Les réseaux sociaux, à l'origine

A l’heure où ces deux mots sont dans toutes les bouches et déclinés à toutes les sauces, il est bon de rappeler leur genèse. Après tout, ces derniers existent depuis que l’homme vit en tribu.

L’homme est un animal social plutôt que solitaire. Les réseaux sociaux représentent l’expression des relations spécifiques observables entre les individus d’un groupe formel ou informel : solidarité, contrôle social, régulation, parrainage, apprentissage… L’homme est alors à la fois émetteur et récepteur d’informations au sein de ce groupe. Il représente un nœud et sa relation aux autres représente une arête, d’où la notion de réseau. Vu sous cet angle, les réseaux sociaux existent depuis que l’homme vit en tribu !
La sociométrie

La sociométrie a été mise au point pour analyser les relations entre les individus d’un groupe et, le cas échéant, d’en améliorer la cohésion sociale. L’analyse des réseaux sociaux est une méthode psychosociologique mise au point par Jacob Levy Moreno (1889-1974). Elle consiste à étudier l’interdépendance et l’interrelation entre les individus au sein d’un groupe. Elle est essentiellement basée sur des questionnaires, suivis d’entretiens puis d’observations empiriques des résultats obtenus par corrélation des comportements en situation similaire. La nature subjective des relations est formalisée à l’aide de sociogrammes en prenant appui sur les mathématiques (matrices, probabilités, graphes).
La base de l’enquête sociométrique au sein d’une communauté repose sur l’expression de chaque individu de ses choix (amis), de ses rejets mais aussi des choix et rejets perçus des autres individus du groupe à son égard. Le caractère dynamique des relations interpersonnelles nécessite une approche itérative car le réseau évolue en permanence.
Cette méthode fut largement utilisée, notamment aux Etats-Unis, dans les domaines pénitenciers (prison de Sing Sing, 1932), militaires (étude de Jenkins, guerre du pacifique), et, dans un tout autre domaine, l’environnement scolaire. La démarche itérative s’articule autour de deux axes forts : d’abord, l’état des lieux grâce à radiographie socio-affective du groupe. Puis une influence sur le milieu par la réaffectation des postes, la redéfinition des binômes, la reconstitution des sous-groupes par affinité, etc.
De l’organigramme au sociogramme
Plus tard, la sociométrie a été appliquée de manière moins académique au milieu de l’entreprise. La structure réelle des entreprises a pu être étudiée au-delà de l’organigramme officiel, à la lumière des vraies relations qui les régissent. Certaines failles, certaines fragilités ont été identifiées avec, pour conséquence, une volonté de sensibiliser le top management, de renforcer le middle management et de redynamiser l’ensemble de collaborateurs en les fédérant.

Plus concrètement, dans l’illustration ci-contre, si M. Cole quittait l’entreprise, les impacts stratégiques et opérationnels seraient dramatiques pour la société concernée. Il sera préconisé, d’une part de fidéliser M. Cole (valorisation, rétribution, reconnaissance etc.) et, d’autre part, de s’assurer de la « duplication » de ses compétences et de son réseau.
En définitive, tout l’enjeu de l’entreprise 2.0 consiste à passer d’un modèle hiérarchique traditionnel à un modèle relationnel en favorisant l’émergence du diagramme des flux, en l’occurrence le lien social.
Dans mon prochain billet, je vous proposerai d’étudier quelques théories issues des réseaux sociaux et de voir en quoi elles sont applicables ou vérifiées dans l’univers numérique.
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