Devoteam : ' Nous sommes beaucoup plus attentifs aux dépenses '

Le cofondateur et coprésident de la SSII maintient ses prévisions de recrutements en 2009, mais à un rythme moins soutenu.
- Le recrutement sous surveillance en 2009
- Devoteam : ' Nous sommes beaucoup plus attentifs aux dépenses '
- ' Les effets de la crise se font déjà fortement sentir sur les recrutements '
- Les jeunes diplômés ne connaissent pas la crise
- La loi au secours des seniors
- Les SSII s'ouvrent enfin à la diversité
- Plus de 13 500 postes à pourvoir en 2009
- ' À nouvelle génération, nouvelles approches '
Godefroy de Bentzmann : On ne peut pas ne pas être inquiet quand on voit les effets de la crise sur certaines industries dans notre pays. Mais globalement, elle n'a pas forcément d'impact sur notre activité, du moins en 2008. Notre secteur risque d'être moins touché que d'autres. Le Syntec informatique a annoncé récemment entre 2 et 4 % de croissance pour le premier semestre 2009. C'est moins bon que l'an dernier. Pour le deuxième semestre, en revanche, nous n'avons pas encore de visibilité.Pourquoi le secteur de l'informatique serait-il moins touché ?
Lors des précédentes crises, en 1991 et en 2001, nous l'avons déjà constaté : l'informatique est au c?"ur des business modèles des entreprises et elles ne peuvent pas décider d'arrêter leur système d'informations du jour au lendemain. En revanche, elles peuvent ralentir certains projets, repousser certaines activités...Quelles sont les activités qui vont être épargnées ?
Tous les projets de réduction de coûts de nos clients ne vont pas être stoppés. Au contraire, ils vont augmenter. Chez Devoteam, notre activité repose principalement sur la performance des infrastructures et des systèmes d'informations. Du coup, nous sommes moins exposés à ces difficultés. Certains projets d'outsourcing, de manière générale, vont aussi continuer. Tout ce qui tourne autour du décisionnel va s'accélérer. Dans des situations difficiles, les entreprises ont en effet besoin d'outils de pilotage pour savoir où sont les dépenses, pour quels types de produits, etc. En revanche, tout ce qui touche à l'équipement, à son renouvellement, par exemple, va souffrir.Concrètement, comment se manifestent les premiers signes de la crise chez Devoteam ?
On ressent un ralentissement du turnover dans nos filiales en France et à l'étranger. Nos consultants sont plus frileux pour bouger. Ils savent que rentrer dans une période d'essai en ce moment est plus risqué. Les clients sont en train de geler leurs recrutements.Comment vous préparez-vous à affronter cette crise ?
Le marché de l'informatique ne va pas s'effondrer. En revanche, nous nous préparons à gérer le ralentissement, comme en 1991 ou 2001. Nous repoussons quand c'est possible, un certain nombre de grosses dépenses. C'est le cas, par exemple, des manifestations marketing prévues au second semestre. Nous prêtons aussi une attention particulière à l'augmentation des salaires en interne et aux frais de voyage, par exemple. Nous allons privilégier l'usage de la visioconférence pour ne pas multiplier les trajets vers nos filiales. Dans cet environnement, nous sommes beaucoup plus attentifs aux dépenses.Est-ce que vous maintenez vos prévisions d'embauches aujourd'hui ?
Oui. Nous maintenons notre objectif de 500 embauches en France en 2009, avec peut-être un rythme un peu moins soutenu. Nos clients ont toujours des projets, donc nous continuons à embaucher mais nous allons être plus prudents au premier semestre 2009.La crise a-t-elle aussi un effet sur les profils que vous recrutez ?
Oui. Nous allons être plus attentifs sur le niveau d'expérience de nos candidats. L'an dernier, nous avons recruté près de 20 % de jeunes. Cette année, nous allons probablement réduire ce taux à 10-15 %. Dans les temps difficiles, nos clients sont plus exigeants sur l'expérience des consultants. Ils se tournent plus volontiers vers des profils expérimentés qui sont davantage disponibles sur le marché et avec qui ils vont négocier des salaires. Il n'y aura certainement plus l'envolée de salaires qu'on connait depuis deux ou trois ans.Plus largement, quel est l'impact de la crise sur la politique RH de l'entreprise ?
Si le ralentissement est fort dans un domaine d'activité, on va promouvoir la mobilité interne, au cas par cas. On peut imaginer que certains collaborateurs qui travaillaient, par exemple, dans le secteur bancaire, évoluent vers des clients ' plus dynamiques '. Mais dans ce secteur, on n'est pas à l'abri d'un rebond car les obligations réglementaires sont de plus en plus contraignantes. Du coup, les entreprises vont devoir les intégrer dans leurs processus et leur système d'informations. D'ailleurs, dans ce secteur, les fusions et les modifications de périmètre d'entreprises vont entraîner des projets de refonte de SI qui pourraient voir le jour, au deuxième semestre.Vous venez d'organiser une soirée de recrutement par le jeu vidéo ? Avec la crise, allez-vous changer de méthodes de recrutement ?
Nous n'avons pas reporté cette soirée en effet. Elle est pour nous un moyen de renter en contact avec des jeunes candidats d'une manière ludique. C'est aussi une façon de se démarquer. Il est vrai que sur un marché de l'emploi moins favorable, nous aurons probablement moins d'efforts à déployer pour rivaliser d'imagination et attirer des candidats.
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