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La branche distribution d'EDF a refondu sa plate-forme SGE qui fait l'interface avec les opérateurs d'électricité. Elle a misé sur des technologies BPM et SOA.
Le 1er juillet 2007 sera à marquer d'une croix dans l'histoire d'EDF. C'est à cette date, en effet, que s'achèvera l'ouverture du marché de l'énergie. Cet événement influencera de manière significative le
système d'information de la branche distribution du groupe. Il devra encaisser des échanges d'informations multipliés par 100, et les traiter de façon non discriminatoire, qu'ils proviennent d'EDF ou de ses concurrents, comme Poweo. Comment s'y
préparer ? En développant un portail de services garantissant une même qualité de prestation à tous et en automatisant autant que possible le traitement des affaires.Initié en 2005, le projet de refonte de SGE (Système de gestion des échanges) a pour ambition de répondre à ce double objectif. Il est porté par ERD (EDF Réseau Distribution), l'une des deux directions qui, avec EGD (EDF-GDF Service),
constituent la banche distribution du groupe. SGE version 2 fait appel à plusieurs des solutions de gestion de processus métier (BPM) et à des briques d'infrastructure orientées services (SOA) de BEA. Néanmoins, les difficultés sont à la hauteur des
enjeux : répondre à des contraintes drastiques de traçabilité, de confidentialité et de qualité de service. Ceci, tout en gérant 12 000 utilisateurs (dont 7 000 en interne), en s'interfaçant avec les systèmes d'information des autres
opérateurs, via des liens B to B et en interopérant avec des applications métier, elles-mêmes appelées à s'adapter à un contexte métier en pleine mutation.
Une phase rigoureuse de prototypage
Mais ERD n'est pas partie d'une feuille blanche en 2005 pour concevoir sa plate-forme de services de nouvelle génération. L'équipe du projet s'est appuyée sur les travaux menés en 2003 et 2004 pour la première version de SGE. A
l'époque, il s'agissait de préparer l'ouverture de la totalité du marché professionnel (soit 3,2 millions de clients) fixée au 1er juillet 2004. SGE v.1 avait été développé sur la base du moteur de workflow du Français W4
et du serveur d'applications de BEA. Sa mise en production avait été douloureuse, l'application ayant souffert de son hétérogénéité et de problèmes de qualité et d'intégration. Cette première expérience servira donc de support de réflexion pour
préparer le cahier des charges d'un portail de deuxième génération, taillé pour répondre aux besoins de 2007. L'orchestrateur BPM allait devoir traiter tous les jours plus de 10 000 flux.Afin d'améliorer la performance opérationnelle du distributeur, il allait falloir automatiser bien plus qu'auparavant. A la fin de l'année, environ 80 processus auront ainsi été implantés dans SGE. De façon à s'assurer que les choix
techniques répondraient à ces exigences de flexibilité et de montée en charge, l'équipe s'était donc lancée dans une phase rigoureuse de prototypage. Un premier prototype avait été monté pour mettre en concurrence les solutions de BPM de W4, de
Webmethods, et de BEA. La solution W4 a été vite écartée car elle n'aurait pu respecter, en l'état, les prérequis du nouveau projet. En définitive, Weblogic Integration (WLI), de BEA, a été sélectionné en raison de sa bonne tenue lors des tests de
charge, mais aussi pour la rapidité de développement des processus et sa gestion des transactions distribuées. Un deuxième prototype s'est intéressé plus précisément aux couches de middleware. C'est ainsi qu'Aqualogic Service Bus (ALSB), de BEA, a
été retenu pour ses capacités d'interopérabilité avec le back office de la branche distribution d'EDF et avec les systèmes d'information des opérateurs. Webmethods, déjà exploité par ERD, n'a été utilisé, dans le cadre de SGE v.2, que pour certains
types de transferts de fichiers. Le prototypage et le cadrage général ayant été achevés à la fin 2005, la réalisation proprement dite a pu alors prendre le relais.Vu l'envergure du projet - il a mobilisé jusqu'à 180 intervenants en maîtrises d'?"uvre et d'ouvrage - la question de l'approche méthodologique ne pouvait être évacuée. L'équipe ERD avait opté pour une démarche en W,
aboutissant à découper le projet en deux phases en V. ' La première phase s'était intéressée au maquettage, à la constitution d'un socle technique et méthodologique, au test de performance de ce socle, et à la recette des
tests de performance, détaille Denis Rouaud, le chef de projet MOA. La deuxième phase, quant à elle, a porté sur la réalisation des processus, leur test, et l'industrialisation des développements. Nous avons également revu le
socle lors de cette étape. ' Ce n'est donc qu'à la mi 2006, une fois réalisée la première ébauche du routeur BPM, que le travail sur les processus est monté en puissance.
Sept jours pour changer de fournisseur
Restait à définir les processus à automatiser. Dans un premier temps, ceux qui devront être obligatoirement opérationnels au 1er juillet 2007. Bien évidemment, souligne Ayhan Yildiz, l'un des responsables du
projet SGE, ' si la procédure est atypique et nécessite un contrôle humain, il n'est pas question de l'automatiser. Mais si l'étude détaillée fait apparaître que les étapes humaines n'ont plus de raisons d'être, le processus
devient automatisable '. Les processus ajoutés dans le nouveau SGE bénéficient du renforcement du couplage entre systèmes d'information. ' Les demandes de fournisseurs étaient auparavant traitées
manuellement. Désormais, ces requêtes pourront être véhiculées depuis les systèmes d'information des fournisseurs, via des liens B to B. ' Cela étant, la réalisation n'a rien eu d'un long fleuve tranquille. Les processus en
jeu sont souvent d'une grande complexité. Une simple demande de changement de fournisseur, par exemple, ne peut être conclue en moins de sept jours (durée légale de la période d'opposition à cette demande). Le processus instancié doit gérer
plusieurs allers et retours entre les systèmes d'information des partenaires. Et pour des questions d'intégrité transactionnelle, les référentiels de données impliqués doivent tous être mis à jour avant l'acquittement de l'opération. La reprise des
processus et des données de SGE v.1 est une opération très délicate. Le travail de spécification des années 2003 et 2004 n'était pas assez détaillé pour être repris tel quel dans le cadre du nouveau projet. Par ailleurs, le changement de moteur de
BPM posait évidemment problème, car les processus de W4 n'étaient pas importables dans WLI. Qui plus est, la logique d'ordonnancement des étapes des processus pouvait différer d'une version à l'autre de SGE. D'où, explique Denis Rouaud, une
difficulté supplémentaire pour reprendre les affaires traitées dans SGE v.1. ' Dans certains cas, nous avons dû définir des règles de conversion des données métier. Cela demandait de disposer de ressources connaissant les deux
versions de SGE. Nous avions constitué une maquette pour simuler le comportement de processus de SGE V1 tels qu'ils seraient exécutés dans SGE V2 '. Mais, bien que la migration des données ait pu être conduite en quinze jours
pour préparer le lancement de SGE v.2.0, le 15 janvier dernier, il a ensuite fallu retravailler ces données en fonction des problèmes remontés par les chargés d'affaire. L'intégration avec les applications métier d'ERD et d'EGD, certaines sur
mainframe, d'autres de type client-serveur, a parfois aussi été source de complications techniques, en raison notamment de différences de logiques d'ordonnancement.
Intégrer petit à petit les cas particuliers
Depuis le mois de janvier, l'équipe ERD a entamé un compte à rebours à haute tension, car il lui faut disposer pour le début du mois de juin d'une plate-forme opérationnelle à même de répondre aux obligations réglementaires qui
entreront en vigueur au 1er juillet. Ces quelques mois de peaufinage l'ont conduit à optimiser SGE (avec la sortie d'une version 2.1) et à poursuivre l'ajout du corpus de processus (notamment dans SGE version 2.5 qui sera
livré ce mois-ci). Cette date fatidique ne marquera pas pour autant la conclusion du projet. L'équipe s'est engagée dans une logique de montées en palier régulières. Il s'agira de coller aux évolutions des applications métier interfacées avec SGE,
de tenir compte du retour d'expérience des premiers mois, et, aussi, d'enrichir le référentiel de processus afin d'englober autant que possible une multitude de cas particuliers, produits de soixante ans d'engagements contractuels. Jusqu'à quel
point le BPM continuera-t-il de traduire la complexe réalité de l'entreprise ? C'est une question que le distributeur filialisé, qui verra le jour au 1er janvier 2008, suite au regroupement des directions ERD et EGD,
aura largement le loisir d'explorer.redaction@01informatique.presse.frwww.01blog.fr/1904
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