Des délocalisations à la campagne

Mais jusqu'où iront-elles ? Les entreprises indiennes de sous-traitance, qui se sont développées à vitesse accélérée ces dix dernières années, diversifient sans cesse leurs implantations.
Mais jusqu'où iront-elles ? Les entreprises indiennes de sous-traitance, qui se sont développées à vitesse accélérée ces dix dernières années en réalisant la comptabilité ou le service clients des grands groupes occidentaux, diversifient sans cesse leurs implantations. Au début, ces entreprises high-tech, grosses consommatrices d'informatique sophistiquée et de réseaux de télécoms sécurisés, étaient implantées dans de très grands villes : Bangalore d'abord, puis Gurgaon, dans la banlieue de Delhi, Bombay ou encore Hyderabad.
Dans un deuxième temps, les entreprises de BPO (Business Process Outsourcing) ont investi des villes moyennes comme Jaipur, la capitale du Rajasthan, où le groupe français Teleperformance vient d'ouvrir un centre d'appels. Un mouvement qui s'explique facilement, explique un professionnel : « Dans ces villes moyennes, on trouve désormais des infrastructures correctes et une abondante population de jeunes diplômés. » Le tout, évidemment, avec un immobilier considérablement moins cher que dans les grands centres technologiques et des salaires plus raisonnables.
Réduire les coûts, encore et toujours
La vague d'implantations en cours va cependant beaucoup plus loin, au cœur des campagnes, en fait. Ces derniers temps, de nombreuses entreprises de sous-traitance s'implantent en zones rurales, dans de gros villages. La logique de réduction des coûts y est poussée encore plus loin, avec un immobilier à prix dérisoire et des salaires adaptés au coût de la vie dans les campagnes indiennes... Le tout à condition, bien sûr, de viser la sous-traitance d'entreprises indiennes réalisée dans les langues locales, la maîtrise de l'anglais n'étant pas la chose la plus répandue dans les campagnes.
Si les entreprises de BPO, engagées dans une lutte impitoyable pour la baisse de leurs prix, profitent ainsi de coûts réduits, force est de constater que l'implantation de telles activités de services peut faire merveille dans des campagnes où l'emploi est plutôt rare. Même de niveau modeste, les salaires versés par ces entreprises demeurent bien supérieurs à la moyenne des revenus du monde rural.
Et après cette vague d'implantations « paysannes » (la firme spécialisée Ruralshores prévoit à elle seule d'en ouvrir 500 dans les cinq années à venir), sera-t-il possible de faire baisser les coûts encore davantage ? Bon sang, mais c'est bien sûr ! La vague suivante de délocalisation se fera... au domicile des employés. Les premiers tests ont été lancés par Quattro BPO Solutions. Le rêve ! Plus de coûts immobiliers du tout, plus de salaires fixes puisque les employés seront payés à la tâche ! Mais là encore, les réalités indiennes font que ce qui peut ressembler à de la régression sociale caractérisée sera sans doute une bénédiction pour des hommes – et peut-être encore plus des femmes – qui ne peuvent actuellement accéder à un travail organisé.
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