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BioMérieuxa structuré son cycle de développement. Une démarche indispensable dans un secteur où les bogues n'ont pas leur place, et où la compétition fait rage.
BioMérieux conçoit, fabrique et commercialise des systèmes de diagnostic in vitro détectant, notamment, des maladies infectieuses telles que les hépatites, le VIH, et, récemment, la grippe aviaire, à partir d'un prélèvement
biologique : sang, salive, urine, etc. L'offre de BioMérieux se décompose en trois éléments : des réactifs biologiques, un instrument qui effectue la réaction biologique et un logiciel qui interprète les mesures pour rendre un résultat.
Comme dans de nombreux autres secteurs, le logiciel occupe une place de plus en plus importante.
Faire face à des contraintes réglementaires
' Le c?"ur de notre activité reste la biologie. Mais nous nous distinguons de plus en plus par les logiciels ', atteste Christophe Delpy, responsable ingénierie logicielle du
département technologies de l'information de BioMérieux. L'ergonomie, la connectivité du système et les services annexes font la différence. La mise au point d'un système nécessite plusieurs années. Plus de la moitié des développements de logiciels
ratent à cause d'une mauvaise compréhension des besoins des utilisateurs (source : Standish Group, Q-Labs, Borland), la capacité de BioMérieux à répondre du premier coup aux exigences des utilisateurs s'avère donc cruciale. Un exercice que
compliquent un environnement réglementaire contraignant et des exigences logicielles très élevées.Pour répondre à toutes ces contraintes, BioMérieux s'est organisé autour d'un cycle de développement structuré. Notamment en ce qui concerne le recueil des exigences, ' l'étape la plus importante du cycle de
développement ', affirme Laurent Hervier, architecte méthodes de développement logiciel, de l'équipe de Christophe Delpy.L'entreprise a opté pour le suivi de standards, tel IEEE Std 830-1998, reconnus dans le monde. Cette préférence, à une approche maison, s'explique aussi par la pression réglementaire. En respectant des normes mondialement reconnues
?" dont ISO 9001 ?", BioMérieux bénéficie d'une présomption de conformité. Pour cela, ' nous devons être capables de montrer que nous avons suivi un cycle de développement logique, constitué d'étapes clairement
documentées ', expose Christophe Delpy.
Réorganiser les équipes en mode collaboratif
Dans un projet de développement logiciel, il existe plusieurs exigences : réglementaires, fonctionnelles, techniques, etc. Une même exigence peut être perçue de différentes manières et être exprimée sous diverses formes selon les
acteurs. Il est donc impératif de lever toutes les ambiguïtés. Pour cela, il convient de rassembler ces exigences dans un référentiel commun à l'ensemble des acteurs du projet. En effet, des obligations réglementaires peuvent interférer avec la
définition des contraintes techniques du projet, entre autres.Jusqu'ici, BioMérieux utilisait des outils bureautiques (Word, Excel, etc.) pour gérer le recueil des exigences. Le passage d'une étape du processus de développement à une autre s'effectuait via des documents. Mais les corrections
successives apportées à un document le fragilisent peu à peu. Et tracer les modifications effectuées s'avère très difficile. Depuis dix ans, la société s'est rendu compte que les processus qui formalisent la collaboration autour des documents sont
aussi importants que le livrable. Son équipe s'est donc réorganisée pour ?"uvrer en mode collaboratif. ' Nous avons mis en place avec nos utilisateurs internes un mode de travail par sessions de spécifications, formalisées
ensuite par des scénarios et des cas d'utilisation UML [Unified Modeling Language]. C'est à présent une pratique banalisée sur tous nos développements, détaille Christophe Delpy. Nous avons ainsi pu sortir de la demande
" Faites-nous un logiciel qui fonctionne bien et soit facile à utiliser ! " ' Un système bien plus efficace que le passage de documents entre bureaux. Les gens se comprennent mieux et apprennent
grâce à ces échanges transversaux. Ce qui renforce la cohésion.A partir du recueil d'exigences fonctionnelles (sous forme de cas d'utilisation et de scénarios textuels), BioMérieux s'appuie sur les cas d'utilisation UML, qu'elle capture à l'aide de Together, le logiciel de Borland.
' Nous avons opté pour les " use cases " UML parce qu'ils nous permettent de suivre strictement les exigences fonctionnelles jusqu'à la mise en place des modèles de conception ',
souligne Laurent Hervier. L'outil, éditeur et référentiel de modèles UML, génère la documentation. ' Nous utilisons différentes fonctions de génération automatique de documents pour produire des parties entières de nos
dossiers d'architecture, ainsi que des documents d'analyse et de conception, justifie Christophe Delpy. Les dossiers de soumission aux agences réglementaires dans le cadre d'une autorisation de mise sur le marché s'appuient
aussi sur ces documents. '
Tracer les exigences pour accroître la qualité
' A chaque fois que nous livrons un logiciel, nous devons fournir une matrice de traçabilité ', note Christophe Delpy. Pour l'instant, les autres exigences ?" techniques, par
exemple ?" sont recueillies dans des documents au format texte. Une approche dont ne se contente pas BioMérieux. Il teste actuellement le logiciel de gestion des exigences de Borland, Caliber RM, sur un projet pilote. L'entreprise souhaite
ainsi prolonger sa démarche de rationalisation en traçant les échanges liés aux exigences et en facilitant les interactions entre les différents services (marketing, formation, support client, etc.) lors du recueil de leurs besoins et de leurs
contraintes.Aussi efficace qu'il soit, un fonctionnement collaboratif oblige à tracer sûrement les échanges et actions dans le temps pour répondre à toutes questions. La constitution d'un référentiel commun aide les acteurs du projet à s'accorder
sur la définition des exigences, leur valorisation, leur priorité, etc. Il facilite le suivi du projet et diminue les risques d'erreur, car il garantit l'exhaustivité de la collecte, le traçage des modifications et actions, et l'identification
automatique des inconsistances. La gestion des exigences devient ainsi un outil de pilotage de projet efficace qui accélère et fiabilise le processus de développement. BioMérieux devrait donc gagner en productivité avec Caliber RM. Une gestion
proactive des exigences de chaque projet s'assurera, à chaque étape du projet, que toutes les demandes et remarques ont été considérées. ' Nous pourrons traiter plus tôt des problèmes qui, pour l'instant, n'apparaissent que
lors des tests. Et se révèlent plus longs et difficiles à corriger à ce moment-là ', conclut Laurent Hervier.redaction@01informatique.presse.fr
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