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Le haut débit est incontournable pour une offre de services à forte valeur ajoutée. Qu'en est-il des deux technologies phares ?" la paire de cuivre et la fibre optique ?" pour raccorder l'abonné, alors qu'elles
évoluent vers un même compromis performances?"coût ?
Par Christian Crickx, président du directoire d'Avilinks' Les technologies xDSL sur la paire de cuivre téléphonique amènent plus de débit, mais avec des équipements de commutation au plus proche de l'abonné. La fibre optique trouve, quant à elle, une voie de démocratisation
avec la solution Passive optical network, ou PON, qui divise les coûts d'installation, mais également les performances. Manifestement, les deux supports physiques en lice tentent de combler leurs défauts respectifs en puisant
dans leurs points forts. Les compromis obtenus sont-ils satisfaisants ?À l'origine, la technologie ADSL proposait des débits allant jusqu'à 8 Mbit/s vers les utilisateurs (sens descendant) et 800 kbit/s vers le réseau (sens montant). L'ADSL2+ permet, lui, jusqu'à 24 Mbit/s dans le sens
descendant et 3 Mbit/s dans le sens montant. Tout dernièrement, le VDSL2 autorise jusqu'à 100 Mbit/s dans les deux sens de transmission. Mais, qui dit vitesse dit contrainte de distance. Le VDSL2 n'est justifiable que lorsque l'abonné est
situé à moins d'un kilomètre des DSLam de l'opérateur.
Une course aux débits... très marketing
Le slogan ' 50 Mbit/s pour tous ' n'est donc envisageable qu'avec des DSLam répartis en pieds d'immeubles, ou en armoires de rues pour les zones pavillonnaires. Ce qui entraîne une
redistribution des équipements actifs et l'utilisation d'une nouvelle génération de microDSLam durcis. En matière d'optique, une technologie de partage d'une même fibre entre plusieurs utilisateurs devient mature. Elle est basée sur un principe
asymétrique : le commutateur central diffuse les informations demandées à l'ensemble des destinataires (jusqu'à 32), et chacun d'entre eux se voit attribuer un ' temps de parole ' dans le sens
montant. Chaque destinataire est raccordé à la fibre principale par des multiplexeurs optiques passifs, ce qui en facilite l'installation. La généralisation de cette technologie dans les réseaux optiques a été freinée par une longue discussion
concernant l'emploi d'ATM (A-PON) ou celui d'IP (G-PON), et par une non-standardisation qui a posé des problèmes d'interopérabilité. Les débits proposés n'atteignent ' que ' 32 Mbit/s en moyenne
par utilisateur, performance comparable à la technologie VDSL2.Entre les offres actuelles des opérateurs rivalisant sur le thème du ' encore plus de débit ' et les perspectives de besoins anticipées dans les dix à quinze ans à venir, les chiffres
abondent... Faisons le point : on est passé d'un débit moyen de 120 kbit/s par utilisateur en ADSL (lien de raccordement des DSLam à 120 Mbit/s utiles pour 1 000 utilisateurs) à 1,6 Mbit/s en ADSL2+ (lien à
800 Mbit/s et 500 utilisateurs). Plus faible qu'imaginé ? Ces performances sont très éloignées des ' débits physiques maximum selon la caractéristique de la ligne ' avancés par les opérateurs.
Elles restent cependant satisfaisantes grâce au multiplexage d'actifs : tout le monde n'utilise pas son accès en même temps. Quoique cela devienne de moins en moins vrai avec les offres multiservices et l'utilisation du partage d'information
(peer-to-peer).Imaginez un match de finale de coupe du monde de football entre la France et le Brésil, diffusé en TVHD à 25 Mbit/s, alors qu'aucun équipement xDSL actuellement installé n'est en mesure de diffuser ce contenu à tous les
utilisateurs qui lui sont raccordés... Alors, quand la capacité prévisible est de quatre flux de vidéo, deux flux téléphoniques et quelques mégabits pour internet, on arrive à un total tournant autour de 50 Mbit/s par abonné. D'où
l'utilisation future de la compression en Mpeg-4 ou WMBroadcast pour réduire ces besoins en débit, et la mise en place de microDS-Lam au plus proche des abonnés pour augmenter les débits et diminuer le partage de la bande passante. Quant à ceux qui
évouent 100 Mbit/s pour le futur, ce chiffre est à rapprocher des 20 Mbit/s actuels où, dans ce cadre, VDSL2 et PON répondent à la demande.Le coût principal d'un investissement en haut débit est généralement lié au câblage. Il faut compter en moyenne 150 euros de génie civil par mètre de câble enfoui sous terre. L'existant est donc primordial en termes de disponibilité
de gaine, de fibre, de paire de cuivre, etc.
Vers un panachage de xDSL et de fibre
Identifions trois options pour diffuser le haut débit jusqu'à l'abonné. D'abord, la vitrine technologique : une fibre est posée jusqu'à chaque abonné, et on utilise le WDM (Wavelength division multiplexing
ou multiplexage en longueur d'onde) en amont pour obtenir une faible contention, c'est-à-dire un débit unitaire proche de la vitesse cible (par exemple 100 Mbit/s). Ensuite le mixage performant xDSL et fibre : on pose une fibre jusqu'à
chaque pied d'immeuble ou armoire de rue, et on utilise localement un microDSLam ADSL2+ ou VDSL2 pour le dernier kilomètre. Le réseau de fibre utilise le WDM pour obtenir un débit moyen par abonné confortable en fonction des services déployés.
Enfin, le mixage à bas coût xDSL et fibre : on utilise la technologie PON pour alimenter les microDSLam afin d'optimiser les coûts. On devra alors manier avec précaution l'allocation moyenne de bande passante par abonné en fonction de l'offre
de services moyenne et du taux d'usage moyen. Mais chaque opérateur dispose en fait d'un réseau hétérogène qui devra puiser dans l'ensemble de ces techniques pour trouver le meilleur ratio image-rentabilité : aux équipements actifs de
télécommunications de montrer leur capacité d'adaptation ! '
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