Thierry Henry a bien involontairement relancé le débat sur l'apport des technologies capables de suppléer les arbitres. Et cela grâce à sa désormais célèbre main lors du match de barrage qualificatif pour la Coupe du monde entre la France et l'Irlande. Depuis quelques années déjà, les instances du football testent différents systèmes. Ceux-ci servent à vérifier si le ballon a entièrement franchi la ligne de but (c'est la Goal Line Technology). Dans le cas du fait de jeu mentionné, ils n'auraient donc été d'aucune utilité. Depuis 2003, Adidas et la société allemande Cairos Technologies, spécialiste de la localisation des objets en 3D, ont développé une technologie qui s'appuie sur un ballon
“ intelligent ”. La première version a été mise au point et testée lors de la Coupe du monde des moins de 17 ans au Pérou, en 2005. Cette solution reposait alors sur une puce RFID contenue dans le ballon et sur des transmissions radio afin de communiquer avec un ordinateur central. La fiabilité de ce système n'avait finalement pas entièrement convaincu.En décembre 2007, un nouveau système plus fiable a été évalué à l'occasion de la Coupe du monde des clubs au Japon, en accord avec la Fifa, l'instance suprême de ce sport. Le dispositif repose, cette fois, sur l'émission d'un champ magnétique. De fins câbles (2 mm d'épaisseur) sont enterrés à 15-20 cm de profondeur tout autour du but et de dans la surface de réparation. Ils créent un champ magnétique qui envoie des informations à une puce située dans le ballon d'Adidas (Teamgeist II). Celle-ci transmet ensuite un message chiffré à un serveur central qui analyse la position du ballon. En cas de franchissement de la ligne, le mot
“ Goal ” (but) s'affiche instantanément sur la montre de l'arbitre.Le système concurrent est baptisé Hawk-Eye. Depuis quatre ans, il est utilisé au tennis et, plus anciennement, au cricket. Son mode de fonctionnement est complètement différent de celui d'Adidas. Des caméras placées sur le terrain suivent la trajectoire du ballon. Les images sont traitées en temps réel par des ordinateurs, puis converties en images de synthèse en 3D. Le procédé a été développé par le docteur Paul Hawkins, spécialiste de l'intelligence artificielle. En 2007, le championnat de Premier League (première division anglaise) a signé avec la société Hawk-Eye Innovations un contrat pour adapter le système au football.Mais en mars 2008, revirement de situation : la Fifa et l'UEFA (Union of European Football Associations) décident de se passer de l'apport de toute technologie. Au grand dam de la Premier League, qui avait déjà investi des centaines de milliers de livres dans le développement du système qu'ils avaient choisi. Dans une lettre ouverte datée de septembre dernier, le président de cette société a précisé que les tests effectués dans le club de Reading s'étaient pourtant avérés concluants. Cette position des instances représentatives du football n'est qu'une demi-surprise tant elles sont réputées pour leur conservatisme. En outre, le président de l'UEFA, Michel Platini, privilégie une autre alternative : la présence de deux assistants supplémentaires à proximité de la surface de réparation.
Des technologies trop chères pour être démocratisées
En mars dernier, la Fifa a décidé, après un ultime examen des deux dispositifs, de ne pas y recourir. Sepp Blatter, son président, a mis en avant le coût élevé de ces technologies qui limite leur démocratisation. Au tennis, l'arbitrage électronique avec le système Hawk-Eye n'est utilisé, en raison de son prix, que sur trois tournois du grand chelem et quelques compétitions majeures. Qui plus est uniquement sur les courts principaux. Au football, Hawk-Eye nécessiterait la présence de six caméras sur chaque but et, selon un article de la newsletter
Britsport Weekly, un investissement de quelque 250 000 livres par stade.
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