être appliquées. » Un rapport qui a fait beaucoup de bruit. Et, en juillet dernier, le collectif a même remis le couvert avec une seconde publication.
L’évolution logique vers l'open data
C’est le chantier lié à NosDéputés.fr qui a progressivement mis Regards citoyens sur les rails de l’open data. « Soixante pour cent de notre travail a finalement porté sur le développement des crawleurs et des parseurs nécessaires à l’extraction des documents, indique-t-il. Il aurait été beaucoup plus simple d’accéder à des données brutes, quel que soit leur format (XML, CSV ou JSON). »
Regards citoyens prend alors conscience de la difficulté d’exploiter les données publiques. Ses membres lancent en novembre 2010 le site NosDonnées.fr, qui référence des silos d’informations publiques déjà disponibles, au même titre que Data Publica, et bientôt EtatLab, le portail national lié à l’open data, dont la date de lancement reste cependant inconnue.
Surveiller les lobbyistes de l’Assemblée
Prochain service de NosDéputés.fr : la cartographie du lobbying exercé auprès des parlementaires, en récupérant, dans les annexes des rapports de l’Assemblée, le nom des personnes auditionnées. Certes, les groupes d’influence s’activent avant tout dans les couloirs, mais ils s’expriment également lors des auditions, au demeurant très nombreuses. « Nous avons ainsi récupéré 18 000 noms de personnes auditionnées depuis mai 2007. C’est grâce au crowd sourcing que nous avons pu qualifier ces noms. En dix jours seulement, chacun a été associé à une organisation et une fonction. »
Cette nouvelle base permettra de savoir qui est entendu et sur quoi. Le collectif se livre en ce moment à un travail de catégorisation des différents acteurs (syndicats, ONG, entreprises privées, administrations…). Les premiers résultats seront visibles dès la fin février.
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