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Les règles encadrant la mise en place d'un dispositif d'écoutes téléphoniques des salariés sont régies par le Code du travail et la loi informatique et libertés. Ce qui implique consultations et transparence.
L'assignation en justice
La direction régionale de Paris de France Télécom a été sommée par le syndicat SUD Télécom Paris de s'expliquer devant le Tribunal de grande instance pour avoir mis en place un système d'écoute téléphonique des salariés lors de la formation des téléopérateurs. Sans l'avoir déclaré à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Ni avoir informé, et donc consulté, les instances représentatives du personnel. Cette déclaration à la Cnil et la consultation régulière du comité d'établissement étant obligatoires pour ce genre de dispositif, le syndicat a demandé la suspension du système d'écoute jusqu'à ce que ces formalités légales soient réalisées.
Un dispositif soumis à la Cnil
Sans remettre en cause le système lui-même, le Tribunal de grande instance de Paris a accepté les arguments de SUD Télécom Paris. Il a suspendu la mise en ?"uvre du dispositif et a imposé le respect des obligations d'information et de transparence, sous astreinte de 3 000 euros par jour de retard un mois après la signification du jugement(*).Le tribunal justifie sa décision par les raisons alléguées par le syndicat, soit l'absence de consultation du comité d'établissement et la non-déclaration à la Cnil du traitement de données à caractère personnel. Pour ce faire, le TGI est allé au-delà des explications fournies par l'opérateur, qui légitimait la mise en ?"uvre de ce dispositif par la nécessité de former les téléopérateurs.
Une question de formalité
Les juges ont considéré que la ' grille d'écoute ' constituait une collecte de données et qu'elle montrait, par ailleurs, que les éléments recueillis étaient conservés, analysés et utilisés sans qu'aucune déclaration n'ait été faite à la Cnil. C'est parce que cette formalité n'a pas été effectuée que le tribunal a pu suspendre l'application du dispositif, sans pour autant se prononcer sur la question de la légalité du dispositif eu égard à sa finalité. Les ' grilles d'écoute ' réalisées ont été analysées par le tribunal afin de rechercher les véritables fonctionnalités du traitement.(*) TGI Paris, 1re ch., 04/04/2006, n?' RG : 05/18400.