En cédant ses brevets à l'étranger, la France affaiblit son industrie
Mines ParisTech publie une étude sur le marché hexagonal des brevets télécoms
Une augmentation de plus de 50 % de cessions de brevets français vers l'étranger depuis 2006 sur le secteur des télécoms. C'est ce que révèle l'enquête de France Brevets et Mines ParisTech. En revanche, les entreprises françaises achètent peu, voire pas de brevets hors de l'Union européenne. Une stratégie contraire à celle des Etats-Unis et des pays asiatiques qui acquièrent plus de brevets qu'ils n'en vendent, même s'ils restent très actifs sur le marché de la cession. Ainsi, Apple et Microsoft ont déboursé quelque 4,5 milliards de dollars pour s'offrir les brevets de Nortel, Google 5,5 milliards de dollars pour ceux de Motorola, et Microsoft 1,1 milliard de dollars pour ceux d'AOL. “ Ces sociétés sont certaines de retrouver leurs mises, assure Jean-Charles Hourcade, directeur général de France Brevets, voire d'enregistrer des gains au-delà de leur investissement. ”Autre enseignement de l'étude : une différence de taille entre la France et l'Allemagne. En effet, alors que les sociétés françaises exportent leurs meilleurs brevets et vendent les moins bons dans l'Hexagone, l'Allemagne cède ses brevets à forte valeur ajoutée aux entreprises allemandes et exporte les autres. Une stratégie se révélant plus pertinente pour l'essor de l'industrie du pays. “ La perte de la recherche donnant lieu à des brevets à valeur ajoutée amoindrit notre base industrielle, déclare Jean-Charles Hourcade. Vendre de bons brevets pour générer du cash est une vision à court terme. ” En effet, si à un temps T, une société ne dispose pas de moyens financiers pour assurer le développement de la technologie brevetée, elle peut les avoir quelque temps plus tard. Il est donc important de ne pas se défaire de joyaux pouvant être à l'origine d'une potentielle évolution industrielle.
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