Contributions non virtuelles
Le paradoxe de Solow nous colle aux baskets (pardon pour la trivialité) ! ' Je vois des ordinateurs partout, disait le prix Nobel d'économie 1987, sauf dans nos indicateurs de
croissance. ' Jean-Pierre Chamoux nous rappelle dans ce numéro (p. 67) que le calcul du PIB souffre des critères de définition retenus. Aux Etats-unis, souligne ce professeur (Paris V), les comptables officiels, piqués
au vif par Solow, ont pris en compte la valeur de l'investissement logiciel dans leurs statistiques. Ce qui n'est toujours pas le cas en France, où le modèle se calque indécrottablement sur les productions manufacturière et industrielle, lesquelles,
insiste Jean-Pierre Chamoux, se réduisent pourtant ' comme peau de chagrin '. L'apport des services et du commerce, prépondérant dans notre économie, n'étant pas très bien reflété par ce miroir flou, la
quote-part revenant aux systèmes d'information dans la création des richesses reste très imprécise. Partant, le travail des responsables informatiques reste sous-estimé.Deux éléments peuvent modifier la donne. Le premier, qui émerge, sans pour autant être tout à fait nouveau, est la question du capital immatériel de l'entreprise. L'intérêt de la démarche semble tout de même d'autoriser une
modélisation et une mesure de la valeur créée par l'informatique. On lira avec profit sur ce sujet l'ouvrage co-écrit par Georges Epinette, Dosi du groupement des Mousquetaires et le professeur Amhed Bounfour (Paris-Sud 11).La montée de la gouvernance contribue également à apprécier le travail du DSI. A en croire les plaisantins, elle sert peut-être ' à rassurer l'actionnaire '. Mais une floppée de livres
blancs et d'études de cas rend justice au travail accompli. A force d'' d'alignement ', de ' gestion de risques ', d'' orientation
client ', et autres ' performances opérationnelles ' évaluées dans tous les sens, force est aux directions générales de constater que le c?"ur du réacteur de l'entreprise est
occupé par des systèmes d'information, équipage compris. Peut-être leur reste-t-il juste à daigner effectuer une petite visite, de temps en temps...Toujours dans les bonnes feuilles, signalons l'ouvrage de Michel Volle (rubrique livres, p. 71) Constatant que des économistes ont mis en doute l'efficacité de l'informatique, l'auteur ironise : si elle est inefficace,
autant la supprimer. Mais du même coup, les entreprises cesseraient d'exister. Stop, donc, à l'utilisation imprudente de la statistique, et place aux expériences ! C'est à bon droit, relève l'auteur, que la presse informatique publie des
success stories. Mais les ' failures stories ' seraient plus instructives, déplore-t-il aussitôt. ' Elles ont même un comique qui réveille l'attention. '
Dans les églises romanes, a-t-il constaté, les mosaïques représentant l'enfer sont plus mouvementées, plus intéressantes que celles évoquant le paradis, ou, à en croire ces chapitres de pierre, on s'ennuie finalement terriblement. Nous, les
tourments du système dinformation, on en veut bien dans nos pages. Qui commence ?