Avec sa dernière idée de bulletin de salaire électronique, Bercy enfonce le clou de la dématérialisation. Après la téléTVA, les déclarations sociales en ligne et les marchés publics sur internet, toutes les entreprises s'intéressent à
cette annonce du ministère du Budget. Elle figure dans le projet de loi sur la simplification administrative, qui sera discuté au Parlement cet automne, pour une application en début 2007. Les DRH espèrent réaliser une économie annuelle de 192
millions d'euros en envoyant par courriel aux salariés les bulletins de paie en format standard de type PDF/A. Sous réserve, bien sûr, d'avoir configuré leurs logiciels, adopté une signature électronique, sécurisé leurs processus, prévu un
archivage... et aussi changé d'organisation.C'est là que le bât blesse. Comme pour la facture électronique, le CV par courriel ou les marchés publics en ligne, la réduction du volume de papier implique aussi moins de dépenses d'impression et d'expédition, une simplification du
stockage et de la recherche, mais surtout la remise en cause des flux et du fonctionnement interne du service. Le dernier frein à lever avant le boom attendu de la dématérialisation.
D'ici à 2008, le courriel aura supplanté le courrier
La croissance accrue des principaux acteurs en témoigne.
' C'est un marché soutenu, mais très éclaté, décrit Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess International,
où
prédominent plus de 40 prestataires cités spontanément. ' Des acteurs aux profils très variés : éditeurs, SSII, opérateurs de plates-formes ou en EDI, spécialistes de la sécurité, tiers certificateurs... Depuis
2000, à coups d'autorisations législatives, leurs services se multiplient de façon exponentielle. Markess International les a listés dans un livre blanc (prochainement en ligne sur
www.markess.fr). Désormais, 53 % des réservations touristiques (billets, hôtellerie...) s'effectuent sans billet ; idem pour les déclarations fiscales et sociales ; 51 % des
opérations bancaires sont électroniques ; 46 % des plans, catalogues, supports d'échanges sont sans papier ; et 43 % des propositions, devis et courriers commerciaux sont dématérialisés. D'ici à 2008, les modes d'échanges
électroniques vont devenir majoritaires : le courriel supplantera le courrier, le formulaire électronique remplacera son homologue imprimé.L'Administration se place en tête sur toutes les thématiques de la dématérialisation, et particulièrement les ordres et documents financiers, les pièces des marchés publics. Suit le secteur banque et assurance, avec les CV, contrats
de travail, déclarations, actes et procédures juridiques sans papier. Arrive derrière la distribution, avec de nombreux échanges électroniques de commandes et de factures. Ferment la marche l'industrie et la santé, qui fonctionnent avec des ordres,
des bons et des avis techniques envoyés via le net.Les technologies sont au point, les fournisseurs nombreux, et les textes légaux votés, ou en passe de l'être. Seuls tardent à se mettre en place l'accompagnement au changement et l'impact sur le système d'information. Pour aller plus
loin, il faut donc former, sensibiliser, changer les habitudes, et intégrer de nouveaux usages. De l'avis des experts, cest ce qui prend le plus de temps.
h.derceville@01informatique.presse.fr
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