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Un temps considérée comme un gadget, la messagerie sur mobile intéresse désormais les plus grands, tels Nokia et Microsoft. Un marché de plusieurs centaines de millions de terminaux quasiment vierge.
Elle n'est plus l'apanage des cadres branchés. La messagerie sur mobile est devenue, après la téléphonie, le deuxième outil de communication des employés itinérants. Selon Ed Colligan, le PDG de Palm, elle est la fonction type
qui différencie le téléphone évolué (ou smartphone) de l'assistant personnel. C'est sur elle que le Canadien Research in Motion (RIM) a bâti son succès avec le Blackberry. S'il subsistait un doute sur l'ampleur du phénomène, l'observation du marché
suffit pour prouver qu'il intéresse désormais les plus grands. Nokia, leader mondial des téléphones portables, a lancé à la fin 2005 son offre Business Center. Microsoft, lui, avait annoncé, à la mi-2005, sa solution de ' push
mail ', disponible avec Windows Mobile 5 et Exchange Server 2003 SP2.De ce fait, le gâteau s'avère être plantureux ?" les analystes estiment ainsi à 650 millions le nombre de terminaux de messagerie mobile potentiels en 2005. Alors qu'ils ne sont à ce jour que 10 millions. Pour l'instant,
il y a de la place pour tout le monde, et chacun affûte ses armes. Comme souvent, pour répondre à un même nouveau besoin, déjà plusieurs constructeurs sont en lice.
Blackberry affiche ses trois atouts
Honneur au pionnier, RIM. Avec son Blackberry, il a inauguré la formule du ' push mail ' : les messages arrivent au fil de l'eau sur le terminal, sans intervention de
l'utilisateur. L'architecture se compose de trois maillons. Adossé au serveur de messagerie de l'entreprise, le Backberry Server. Il recueille les e-mails reçus sur la boîte aux lettres de l'utilisateur et les envoie vers le deuxième maillon :
le serveur régional, ou Network Operations Center (NOC). Il en existe un par grande région mondiale. Celui qui dessert l'Europe est à Londres. Enfin, le message parvient au troisième maillon, le terminal lui-même. Les messages sont cryptés en 3DES
ou AES, du serveur Blackberry dans l'entreprise au terminal. Seul le corps du message, compressé, est envoyé. Les pièces jointes sont téléchargées à la demande de l'utilisateur. Le résultat est simple : avec un crédit de 20 Mo, le volume
de stockage est presque illimité. Et le rapatriement des pièces lourdes s'effectue vite via l'ouverture des réseaux Edge.Le NOC maintient en permanence le contact avec les terminaux et prend en charge leurs changements d'adresse IP. Il débarrasse ainsi le serveur Blackberry de la gestion des connexions avec les mobiles. Autre avantage de cette
architecture : le pare-feu de l'entreprise n'a qu'une session à gérer, celle entre le serveur de l'entreprise et le NOC. Lorsque ce dernier est absent, il faut ouvrir dans le pare-feu autant de ports que de terminaux. Enfin, le NOC s'interface
avec les réseaux des opérateurs de téléphonie mobile. Une entreprise multinationale ayant des accords avec plusieurs opérateurs n'a donc pas à s'adapter à chacun d'eux.Mais toute médaille a son revers. Le fait que le service Blackberry soit lié à un opérateur réduit le nombre possible de fournisseurs. Ainsi, pour le moment, en France, le Blackberry 8700f, compatible Edge, n'est disponible
qu'auprès de l'opérateur Orange. Autre limitation, le choix restreint du terminal. Certes, il existe des modules logiciels, baptisés Blackberry Connect, pour mobiles Palm OS ou Symbian. Mais les fonctions sont limitées par rapport à celles du
terminal Blackberry. Le succès de RIM suscite l'émulation. Visto lance une solution rivale, mais qui, grande différence, n'utilise pas de terminal propriétaire. Le client fonctionne sur Palm OS, Symbian, Windows Mobile, et sur tout terminal
J2ME.
Nokia et Microsoft adoptent le push IP
Jusqu'alors aux mains de petites sociétés pionnières, la messagerie sur mobile suscite depuis 2005 l'intérêt de grands groupes tels que Nokia et Microsoft. Aucun de ces derniers n'adopte l'architecture à trois maillons. Les
messages passent directement du serveur adossé à la messagerie de l'entreprise au terminal. Il ne s'agit donc plus de véritable push, à l'instar du Blackberry, mais de push IP. Le terminal est contraint de communiquer régulièrement au serveur de
l'entreprise son adresse IP, afin que celui-ci sache où adresser les messages. Avantage : la transmission est totalement indépendante du réseau cellulaire.Chez Nokia, la solution de messagerie sur mobile, annoncée en septembre 2005, se nomme Nokia Business Center (NBC). Au départ, NBC se couple avec Exchange et nécessite sur le terminal un client spécifique fonctionnant sur les
téléphones de haut de gamme du constructeur. En 2006, il s'étendra aux terminaux Java MIDPI 2.0, et NBC sera compatible avec Lotus Notes. Pour élargir la famille des terminaux et des applications compatibles NBC, Nokia a acquis en novembre dernier
Intellisync, un éditeur de logiciels de synchronisation de messagerie et d'applications. Les messages sont tous cryptés. Le ' push mail ' avait été annoncé par Microsoft en juin. Mais il a fallu
attendre la fin de l'année 2005 pour disposer des différentes briques : des terminaux dotés de Windows Mobile 5.0 et Service Pack 2 pour Exchange 2.0, qui contient la fonction MSFP (Messaging Security Feature Pack). Windows Mobile 2003
permettait déjà de synchroniser la messagerie, mais il fallait la programmer. Windows Mobile 5.0 met en ?"uvre le push IP. La synchronisation prend en charge les fonctions d'Outlook (messages, tâches, calendrier et contacts). La solution donne
accès à l'annuaire Active Directory de l'entreprise. Là encore, les échanges sont cryptés.
Le réseau mobile, maillon essentiel
Voilà pour les principales solutions disponibles du marché. Pourtant, ceux qui en détiennent les clés ne sont pas les constructeurs ou les éditeurs, mais les opérateurs de téléphonie mobile. Ils possèdent le maillon
essentiel : le réseau cellulaire. La 2,5G (GPRS) hier, Edge et la 3G aujourd'hui ; et la 3,5G (HSDPA ou High Speed Downlink Packet Access) demain ?" qui promet plusieurs mégabits par seconde de débit.Les performances, la qualité de service et la couverture des infrastructures influent sur la qualité des solutions de synchronisation de messagerie. Courtisés, ces opérateurs imposent leur loi. Jusqu'à définir le type de
terminal auprès du constructeur et exiger ?" au moins pendant un certain temps ?" l'exclusivité du dernier produit sorti. L'exemple de RIM et d'Orange, à l'occasion de la sortie en Europe du 8700f, est significatif. Quelques mois plus
tôt, Visto s'était fait largement l'écho de son accord avec SFR.La messagerie constitue la première étape d'un mouvement plus général, dans lequel entre la synchronisation des applications métier. RIM a entamé la mutation. Nokia l'a prévue dans l'évolution de NBC. Microsoft suivra. En
chemin, ils croisent ceux qui, comme Extended Systems(*) ou iAnywhere (une filiale de Sybase), partent de ces applications et viennent à la messagerie sur mobile et à l'agenda électronique (Personal Information Management, ou
PIM).(*) Racheté mi-2005 par Sybase.