Dassault Systèmes dévoile enfin sa stratégie cloud

Accord avec Amazon Web Services, App Store, investissements, le premier éditeur de logiciels français fait feu de tout bois.
On attendait ce lancement depuis des mois. Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, avait évoqué cette évolution stratégique lors de Swym, sa conférence développeur, en juin 2010, et l’avait pré-annoncée à 01net en janvier dernier. Le premier éditeur de logiciel français dévoile enfin sa stratégie de cloud computing. Une annonce qui est le fruit d’une longue réflexion interne mais aussi celui de projets menés dans le plus grand secret avec ses clients.
Le mariage difficile du PLM et du cloud computing

Si l'éditeur a pris son temps, c'est que placer le PLM (gestion de cycle de vie du produit), et à fortiori la CAO, dans le cloud suscite encore débat. Ainsi, pour Jim Heppelmann, le PDG de PTC, concurrent américain de Dassault Systèmes, la CAO cloud n’est rien d’autre qu’une « gesticulation marketing ». Rares sont ceux qui, comme le Français Pi3C, proposent des services PLM sur le cloud. Pour les industriels, les enjeux sont majeurs. D’une part, les données manipulées sur les plates-formes PLM sont vitales pour eux : il s’agit de leurs secrets industriels les plus précieux puisque cela concerne le design et les gammes de fabrication de leurs prochains produits. D’autre part, la gestion des accès concurrents et simultanés aux données de CAO de plusieurs gigaoctets présente un certain nombre de contraintes techniques.
La plate-forme V6 exploite les serveurs Amazon
Dassault Systèmes a choisi d’aborder le cloud computing par plusieurs volets. D’une part il a choisi de s’appuyer sur les centres de données et les services web d'Amazon. Il a ainsi porté sa plate-forme V6 sur Amazon EC2 et exploite les capacités de stockage Amazon EBS (Elastic Block Store) ainsi que S3 pour stocker les volumineuses données CAO. La plate-forme Dassault Systèmes sollicite aussi le service Amazon HPC, une autre ressource cloud computing de l’Américain, moins connue qu’EC2, et dédiée au calcul intensif.
Pour gérer ce passage à la plate-forme Amazon, Dassault Systèmes s'est tourné vers une société spécialisée : Outscale. L'éditeur a pris des parts dans cette start up qui doit officiellement démarrer son activité le 11 novembre et dont la vocation est justement d'aider les éditeurs à porter leurs offres sur le cloud computing. Outscale a trouvé en Dassault Systèmes un client de choix.
Un App Store de l’innovation produit

Toutefois, le Français ne s’est pas contenté de porter ses logiciels sur les centres de données d’Amazon. En parallèle de cette annonce, il a en effet dévoilé 3DStore, sa boutique en ligne. Celle-ci a l’ambition de devenir l’App Store Dassault Systèmes. Plusieurs applications y sont déjà proposées, notamment 3DSwym. Il s'agit d'une plate-forme de réseaux sociaux d’entreprise qui reprend les notions, aujourd’hui classiques, des réseaux sociaux : gestion de profils utilisateurs, de communautés, outils de communication instantanée, etc. Toutefois, il ne faut pas la confondre avec Bluekiwi, dont Dassault systèmes est investisseur. 3DSwym se singularise en s’appuyant sur les capacités de sécurisation de contenu d’Enovia, la plate-forme PLM maison. De quoi rassurer les industriels et les entreprises soucieuses de leur propriété intellectuelle, y compris sur les réseaux sociaux.
Parmi les autres applications proposées dans la boutique, on retrouve 3DVIA Studio, 3DVIA Player, 3DVIA Mobile et 3DVIA Shape, les outils 3D grand public de Dassault Systèmes. On y trouve aussi Draftsight, son logiciel gratuit visant à se substituer à Autocad, ou encore Exalead Desktop Search, le moteur de recherche Exalead pour le poste client. Toutefois, point encore de Catia ou de Soliworks dans la boutique, l’éditeur doit aussi songer à protéger son réseau de distribution traditionnel. En revanche, les services collaboratifs en ligne n!fuze pour Solidworks et n!Volve, son Enovia v. 6 dans le cloud sont proposés à la location .
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