Comment envisagez-vous l'évolution des projets MDM ?Franck Régnier : Encore jeune, le marché du MDM s'adresse à des entreprises pionnières. Il s'agit, d'une part, de sociétés entreprenant une démarche d'urbanisation de leur système d'information avec une
enveloppe peu conséquente, et, d'autre part, de celles cherchant une réponse à un besoin métier, avec plus de moyens. A terme, les projets MDM accorderont davantage d'importance à la dimension organisationnelle. Car aujourd'hui le support à la
gouvernance tient beaucoup du discours chez les éditeurs. Les projets MDM demanderont, par exemple, une meilleure prise en compte des métadonnées et des informations de contexte. Ils deviendront aussi plus ambitieux : le MDM sera associé aux
chantiers de refonte du système d'information ou au déploiement de progiciels majeurs. Aujourd'hui, le coût de tels projets varie de 400 000 à 1 million d'euros. Demain, il dépassera le million d'euros. Ces initiatives ambitieuses prendront en
compte, dès les phases amont, les problématiques de la mesure de la qualité des données.
Le MDM aura-t-il toujours vocation à ne stocker que des données structurées ?FR : Ces référentiels évolueront progressivement d'une logique structurelle à une logique informationnelle. Ils s'ouvriront de plus en plus au concept d'EIM (Enterprise Information Management) tel que défini
par les cabinets d'analystes Forrester ou Gartner. Ce domaine, qui associe les disciplines du décisionnel et de la gestion documentaire, contribuera à sortir le MDN du carcan de la simple gestion des données. Ce référentiel s'enrichira
d'informations de notation (boursière, écologique...), ainsi que d'outils de suivi documentaire ou de traçabilité. Les données du MDM pourront ainsi être pondérées via l'intervention de sources de confiance. De ce mélange des mondes devraient
naître de nouveaux outils de traitement des informations : analyse de risque, détection des signaux faibles...
Comment s'annonce l'avenir des offres du marché ?FR : Le marché du MDM n'est pas encore mature, que ce soit chez les éditeurs, chez les intégrateurs et cabinets de conseil, ou encore chez les clients. Concernant les éditeurs et leurs solutions, un ménage
devra être fait. Leur offre est en effet pléthorique, certains possédant jusqu'à cinq solutions MDM. D'autres, aujourd'hui incontournables, pourraient bien disparaître si leur prochaine version déçoit. Par ailleurs, de nouveaux entrants d'origine
américaine, tels Initiate Systems, Siperian, ou encore Microsoft, devraient changer la donne. Ceci étant, entre Initiate Systems et Siperian, un seul survivra.
Et qu'en est-il du devenir d'autres acteurs : êtes-vous aussi pessimiste ?FR : L'avenir de l'éditeur français Orchestra Networks s'avère, en revanche, plus optimiste car son offre MDM séduit les directions des systèmes d'information. Commercialisée à un prix agressif, cette boîte à
outils techniques constitue une solution générique et rapide. Signalons également l'offre de Sun qui, avec CAPS, associe son nouveau MDM à sa plate-forme SOA. Enfin, dans un an, il faudra compter avec Office Server 14 de Microsoft, destiné aux
PME.
Aujourd'hui, les prestataires sont-ils assez armés pour mener à bien ces chantiers de MDM ?FR : Les intégrateurs et les cabinets de conseil vont continuer à se structurer en interne, mais les premiers projets souffriront d'un manque chronique de compétences en matière de MDM, ce qui devrait
maintenir des prix de prestations relativement élevés. Cette tendance permettra à certains cabinets de remporter quelques projets avec des ressources inadaptées, en jouant sur les prix. Ce qui entraînera l'échec de certains dossiers et sera
peut-être à la source d'une désaffection du marché pour le MDM... Jusquà ce que les cabinets ayant réellement investi dans des offres adaptées, développé une méthodologie, et formé leurs collaborateurs fassent la preuve de leurs réussites. Les
grands acteurs du marché ont ou sont en train de structurer les équipes et les offres. Quelques cabinets spécialisés sont également très présents. Les positions actuelles ne sont donc ni définitives ni garanties, mais certains ont pris la vague un
peu plus tôt.
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