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L'investissement informatique devrait croître de 3,7 à 4 % par an d'ici à 2009. Une hausse tirée par les directions opérationnelles. Surtout dans les grandes entreprises.
Des dépenses informatiques bien plus ciblées, bien plus maîtrisées, bien plus stratégiques ! Les directions informatiques continuent d'investir., mais avec quelques nuances. ' Les décideurs sortent de la
période de rationalisation et d'optimisation des infrastructures pour se diriger vers des projets liés à la croissance de l'entreprise ', analyse Frédéric Giron, analyste au cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC). En
témoigne l'année 2005, riche en investissements avec une croissance évaluée à 3,4 %, contre 2,5 % en 2004. Les dépenses en logiciels applicatifs (PGI, relation client, chaîne logistique...) se sont accélérées au deuxième semestre
2005. Après trois ans de gel des budgets, les dépenses en matériel poursuivent leur progression entamée en 2004 en raison du renouvellement technologique. Et les besoins en services, conseil, conduite du changement et réalisation de projets
complexes poussent la croissance d'un point. C'est ce que révèle la dernière enquête exclusive 01 Informatique/PAC. Selon cette étude, sur la période 2005-2009, la croissance annuelle des dépenses informatiques en France devrait
être modérée, de l'ordre de 4 %. Mais cette progression ne sera pas uniforme. La part des achats de logiciels et de services continuera de croître dans les budgets informatiques, passant de 37 % en 2003 à 43 % en 2009. Pour la partie
infrastructure et applications, 2004 a été une année de transition. Les entreprises de toute taille ont modernisé leurs systèmes. Et les administrations ont lancé des projets de grande envergure, en utilisant les technologies internet pour
simplifier les relations avec leurs administrés et réduire leurs coûts. 2005, par contre, a été une année tendue ?" forte pression sur les prix ?" et décevante en termes de signatures de contrats d'infogérance.
Les directions métier à la man?"uvre
Différents moteurs tireront les investissements ces prochaines années. A commencer par les directions opérationnelles. ' Les besoins métier sont de plus en plus importants. Avant, l'informatique ne répondait
qu'à une partie de leurs demandes. Aujourd'hui, évaluées par leurs directions financières ou générales, les directions informatiques ont compris qu'il leur fallait s'aligner sur la stratégie des métiers et mieux contrôler leur
budget ', souligne Guy Rimo, consultant chez Compass, en charge de l'outsourcing et de la gestion de la relation achats. Une situation que reconnaît Jean-Marie Sifre, directeur de la communication et des systèmes
d'information de la société Razel : ' Les dépenses sont tirées par nos directions opérationnelles, qui réclament de nouveaux services à valeur ajoutée, de la mobilité et de la performance. ' Son
budget 2006 s'alignera sur le chiffre d'affaires de l'entreprise, soit 2,2 millions d'euros pour 0,6 % du CA. Mais c'est la structure même de la dépense qui va changer, avec des coûts de maintenance en hausse et d'amortissement en baisse.
' Nous ne lancerons pas de gros projets en 2006, hormis ceux de sécurité et de réseau, dit-il. Nos investissements sont liés au développement de Razel. Nous étudierons la possibilité d'externaliser notre réseau pour nous
concentrer sur notre c?"ur de métier. '
L'informatique embarquée, un rôle moteur
Cette prise en charge d'une partie de la dépense informatique par les directions fonctionnelles se double, selon PAC, d'une deuxième tendance : certains usages ou applications joueront un rôle d'accélérateur dans les prochaines
années. En particulier, l'informatique scientifique et l'intelligence embarquée. D'après les cabinets d'analyses, ces secteurs généront de forts investissements : ' Il faut s'attendre, d'ici à cinq ans, à une croissance
exponentielle des objets communicants et des systèmes de contrôle et de pilotage. Ces solutions feront croître les dépenses des directions techniques ', explique Jean-François Perret, PDG de PAC. Des investissements qui, à
leur tour, engendreront une hausse de la demande en services à valeur ajoutée, car les besoins en logiciels et outils exploitant ces systèmes embarqués augmenteront également. Un marché très porteur, donc, pour les SSII et les intégrateurs de
logiciels. ' Des acteurs tels Atos Orign, Thales, IBM, France Télécom ou Capgemini participeront à cette croissance ', ajoute Jean-François Perret.
Reprise dans les grands comptes
Quant à l'écart de dépense entre secteurs d'activité, il est, selon PAC, en baisse depuis trois ans, passant de 10 points en 2003 à 4 aujourd'hui. L'an dernier, victime de la pression des prix, la grande distribution s'est montré la
moins dynamique (3 %). A l'inverse, les télécoms ont affiché la plus forte croissance (6 %). La dépense par catégories d'acteurs économiques évolue elle aussi. D'ici à 2009, les grands comptes, qui représentent près de 38 % de la
dépense informatique nationale, devraient davantage investir que les administrations. ' Les DSI lancent des projets SOA et EAI pour coller rapidement aux nouvelles évolutions, et rendre leurs applications plus
flexibles ', précise Jean-François Perret.Dans le secteur public, les investissements resteront stables. Au Conseil général de la Manche, Pierre Avoine, le DSI, annonce un budget 2006 en légère baisse, de 7 à 8 %. ' Nous avons réalisé de gros
investissements en 2005, rationalisant nos serveurs et nos réseaux SAN, dit-il. Nous aurons besoin de plus en plus d'accompagnement ; nos services administratifs en ligne à haute disponibilité vont s'amplifier dans les prochaines
années. ' Difficile, donc, d'imaginer que le secteur public freinera brutalement ses investissements informatiques. Il restera un marché porteur. Cependant, ' tous les projets sensibles sur le plan
électoral attendront 2007 ', estime Jean-François Perret. Si l'on ajoute à cela des mesures d'économie liées au déficit public, une conjoncture économique peu flamboyante et des fluctuations sur les prix du pétrole, on ne
peut exclure un ralentissement de la dépense des administrations.c.burger@01informatique.presse.fr