Consommation Électrique : lutter contre le réchauffement informatique
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Alimentation des baies, coût énergétique, dissipation de chaleur... La généralisation des équipements à haute densité oblige à revoir les infrastructures d'hébergement.
Ça chauffe dans les salles informatiques et la facture électrique brûle. ' Aujourd'hui, le coût énergétique représente moins de 10 % du budget informatique, mais il pourrait dépasser les 50 % dans
quelques années '. A l'évidence, les conseils d'administration demanderont bientôt des comptes à leurs DSI. C'est du moins la conviction de Rakesh Kumar, directeur de recherche chez Gartner. L'analyste constate une croissance
phénoménale de la consommation électrique dans les centres de calcul, tandis que le coût du kilowatt pour entreprises ne cesse de grimper. Plus grave, cette voracité énergétique pourrait entraîner l'arrêt inopiné de serveurs.
' La multiplication des déploiements de serveurs à haute densité a entraîné de nombreux problèmes d'alimentation et de refroidissement dans les salles informatiques '. Depuis, le pompier-analyste
sillonne le monde entier pour secourir les centres de calcul en surchauffe. ' L'électricité nécessaire à une baie de serveurs lames peut représenter 10 à 15 fois la consommation d'un rack de serveurs classiques. Or, les
centres de calcul, qui ont été construits il y a cinq à dix ans, ne peuvent répondre à ce besoin, sans même compter les besoins de refroidissement '. De fait, APC estime que 70 % d'entre eux devront être remis à niveau
d'ici à 2009, afin d'accueillir les nouvelles générations de serveurs.En attendant, les serveurs à haute densité déçoivent les utilisateurs ayant trop vite reposé leur calculette. ' La consommation électrique suit la même progression que la puissance de calcul, estime
Stéphane Duproz, directeur général de l'hébergeur Redbus France. En revanche, on ne peut pas remplir les salles dont les capacités électriques et de refroidissement ne suivent pas. ' A l'économie de gain de place,
il faut retrancher le surcoût de la salle mal exploitée ou de la facturation particulière de l'hébergeur. Par exemple, Redbus a dû créer une salle sur mesure pour un client disposant de 40 baies de serveurs lames de 8 kW chacune. D'ailleurs, un
nombre croissant de DSI lui demande des études approfondies de ce type. Mais à l'échéance de deux ou trois ans, Stéphane Duproz ne conseille pas de se précipiter sur les serveurs lames. ' Après 2004-2005, les clients ont
commencé à franchir le seuil de 2 kW par baie, soit l'alimentation maximale de notre facturation standard au mètre carré. Mais depuis cette année, nombre de clients reviennent à des serveurs de plus faible
consommation ', dit-il. Dans l'ensemble, les hébergeurs ne jouent pas la surenchère à la densification. Ainsi, le récent appel d'offres d'une banque pour héberger 60 châssis de serveurs lames n'aurait pas trouvé de réponse
sur la région parisienne.Chez l'hébergeur d'applications Internet Fr, les serveurs lames ne remportent pas plus de succès. ' A puissance de calcul égale, ils coûtent 5 % plus cher que les serveurs classiques, alors qu'ils
n'apportent pas grand-chose en termes de fonctions ', estime Frederick Coeuille, directeur technique. En outre, certaines baies de serveurs lames dépassent la tonne et ne peuvent pas être entreposées dans des bâtiments de
bureaux. ' A vouloir essayer, un concurrent a vu son rack passer à travers le plancher !, se souvient l'hébergeur. En fait, ce type d'offres convient mieux aux utilisateurs finaux qui souhaitent
rassembler leurs applications en interne et qui ne disposent pas de centre de calcul adapté '.
Les solutions de refroidissement se multiplient
' Les constructeurs ont peu insisté avec leur offre de serveurs lames ', confirme Patrick Aisenberg, directeur technique de Linkbynet. L'infogéreur, spécialiste de l'e-business, préfère
se concentrer sur la virtualisation de ses systèmes plutôt que d'essayer de gagner de l'espace. C'est aussi le conseil de Rakesh Kumar aux responsables de centres de calcul, avant d'envisager tout nouvel achat de serveurs. Ensuite, plusieurs
solutions atténuent les faiblesses des serveurs à haute densité. Préférés pour leur puissance, leur facilité de câblage et leur simplicité d'administration, les serveurs lames améliorent désormais leur consommation d'énergie. Et pour cause,
' 50 % des appels d'offres en serveurs lames comportent des caractéristiques de consommation et de dissipation de chaleur ', estime Arnaud Jannin, chef de projet Proliant chez HP.Il est intéressant de suivre les progrès des fondeurs dans ce domaine. ' Les processeurs Opteron d'AMD ont besoin de 20 % d'énergie en moins que leurs équivalents Intel ', estime
Gartner. Qui note aussi que la consommation fait désormais partie des critères d'Intel pour le développement. ' Il a rattrapé son retard en termes de consommation du processeur, mais pas pour le contrôleur qui reste externe,
ni pour la mémoire ', note cependant Arnaud Jannin.Autre tendance, les solutions de refroidissement à installer dans les salles informatiques se multiplient. Notamment, les baies réfrigérées à l'eau glacée ou avec un liquide réfrigérant qui permettent d'aménager une zone de haute
densité dans un coin de la salle. A défaut, les serveurs à haute densité peuvent être espacés ou disposés en alternance avec des équipements de faible consommation. Pour leur part, les constructeurs développent des logiciels de régulation de
l'alimentation électrique et de refroidissement pour gérer la consommation d'énergie et la performance des serveurs. ' Notre outil Power Regulator adapte la puissance du processeur à la charge de travail, sur l'ensemble d'un
châssis de lames, explique Arnaud Jannin. La consommation électrique et l'échauffement (BTU) sont des mesures remontées grâce à notre outil de reporting Power Meter '.Enfin, les directions informatiques qui souhaitent construire un nouveau centre de calcul devront retenir les solutions les plus modulaires possibles afin d'ajuster leurs coûts à leurs besoins réels. Dans ce domaine, l'architecture
InfraStruXure d'APC compte parmi les plus évolutives. Et selon la récente annonce de rachat par Schneider Electric, elle devrait former le nouveau leader mondial de l'énergie sécurisée aux côtés de MGE UPS.b.mathieux@01informatique.presse.fr