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Le faible coût des applications open source est à pondérer par la facture de la migration et celle des formations nécessaires. Les avantages du libre sont techniques, le bénéfice financier étant plutôt du côté des logiciels en Software as a Service (Saas).
Bien que l'on puisse réaliser des économies assez significatives lors de l'achat en choisissant l'open source, le calcul du coût total de possession (TCO) n'est pas si évident. Au niveau système, par exemple, l'économie réalisée par l'adoption de Linux sur des serveurs ou des postes de travail est à nuancer. Le système d'exploitation ne représente que quelques pour-cent du prix d'une plate-forme de service, et les modèles de tarification de Microsoft, Red Hat et Suse sont proches.En quelques années, la gendarmerie nationale s'est ainsi lancée dans le double chantier de migrer environ 80 000 postes vers la suite bureautique OpenOffice, puis vers le système Linux Ubuntu. Elle avance comme justificatif une économie de 2 millions d'euros par an. En réalité, celle-ci se révèle modeste (moins de 30 euros par poste) et peut difficilement servir d'exemple aux entreprises qui ne déploient pas autant de PC.Michel Loiseleur, directeur chez Linagora, n'est pas d'accord : “ Certes, une licence Windows pour un poste de travail est relativement peu onéreuse, en moyenne 50 euros par poste pour une durée de vie de cinq ans, ce qui revient à 10 euros par an. Mais un poste doit être branché à l'annuaire, ce qui oblige à payer les licences d'accès client (CALs). Il faut aussi qu'il se connecte au réseau, donc qu'il passe par les coûteuses licences des systèmes serveurs et des logiciels appropriés, facturées au nombre d'utilisateurs. Au final, l'investissement pour un poste de travail peut s'élèver jusqu'à trois fois le prix du matériel ”, analyse-t-il.
L'abonnement à un logiciel Saas moins cher que l'open source
Eric Le Bihan, DSI d'Apria RSA (Réunion des sociétés d'assurances), a une expérience différente : “ Les coûts de maintenance et d'achat des logiciels libres se révèlent moins élevés. Le problème est que leur retour sur investissement se calcule à moyen terme, alors que les dépenses liées (formation pour les utilisateurs, migration des données et des applications pour les serveurs…) sont, elles, à court terme ”, indique-t-il. De fait, les chantiers d'intégration, de réduction de points de blocage, de migration des données et de gestion du changement représentent autant de dépenses supplémentaires lorsque l'on passe à l'open source.“ Finalement, un ERP libre ne s'avère pas forcément beaucoup moins cher, estime Coralie Girardet, directrice commerciale d'Audaxis. Les frais de licences affichés 30 % moins chers servent surtout d'argument aux entreprises pour faire baisser les tarifs des éditeurs de solutions propriétaires. Les sociétés qui cherchent à faire des économies se tourneront davantage vers les logiciels en Saas que vers ceux en open source. ” Selon elle, opter pour des solutions libres reste un choix technique et certainement pas une stratégie budgétaire. Marc Hill, DSI de L&L Products, va dans son sens. Il se félicite que son système SAP sous Linux lui permette, neuf ans après son déploiement, de finalement réaliser des économies substantielles. “ Mais c'est un succès accessoire. Notre motivation de départ n'était pas financière. Nous cherchions juste une solution stable ”, témoigne-t-il.
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