Data scientist et chief data officer, ces nouveaux profils qui ont la cote

Lors du salon DataJob, il a été beaucoup question de data scientist et de chief data officer, ces nouveaux experts de la donnée que toutes les entreprises s'arrachent. Mais en quoi consiste leur travail exactement ?
« Le data scientist, c’est un informaticien matheux qui a du sens stratégique » résumait Henri Verdier, administrateur général des données de l’État, lors de l’ouverture du salon DataJob, spécialisé dans le recrutement des métiers de la donnée.
Plus précisément, les data scientists « ont pour rôle de collecter les données et d’appliquer des algorithmes dans une démarche exploratoire qui doit permettre d’avoir des impacts sur l’activité de l’entreprise (cf. analyse du parcours client sur Internet pour proposer des produits ciblés...) » détaille l’Apec dans sa fiche métier « consultant informatique décisionnelle – Big Data ».
Il doit donc avoir une connaissance des enjeux business et pas que techniques. « Il ne se limite pas à collecter et faire des rapports sur les données, mais il les décortique sous plusieurs angles, détermine ce qu’elles signifient et recommande des moyens de les utiliser » décrit IBM sur son site web.
Ces sociétés qui recrutent des experts de la donnée
Au final, il ne s’agit pas que de Big Data. « Parfois il faut du Big Data, du machine learning, et parfois juste un tableur Excel, une règle de trois et de l’astuce » explique Henri Verdier. Aux États-Unis, pour détecter la fraude aux médicaments des pharmacies, au lieu de décortiquer la comptabilité des pharmacies, ils ont par exemple compté les seringues aux abords des pharmacies. En résumé, « il faut sans arrêt se demander de quoi on a besoin, mais aussi avoir une vision stratégique. Savoir quelle organisation on fait, quelle stratégie on fait, quel objectif on vise » explique-t-il.
Lors du salon DataJob, certaines sociétés avaient fait le déplacement pour recruter des experts de la donnée. La Société Générale recrute ainsi des profils junior et sénior sur la modélisation marketing et la modélisation des risques. « Jusqu’ici nous cherchions des profils de statisticiens, plus utilisateur que concepteur de solutions. Maintenant, nous avons surtout besoin de personnes capables de construire des solutions » expliquait Joseph Trojman, directeur stratégie et études banque de détail à la Société Générale. De son côté, Axa recrute dans plusieurs de ses divisions des profils orientés mathématiques et d’autres plus informatiques.
Le chief data officer, un responsable des données bien placé dans la hiérarchie
Autre poste emblématique des métiers de la donnée, le chief data officer n’a rien à voir avec le data scientist. « Dans le premier cas, il s’agit d’avoir une culture transversale du management et de la donnée, dans l’autre, c’est une culture verticale qui est nécessaire » expliquait Gilles Babinet, digital champion de la France à la commission européenne et fondateur de Captain Dash.
Concrètement, le chief data officer (CDO) est responsable des données de son entreprise. « Sa vision doit être portée par le PDG de manière forte. C’est un poste plutôt haut placé dans la hiérarchie » assure Gilles Babinet. Le CDO doit donc avoir une expérience de management, voire de top management. Il doit avoir le sens de la diplomatie et être capable de discuter avec toutes les parties de l’entreprise. « C’est au moins aussi important que d’avoir la maîtrise de la donnée, sinon ce n’est pas possible de prendre des décisions structurantes pour l’organisation » explique Gilles Babinet.
Cas d’école : les missions du chief data officer de l’État

Henri Verdier a, par exemple, été nommé en septembre CDO de l’État, littéralement directeur des données. Pour lui, l’un des problèmes principaux à résoudre est la non-circulation des données. « La ministre du Logement n’a ainsi pas les prix de l’immobilier en temps réel » illustre-t-il.
Pour permettre le partage des données, il faut changer l’architecture des systèmes d’information, mais, aussi, effectuer un travail administratif, voire juridique, pour savoir quelles données peuvent être partagées avec qui. « On ne peut pas mettre en place une data driven strategy (stratégie guidée par la donnée) si on ne commence pas par donner l’information brute à celui qui en a besoin. Dans une organisation, il faut commencer par vérifier que les gens ont les données de leur responsabilité et les responsabilités de leurs données », explique-t-il.
Le CDO de l’État a, de fait, profité du salon DataJob pour détailler les missions qui lui ont été confiées. Il doit notamment faire naître et prospérer la culture des data sciences dans l’État pour apprendre à régler les problèmes par des data driven strategy. L’État et les administrations devraient ainsi recruter à l’avenir des data scientists
Enfin, il devra engager un combat culturel pour que les politiques et les décideurs reviennent aux faits, prennent l’habitude de faire des études d’impacts sérieuses et s’intéressent aux moyens de vérifier en temps réel le succès de leurs décisions. « La culture trop faiblement factuelle, trop faiblement scientifique est partout, et c’est l’un des problèmes des organisations qu’il faut combattre », ajoute-t-il.
Vidéo 01Business : La chasse aux data scientists est ouverte !