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Mettre en ?"uvre des réseaux 802.11 requiert rigueur et méthode. Etudes préalables et mesures in situ sont indispensables à leur installation.
La facilité d'installation d'un équipement sans fil personnel ne doit pas faire illusion. La mise en ?"uvre d'un réseau d'entreprise Wi-Fi 802.11 ne revêt rien de trivial. Alors que ces technologies ont pénétré le monde
professionnel de façon tactique, elles se voient maintenant déployées à grande échelle dans des sites aussi divers que des campus, des hôpitaux, des établissements commerciaux, des usines ou des entrepôts logistiques. Se posent alors clairement des
questions de méthodes d'ingénierie.
L'empirisme n'est plus de mise
Les premières implémentations ont bien souvent été conduites d'une façon empirique, ce qui ne posait pas problème tant que la charge réseau restait limitée. Dès lors que le cahier des charges se fait plus exigeant ?" tant
sur le plan du nombre de clients à gérer que de la disponibilité du réseau ou de sa qualité de service ?", l'approximation n'a plus lieu d'être.Les questionnements relatifs au dimensionnement et à l'optimisation du réseau Wi-Fi dépendent en toute rigueur du niveau de connaissance que l'on possède de la couverture radioélectrique du site de déploiement. Difficile, en effet, de
faire trop longtemps l'impasse sur les conditions environnementales susceptibles de perturber les transmissions sans fil.C'est ce qu'observent les intégrateurs, lesquels sont amenés de plus en plus souvent à intervenir de façon corrective sur des implémentations de première génération. Aussi, dès lors que l'on projette un nouveau déploiement Wi-Fi,
autant procéder de façon méthodique en se basant sur un audit de site.Cette étude de terrain prend un à deux jours pour l'analyse d'un hypermarché ou d'un siège de PME, et jusqu'à dix jours pour un site industriel. Elle vise avant tout à identifier les facteurs d'atténuation ou de perturbation des
signaux Wi-Fi. Et consiste en des relevés systématiques menés avec une borne, un client mobile, voire un analyseur réseau adapté, comme Optiview, de Fluke Networks.On peut même envisager de faire précéder cette analyse de terrain par une étude théorique basée sur les plans de bâtiment, ou bien en exploitant l'un des logiciels de RRM (Radio Ressource Management) que proposent
des fournisseurs Wi-Fi tels que Trapeze Network (RingMaster) ou AirMagnet (Surveyor).Ce type d'outils bâtit des modèles de couverture radio en se fondant sur des données théoriques d'atténuation radio caractéristiques des éléments d'infrastructure du site étudié (parois, mobiliers, équipements).
Les mesures de terrain sont indispensables
On obtient de cette façon une cartographie des zones correctement couvertes, des indications sur la puissance de propagation des signaux et des suggestions quant au nombre et à la répartition des points d'accès.Ce dégrossissage doit ensuite être confronté aux mesures de terrain. L'identification des facteurs physiques susceptibles d'atténuer ou de polluer la transmission des signaux ne coule pas de source. Dans un environnement propre, une
borne 802.11g peut desservir une cellule d'environ 50 mètres de rayon. En pratique, il faut prendre en considération les contraintes de nature applicative, qui poussent à réduire la taille de ces cellules.En ce qui concerne la téléphonie sans fil, Cisco recommande ainsi de limiter la taille des cellules de façon à ce que l'atténuation du signal de la source à la périphérie de la zone couverte ne descende pas plus bas que -67 dBm
(décibel de milliwatt). Par ailleurs, la taille de ces cellules se trouve contrainte par l'intensité du bruit électromagnétique ambiant.D'une façon générale, il est recommandé de travailler avec des ratios de puissance signal/bruit qui ne descendent pas en deçà de 22. En effet, un rapport signal/bruit trop faible provoquera à coup sûr une dégradation des conditions de
transmission et une diminution des débits. La réalité environnementale a de fortes chances de chambouler les modèles architecturaux théoriques.
Des disparités entre les protocoles 802.11
Même dans un contexte bureautique, en principe bien plus propre que les milieux logistiques ou industriels, il ne s'avère pas aisé d'estimer les dégradations engendrées par les murs en béton armé, les faux plafonds bardés de câbles et
de tuyauteries ou les équipements électriques. Or, un mur de béton peut diminuer d'un facteur dix la puissance du signal Wi-Fi qui le traverse, et une paroi métallique ou couverte de miroirs a de fortes chances de réfléchir l'intégralité des
ondes.La disposition des bornes constitue aussi un facteur éventuel de perturbations. Placé trop près d'un angle de pièce, un point d'accès subira des effets de réflexion et de diffraction ondulatoires. Déplacer la borne de quelques
décimètres peut faire varier la puissance du signal de plusieurs dizaines de dBm.L'audit de site peut s'apparenter à une démarche de bon sens. Pour autant, l'on prendra garde à ne faire abstraction d'aucune considération technique. La disposition et le paramétrage des matériels que l'on pourrait déduire d'une
telle étude dépendent tout d'abord du protocole Wi-Fi retenu.Ainsi, 802.11b (11 Mbit/s nominaux et environ 6 Mbit/s en débit réel), de portée plus grande mais de débit plus faible que 802.11g (54 Mbit/s nominaux et environ 24,7 Mbit/s en débit réel) apparaît moins sensible
aux facteurs d'atténuation que ce dernier protocole. En conséquence de quoi, un élément d'infrastructure peu gênant pour les échanges 802.11b risque d'affecter le débit des transmissions 802.11g.On veillera aussi à ne pas surestimer la performance des matériels Wi-Fi. En théorie, les bornes d'accès d'entreprise ne posent pas problème, la plupart pouvant émettre jusqu'à 100 milliwatts (la puissance d'émission maximale
légale en déploiement intérieur).En revanche, pour ce qui concerne les cartes Wi-Fi clientes, l'offre commerciale marque de grosses disparités, tant sur le plan de la sensibilité en réception que sur celui de la performance des algorithmes de décodage. D'où l'intérêt
de conduire l'analyse de terrain dans des conditions défavorables, de façon à éviter toute mauvaise surprise lors de la mise en exploitation.De même, la nature des applications conditionne la façon de conduire son audit. Selon que l'on voudra interconnecter des terminaux de saisie, effectuer de la géolocalisation (avec la nécessité d'une couverture complète), proposer des
services de données à des portables (en accordant la priorité au débit) ou installer la téléphonie sur IP (en assurant une bonne qualité de roaming et un bon ratio signal/bruit), les contraintes du cahier des charges ne seront
pas de même nature. La disponibilité de l'infrastructure Wi-Fi tenant aussi une place importante dans les cahiers des charges, il faut nécessairement en tenir compte lors des phases amont d'un projet.Pour s'affranchir des risques de pannes des bornes d'accès, il s'agit de resserrer leurs points d'implantation ?" en installant quinze bornes là où il n'en aurait fallu que dix ?", mais aussi de les régler à
50 % au plus de leur puissance maximale d'émission. Ceci, de façon à mettre en ?"uvre une infrastructure redondante dans le périmètre de laquelle un poste client pourrait communiquer par le biais d'au moins deux points d'accès. Si une des
bornes tombe en panne, sa charge est ainsi automatiquement reprise par l'une des bornes voisines qui réajuste alors automatiquement son niveau de puissance d'émission.Cette tolérance aux pannes reste délicate à implémenter, car une couverture excessive des cellules peut affecter le trafic Wi-Fi par des phénomènes de collision occasionnant des pertes de bande passante notables. Certes, le Wi-Fi a
été conçu pour répondre à ce problème. La bande de fréquence entre 2,4 et 2,4835 GHz, qui définit en France le spectre 802.11 légalement autorisé, est découpée en treize canaux qui se recouvrent partiellement. Pour éviter que des points d'accès
contigus ne se perturbent mutuellement, il suffit de les régler sur des canaux disjoints.Encore faut-il que ces canaux ne soient pas pollués par l'environnement, que les bornes n'émettent pas à des puissances telles qu'elles pollueraient les canaux des points d'accès voisins et que des canaux libres soient effectivement
disponibles. Certains compromis semblent donc à trouver entre l'idéal du cahier des charges et la réalité de terrain. Le plan de fréquence qu'il faudra établir à l'issue de l'audit de site se révélera crucial pour le déploiement Wi-Fi.