Les analystes sont unanimes.
L'offshore se développera dans les prochaines années. Au profit de destinations émergentes, mais aussi de nouveaux types de prestations et de formes contractuelles
inédites.
Les SSII indiennes se tournent déjà vers d'autres pays
La hausse des salaires dans les pays pionniers redistribue les cartes de
l'offshore. On le voit pour l'Inde : une augmentation annuelle des rémunérations de 10 à 15 % ne peut que nuire, à moyen
terme, à son attractivité. Afin de rester compétitives, les SSII indiennes se sont donc entendues pour appliquer une hausse homogène et modérée des salaires. Pour fidéliser leurs collaborateurs et juguler un turnover d'environ 20 %, elles
actionnent d'autres leviers. Notamment des plans de carrière, une implication accrue des salariés dans la stratégie de l'entreprise, et l'intérêt ou la variété des missions proposées.Les SSII indiennes peuvent également se tourner vers des destinations où la main-d'?"uvre est moins chère. Ainsi, les ténors du service s'implantent aux Philippines, mais aussi et surtout en Chine, en y appliquant les
processus industriels qui ont fait leur succès.Consultant en stratégie et développement
offshore, Nicolas Goldstein observe le même effet dominos en Europe de l'Est, où sont aussi présentes des SSII indiennes comme Infosys et Satyam.
' C'est la Roumanie qui émerge le plus nettement du bloc francophone. Mais on y observe déjà une pénurie d'informaticiens. Et des cabinets de recrutement viennent alimenter les sociétés de services. '
Du coup, la Moldavie commence à lui faire concurrence. Et si la Moldavie devient trop chère, on se déplace en Ukraine, un pays qui, depuis la révolution orange, malmène la suprématie de la voisine russe en pratiquant de plus bas salaires.Au Maghreb, l'Algérie essaie d'émerger aux côtés de la Tunisie et du Maroc.
' Des Franco-Algériens reviennent au pays pour créer leur SSII. Mais leurs salaires font remonter les prix. Les tarifs s'y
alignent donc sur ceux deux pays voisins. 'Et quid des risques géopolitiques ?
' Je n'ai jamais vu un projet bloqué pour des raisons géopolitiques. Le mode de paiement ?" 50 % à la commande, 50 % à la livraison ?"
constitue en soi une assurance. 'Le périmètre applicatif de l'offshore s'élargit
L'offshore ne concerne plus les seules tâches répétitives : codage simple, correction de bogues, migration de bases... Il monte en gamme. Lorgnant, par exemple, le développement complexe, le
paramétrage de PGI, la tierce maintenance applicative, voire la tierce recette applicative. Même la gestion des infrastructures (réseaux, serveurs, centres de données) n'est pas épargnée.C'est la politique des petits pas. Une fois ses procédures et son organisation remises à plat dans l'esprit du modèle CMMI, une entreprise a la possibilité de tester
l'offshore sur une partie d'un projet,
puis élargir progressivement le périmètre. Derrière, les SSII locales se font fort de dimensionner les équipes en un temps record. Selon Syntec Informatique, 40 % environ du marché des services peut être traité en
offshore.La location avec option d'achat séduit de plus en plus
Les pionniers de
l'offshore ont généralement tenté l'aventure accompagnés d'une société de services ou d'une société pivot. Cette phase d'apprentissage passée, Nicolas Goldstein note une tendance à
l'implantation en direct des donneurs d'ordres. A l'image de l'assureur Aviva, qui a jeté son dévolu sur l'Inde.Une solution transitoire consiste à recourir au transfert d'activité opérationnelle, ou BOT
(Build Operate Transfer). Cette forme contractuelle reprend le principe de la location-achat. Une entreprise loue
une équipe de développeurs en
offshore, laissant au prestataire le soin de gérer les hommes et l'infrastructure. A l'issue d'une période probatoire ?" de six mois à cinq ans, en général ?", soit elle continue
en sous-traitance, soit elle monte une coentreprise avec le prestataire, soit elle absorbe la totalité des parts et crée une filiale à 100 %.'
Ce qui limite la prise de risques ', estime Nicolas Goldstein. Par ailleurs, le BOT exonère l'entreprise de l'opération la plus délicate en
offshore. A savoir
la transmission du savoir-faire, qui dure au minimum un an. ' Le BOT savère de plus en plus pratiqué en Inde, mais aussi en Roumanie, où une société comme Kepler a grossi en montant des joint-ventures avec des sociétés
françaises.
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