Débat présidentiel : les syndicats patronaux montent au créneau

Interpellé par Syntec et le Medef, toujours plus désireux de libéraliser le numérique, l'UMP a fait valoir son bilan, le PS s'est montré plus réservé.
Trop de timidité, trop de taxes, pas assez de libéralisation… Lors du débat organisé hier par l’EBG (Electronic Business Group) sur le volet économie et entreprise du numérique, les organisations patronales sont restées fidèles à elles-mêmes, en faisant valoir leurs marottes habituelles. Le Medef et Syntec ont en effet interpellé les politiques présents (la député Laure de La Raudière et Fleur Pellerin, respectivement en charge du numérique pour l’UMP et pour la campagne de François Hollande), sur le retard accumulé par les entreprises : « Dans toutes les études qui sont faites actuellement, la France se situe dans le peloton de tête du haut débit, mais reste en queue sur les usages économiques d’internet et du numérique », se désole Guy Mamou-Mani, président de Syntec numérique.
La création d'emplois entravée

Globalement, les deux syndicats considèrent que rien dans l’environnement numérique n’est propice à la création d’emploi et au développement de l’activité. Syntec met en cause les taxes, trop importantes, qui interdiraient le versement de gros salaires. Taxes qui empêcheraient également la création de dizaines de milliers d’emplois et qui seraient responsables du recours massif d’ingénieurs étrangers par les start up.
Le Medef regrette l’absence d’un système diversifié capable de financer la croissance. Philippe Lemoine, président du comité économie numérique du syndicat, évoque ainsi « des entreprises qui prennent des risques avec un business modèle nouveau, et qui ont besoin de fonds propres. Elles doivent tenir jusqu’au moment où elles atteignent le point mort. »
Dix lois en quatre ans
Face à ces revendications, Laure de La Raudière fait logiquement valoir le bilan de la majorité présidentielle. « La mesure du numérique a été prise récemment. Au moins dix lois ont été promulguées sur ce sujet ces quatre dernières années. C’est bien la preuve qu’il est déjà bien présent dans le débat parlementaire », indique-t-elle, tout en rappelant, à propos de la création d’emploi, que quatre milliards et demi d’euros correspondant aux investissements d’avenir ont été consacrés au numérique.
Quant aux jeunes talents préférant la Silicon Valley à la France (autre stigmatisation des syndicats patronaux), Laure de La Raudière met en avant un argument lui aussi bien connu : le problème culturel. « Il nous faut développer une culture du risque en France. Aux Etats-Unis, on peut monter une boîte, se planter, recommencer et ainsi de suite jusqu’à la réussite. Cela passe certainement par des changements au niveau de l’Education nationale et du message que l’on fait passer aux jeunes. » Enfin, pour favoriser l’innovation, elle insiste sur la neutralité d’internet (à laquelle elle a consacré un rapport avec la député PS Corinne Erhel). L’idée étant que l'accès aux infrastructures reste ouvert à tous et que la bande passante ne soit pas accaparée par quelques mastodontes du web au détriment des petits acteurs. Ou encore sur la formation : « On ne forme pas assez d’ingénieurs informaticiens en France. Il faudra réadapter les programmes des universités. »
PS : un programme encore flou
On regrettera de ne pas en savoir beaucoup plus sur les orientations de la porte-parole numérique du candidat PS. A sa décharge, n’étant pas aux affaires, Fleur Pellerin ne pouvait s’appuyer sur un bilan numérique. Mis à part l’évocation des Green Tech comme gisement d’économies, elle est restée dans la contestation. En stigmatisant, par exemple, l’empilement de taxes pour les fournisseurs d’accès à internet ou les dérives financières des gros projets conduits sous la majorité actuelle (Chorus et Copernic). Ou en pointant le retard sur nos voisins en matière de commerce électronique. « En Europe, la part des entreprises française dans l’e-commerce n’est que de16 % contre 22 % en Allemagne et 33 % au Royaume-Uni. »
Des positions bien trop radicales
Mais on regrettera surtout certaines positions radicales prises au nom du libéralisme et de l’urgence à développer le numérique. Comme celle de Thierry Solère, vice-président du conseil général des Hauts-de-Seine spécialisé dans le très haut débit (UMP), qui a comparé la Cnil à un « verrou ». Ou encore celle de Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique, qui pointe le manque de courage des politiques. Lesquels refuseraient la dématérialisation à grande échelle en raison de la centaine de milliers d’emplois qu’elle détruirait. « Il faut accepter à court terme d’être impopulaire. Et je veux bien reconnaître qu’avec un programme comme celui-là, je ne pourrai jamais me faire élire comme Président de la république », ironise-t-il. C’est peut-être mieux ainsi.
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ci-devant syndicaliste
Dans le numérique, on trouve de tout.
Un peu comme la Fonction Publique.
Des consultants de bons ou de très bons niveaux et des prestataires de services loués pour une poignée de cerises pour faire "tourner l'informatique" des entreprises clientes.
La preuve nous l'avons maintenant ! Les grosses boites d'intérim veulent adhérer à Syntec...pour continuer à faire du fric! La grille des salaires proposée par Syntec n'est pas attractive pour les hauts potentiels...A qui la faute, pas au gouvernement en tout cas! -
ex_altran
Si les SSII doivent recruter des etrangers, c est certes a causes des salaires pas terrible mais aussi a causes des perspectives.
Qui a envie de travailler pour un marchand de viande ?
personne!
Chez Syntec ils devraient se demander pourquoi avec le meme salaire (voire moins) une entreprise "normale" peut recruter mais pas eux
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