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Soucieuses de réduire la part de formation en présentiel, les entreprises expérimentent de nouvelles méthodes d'apprentissage, comme l'e-learning et les serious games. Si des DSI s'intéressent à ces techniques, les plus nombreux restent convaincus qu'elles ne vont pas dans la bonne direction.
De nouvelles pratiques révolutionnent l'apprentissage
“ Aujourd'hui, les entreprises souhaitent industrialiser la formation pour toucher le plus de personnes possibles, tout en l'individualisant. Pour cela, elles construisent souvent des parcours personnalisés, en mixant les différentes modalités de formation. Elles réfléchissent notamment, depuis quatre ans, à la manière d'intégrer les nouvelles technologies ”, explique Julien Levert, directeur général de Bernard Julhiet Talent Management, spécialisé dans le développement des compétences et du leadership chez les cadres. Première tendance lourde, le développement du e-learning ou plus précisément du blend learning (qui allie deux modes d'apprentissage, en classe et à distance ? NDLR). Dans ce domaine, les entreprises ont tranché : pas question d'abandonner les stagiaires devant leur ordinateur. Elles leur proposent des cours en ligne ? en complément de la formation traditionnelle. Depuis trois ans, Grenoble Ecole de Management, par exemple, intègre dans ses Mastères spécialisés (des cursus de quinze mois destinés aux managers) une préparation du présentiel à travers l'e-learning. “ Les stagiaires y acquièrent les fondamentaux du management en ligne. Du coup, les journées de classe s'avèrent très denses. On y aborde des cas réels proposés par les entreprises, afin que les élèves assimilent mieux les connaissances ”, assure Pascal Lefort, responsable de la formation complémentaire de l'école. Les sociétés mettent à leur disposition des ressources variées (vidéo, audio, podcasts…), via l'e-learning. L'éditeur Crossknowledge propose, par exemple, des interviews d'experts réputés dans le management, de professeurs de grandes écoles, mais aussi de grands patrons d'entreprises qui racontent leur vécu.Seconde grande tendance : les serious games. Ces jeux sérieux suscitent l'intérêt des entreprises. “ Je pense que de plus en plus de formations intégreront cette démarche, car la nouvelle génération, qui constituera la majorité des futurs utilisateurs, sera très sensible à ce type d'approche et d'interface. Ainsi, ma fille de 14 ans s'est mise très rapidement au logiciel de CAO Google Sketchup, par analogie à l'utilisation des jeux Simcity et Les Sims ”, raconte Henri Pidault, DSI de la Compagnie des Alpes (CDA).
Mettre en situation le stagiaire
Une évolution que confirme David Guillocheau, directeur associé de Talentys, cabinet de conseil en ressources humaines. “ Nous avons très souvent recours aux serious games, car leur mise en situation réaliste et leur aspect ludique aident les apprentis managers à s'immerger. Ils leur offrent en prime la possibilité de pratiquer les exercices sans limite. Or l'apprentissage du management a besoin de temps et s'appuie sur les retours d'expérience ”, analyse-t-il.Reste que dans la pratique, les entreprises émettent encore de nombreuses réserves sur ces nouveaux outils. Marc-Noël Fauvel, DSI de la mairie de Rueil-Malmaison, n'est pas sûr que le serious game évolue dans le bon sens : “ Des mises en situation virtuelle et réelle sont très différentes. Dans le premier cas, on encourage un comportement qui peut s'avérer calculé, entraînant donc des relations déshumanisées ”, estime-t-il. De son côté, Guillaume Ors, DSI de la ville de Clichy-la-Garenne, juge cette méthode d'apprentissage “ moins rébarbative qu'un cours magistral ou qu'un livre (ou e-book). Mais le développement de cette solution coûte cher, et le retour sur investissement, ou son efficacité vis-à-vis des solutions traditionnelles, reste à démontrer. ”
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