En se retirant du marché des PC, HP marche sur les traces d'IBM
L'essor des tablettes oblige l'industrie informatique à se reconfigurer
“ L'effet tablette est réel ”, a reconnu Léo Apotheker, PDG de HP, après avoir annoncé, le 18 août, le retrait programmé de son entreprise du marché des PC. Un segment sur lequel le constructeur est pourtant leader, avec 17,5 % de parts de marché, mais qui est en train de décliner. Dans la même foulée, le dirigeant a décidé de stopper l'activité WebOS, tirant ainsi un trait sur les 1,2 milliard de dollars dépensés en 2010 pour racheter Palm. Et cela alors que HP vient à peine de sortir la Touchpad, sa première tablette fonctionnant avec ce système d'exploitation.Le PDG a donc choisi de jeter l'éponge avant que le combat n'ait réellement commencé. Non seulement il ne croit plus aux PC, mais il estime aussi qu'il est illusoire de lutter contre Apple et Google sur le marché des tablettes. “ HP n'a pas mis les moyens nécessaires, constate Ranjit Atwal, directeur de recherche chez Gartner. Il ne suffit pas d'une tablette pour réussir sur ce marché. On ne peut pas vendre des terminaux mobiles comme on vend des PC. Pour cela, il faut des applications, du contenu. Ce que HP n'a pas réussi à faire. ”Et Ranjit Atwal de s'appuyer sur l'exemple d'Apple, qui a mis “ des années pour construire son écosytème. Il a d'abord lancé l'iPod, avec iTunes, puis l'iPhone. L'iPad n'est que la dernière brique de cet ensemble. ” Dans les milieux financiers, cet aveu d'échec de la part de HP a été immédiatement sanctionné, avec une baisse du titre en Bourse d'environ 20 %. Il faut dire qu'avec ce revirement stratégique brutal, HP ne donne pas de réponse quant à l'avenir de la division PC. Une filialisation ? Cela ne résoudrait rien sur le fond. Une cession ? Seuls les constructeurs asiatiques pourraient, à la limite, être intéressés, mais le morceau est un peu gros. “ Il ne sera pas simple de trouver un repreneur. A l'époque de la vente des PC d'IBM, l'acquéreur, Lenovo, a mis la main sur une marque : Thinkpad. Ce que HP ne possède pas dans sa division PC. Quant à la technologie sous-jacente, elle n'est pas très différenciatrice par rapport aux autres, estime Ranjit Atwal. Reste donc la base installée et le réseau de revendeurs. Mais combien cela vaut-il réellement ? Les concurrents pourraient très bien attendre la sortie progressive de HP pour prendre les parts de marché. Ce qui signifierait alors pour lui une fin lente et douloureuse. ”
Votre opinion