Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
Les multifonctions ont le vent en poupe. L'union copie/impression colle aux besoins de centralisation des opérations et de maîtrise des coûts.
Les argumentaires du monde de l'impression empruntent désormais à celui des serveurs. On y parle rationalisation des équipements, maîtrise des coûts, administration centralisée, traçabilité des opérations... L'explosion des
ventes de systèmes dits multifonctions (ou MFP) traduit ces nouvelles exigences qui pèsent sur l'édition bureautique. Ces appareils centralisent sur une même plate-forme (une base copieur ou imprimante) quatre grandes fonctions : impression,
copie, fax et scanner. Le concept n'est pas nouveau, mais il a fait fureur en 2005. Selon le cabinet Infosource, le nombre de MFP vendus l'an dernier en France a progressé de plus de 25 %. Le cabinet Gartner table, lui, sur un triplement des
ventes en Europe entre 2005 et 2010.
Une même approche, des stratégies différentes
Les entreprises cherchent à centraliser leurs éditions en vue de réduire les coûts de maintenance, mieux contrôler l'origine des flux d'impression, et rationaliser au maximum le parc des machines. Le MFP apporte la meilleure réponse à
cette problématique. Les champions de l'imprimante, comme HP, le reconnaissent d'ailleurs : l'avenir appartient au MFP. C'est donc sur ce segment que s'affrontent des constructeurs issus de deux mondes bien distincts : les fabricants
d'imprimantes, désormais ouverts à la copie ; et les vendeurs de copieurs, maintenant connectés au réseau. Leurs approches de la centralisation varient selon leur origine. Poussée à l'extrême chez Xerox ou Canon, historiquement spécialisés dans
le haut de gamme des copieurs. Moins prononcée chez HP ou Ricoh, deux gros fournisseurs d'imprimantes.La récente percée des MFP s'explique aussi par le fait qu'ils concentrent les besoins en impression couleur. Les ventes de multifonctions couleur en France ont crû de 67 % en 2005 ! Un chiffre à relativiser, les volumes
étant faibles (moins de 50 000 unités vendues, soit six fois moins que de MFP monochromes). Cette hausse subite est à mettre au crédit de constructeurs tels HP ou Epson, qui ont cassé les prix en lançant des modèles d'entrée de gamme ne
traitant que le format A4. A cela s'ajoutent les ventes de copieurs ' couleur occasionnelle ', qui surfent sur le succès de 2003. Il y a trois ans, en effet, Xerox, Canon et Ricoh ont greffé un module
couleur sur certains de leurs copieurs monochromes de milieu de gamme. Ces machines hybrides couvraient les besoins de l'impression couleur bureautique (avec une qualité moindre que celle des copieurs 100 % couleur) tout en étant au prix de
leurs homologues monochromes. En 2005, Canon s'est renforcé sur ce segment, et Kyocera s'y est littéralement engouffré. A noter que, contrairement au monde monochrome, la percée des MFP couleur n'empêche pas les imprimantes laser couleur de
progresser très fortement (+ 38 %).
HP se frotte aux fabricants de copieurs
La poussée des multifonctions doit beaucoup au succès de HP en entrée de gamme. Et en particulier au Laserjet 4345, lancé en novembre 2004. En à peine plus d'un an, ' 13 % des MFP vendus en Europe l'ont été
par HP. C'est beaucoup sur un segment où la part de marché du leader, Canon, s'établit à 21 % ', commente Cécile Drew, analyste chez Gartner. Selon Infosource, HP est d'ailleurs le seul avec Brother à accroître ses parts
de marché. Au détriment de Canon, Ricoh ou Xerox. Même si ces derniers voient leurs placements augmenter fortement. ' Dans un premier temps, HP a poussé ses clients à migrer vers ses MFP A4 monochromes. En 2006, ils se sont
aventurés au-delà de leur parc, et nous les rencontrons de plus en plus souvent, indique Stéphane Bonnaud, directeur marketing Office chez Xerox. HP n'a cependant rien grignoté du parc détenu par les fabricants de
copieurs. 'La réussite du champion de l'impression dans les MFP est liée autant à la qualité des machines qu'à la capacité de ses partenaires à les vendre. Car les MFP exigent un niveau élevé de maintenance et une maîtrise de la facturation à la
page.HP a donc dû former ses revendeurs informatiques à la prestation de services. Mais il lui a fallu aussi s'allier aux distributeurs bureautiques, spécialistes du monde de la copie. ' 40 % de nos ventes
proviennent désormais du réseau bureautique, rapporte Jacques Rozenblum, directeur marketing solutions d'impression chez HP. C'est le résultat d'un programme que nous avons lancé fin 2004 avec ces nouveaux partenaires. Nous en
comptons déjà une cinquantaine. 'Dernier catalyseur des ventes de MFP : les services d'impression. Dès qu'ils le peuvent, les constructeurs accompagnent leurs MFP de prestations pour rationaliser le parc de l'entreprise. Les petites imprimantes disparaissent
pour de plus grosses. Et la facturation s'établit sur la base d'un coût à la page unique, valable pour le parc entier. Les entreprises gagnent ainsi en visibilité sur leur volume d'impression. Et lorsque les machines sont outsourcées, le client n'a
plus aucune charge d'entretien. ' La plupart des gros contrats d'outsourcing se jouent sur le terrain des multifonctions ', précise ainsi Jacques Rozenblum. D'autant que les MFP, avec leur scanner,
répondent aussi aux besoins de dématérialisation. Ce qui entraîne des prestations de services supplémentaires : alimentation de référentiels de gestion de contenu, traitement du courrier, routage des flux documentaires...
Les fabricants se dotent d'une entité services
En matière de services, les grands noms du MFP s'inscrivent tous dans le sillage de Xerox, dont l'entité XGS fait référence. Ainsi Ricoh a-t-il monté, il y a un an, son entité services, Risys. Elle intervient dès que la prestation
implique plus d'une trentaine de machines. Avec des résultats concluants, puisqu'elle a décroché des contrats avec Airbus, Arcelor ou Volkswagen. HP n'est pas en reste. Avec sa structure IPG Services, créée il y a six mois, le constructeur a pris la
main sur les parcs de Dassault Aviation et de KPMG. Même moins avancés, tous les autres constructeurs affichent la même stratégie.Les MFP ont beau décoller, leur adoption en entreprise n'en reste pas moins soumise à deux conditions. D'une part, la bonne collaboration entre le service des achats, habitué à gérer les copieurs, et celui de l'informatique, en charge
des imprimantes. D'autre part, la mise en place d'une conduite du changement. La centralisation des impressions bouleversant nécessairement les habitudes des utilisateurs.v.berdot@01informatique.presse.fr
Votre opinion