Inscrivez-vous gratuitement à la Newsletter BFM Business
La durée légale de conservation s'allonge, le multimédia réclame toujours plus d'espace... La question du stockage devient une urgence, à traiter sans se tromper. Selon le support choisi, le prix varie de un à cinq.
A mesure que s'épanouit la société de l'information, le volume des données informatiques augmente. De 50 à 60 % par an. Les effets des exigences accrues de traçabilité des écritures comptables et financières, de la montée
en puissance de l'information multimédia se conjuguent à l'explosion de l'usage de la bureautique et de la messagerie électronique. Tandis que l'industrie informatique suscite une production galopante de données, avec la diffusion massive des
appareils électroniques mobiles : ordinateurs portables, assistants personnels, smartphones, appareils photo, caméras numériques...Autre phénomène, les utilisateurs s'attachent à leurs données, et n'envisagent plus de les perdre. ' Pour des raisons de sécurité ou de disponibilité, il arrive fréquemment que les données utilitaires
soient reproduites jusqu'à huit fois sur des supports différents. Ajoutons que les réglementations financières comme Bâle II imposent, entre autres, de créer des sites de sauvegarde situés à plus de trente kilomètres du site
central ', précise Jean-Pierre Bonhomme, cofondateur d'Eudasys, une SSII spécialisée dans le stockage et l'archivage.Ces tendances expliquent le dynamisme de cette activité. Et rendent la tâche du responsable informatique particulièrement délicate. Si les capacités de stockage des disques durs augmentent très rapidement, les systèmes
d'information des entreprises doivent absorber sans cesse davantage de données. Jusqu'à quand, et à quel prix La question revêt son importance. Car le DSI doit plus que jamais maîtriser ses coûts... alors même qu'il navigue dans le brouillard.
' Pour les DSI, il devient urgent de traiter le problème. Car la durée légale de conservation de l'information s'allonge : elle peut atteindre cent ans dans l'industrie pharmaceutique ! Quant aux données de
ressources humaines, elles doivent être archivées durant toute la vie du salarié. De même pour les données du dossier médical personnel (DMP) ', souligne Jean-Pierre Bonhomme, qui estime que c'est la partie
' morte ' des données ?" celles que l'on doit conserver sans les utiliser -, qui provoque l'explosion de la demande en capacité de stockage. ' Il faut savoir que les coûts
du stockage et de l'archivage varient dans un rapport de 1 à 5. ' Archiver un gigaoctet de données sur bande coûte entre 2 et 4 euros. Alors que sur un disque dur haut de gamme, il faudra débourser de 9 à 11 euros.
L'envolée attendue de la vidéo
Les informations vidéo vont prendre de plus de place au sein des systèmes d'information. ' Pour l'heure, le secteur des médias, et notamment des chaînes de télévision, mène la
danse ', constate Marc Ledain, directeur des services professionnels d'Avid Technologies Europe du Sud, un des principaux fournisseurs de services et de technologies pour la convergence entre la vidéo, l'informatique et les
télécoms. En progression de 11 % par rapport à 2006, le marché mondial des chaînes de télévision d'information en continu devrait peser 5,5 milliards de dollars en 2007, selon l'International Association of Broadcasting Manufacturers
(IABM).Ces chiffres expriment une mutation profonde : ' Depuis l'an dernier, les chaînes de télévision se sont positionnées en créateurs, éditeurs et distributeurs de contenus. Elles deviennent de véritables
groupes de médias ', explique Françoise Semin, directrice Europe du Sud d'Avid Technologies. ' TF1 réorganise ses structures non plus en chaîne de télévision d'un côté et web de l'autre. Mais en
branches pour les jeux, l'information et les loisirs (entertainment). A chaque branche de créer, d'acheter, de distribuer et de diffuser ses contenus. A cet égard, la démarche européenne, notamment en France, possède deux ou trois ans d'avance sur
celle des Etats-Unis. ' Ainsi, France 24, la nouvelle chaîne d'information continue, préfigure l'avenir. Ses contenus, créés directement en numérique, sont diffusés sur tous les canaux existants ?" et prochainement en
3G.' Avec la haute définition, les fichiers vidéo réclameront cinq fois plus d'espace. Cela impose de l'intelligence dans le stockage. Car il faudra aussi gérer les métadonnées décrivant le contenu de ces
fichiers ', souligne Marc Ledain. Cet expert estime que la vidéo se propagera aux services marketing, vente, documentation, sécurité et formation. Et avance que les suites de bureautique fourniront des fonctions telles que
' Créer votre vidéo ', de même que l'on peut, aujourd'hui, y dessiner un schéma.
Le moteur de la réglementation
En attendant, les réglementations (Sarbanes-Oxley, LSF, Bâle II, IAS/IFRS, etc.) promettent leur lot de changements, avec de fortes conséquences sur le stockage. Il en va ainsi de la directive européenne Sepa (Single Euro
Payment Area, ou ' espace unique de paiements en euro '), qui vise à adopter des règles et des moyens de paiement unifiés pour les banques de détail. D'ici à 2012, effectuer un prélèvement ou un
virement vers l'étranger ne coûtera pas plus cher et sera tout aussi rapide qu'une opération domestique. Pour y parvenir, ce projet favorise la mutualisation de la gestion des opérations. A la clé, l'émergence de véritables usines de traitement des
flux bancaires. Ce qui devrait susciter une forte concentration au sein du secteur.Un autre mouvement de concentration est suscité par la directive européenne MiFID (Market in Financial Instruments Directive) qui entrera en vigueur au 1er novembre 2007 en France. Un véritable séisme
financier dans l'Europe des 27. Grâce à un ' passeport unique ' délivré par l'Etat membre d'origine, un opérateur financier suédois pourra acheter ou vendre des actions directement sur la Deutsche
Börse, le London Stock Exchange ou Euronext-Nyse. Les Bourses seront mises en concurrence avec de nouvelles plates-formes d'échange. Comme Boat (ABN-Amro, Citigroup, Crédit Suisse, Deutsche Bank, Goldman Sachs, HSBC, Merrill Lynch, Morgan Stanley et
UBS). Ou Turquoise (les mêmes, sauf AB N-Amro et HSBC). Dans tous les cas, les opérateurs devront se soumettre à des obligations de reporting et de transparence afin de garantir aux investisseurs la meilleure exécution possible de leurs ordres. Et
notamment, fait nouveau, ' la transparence et la traçabilité au niveau de l'état du marché financier au moment où l'ordre est passé ', poursuit Franck Pennazzio, directeur de mission au cabinet conseil
Aedian. ' Il faut stocker tous les états intermédiaires de nos transactions avec le client ', précise Christophe Huriet, DSI de la banque privée BGPI. Effet garanti. Eric Dewilde, directeur général du
GIE informatique Atlantica (Crédit Agricole), ne barguigne pas : ' Les flux de transactions vont être multipliés au moins par trente. '
Reprise et continuité d'activité
L'importance de ces volumes de données laissent deviner l'importance croissante accordée à la sécurité. Et en particulier aux plans de reprise d'activité et de continuité d'activité. Une opinion confortée par une étude d'IBM,
publiée en mai dernier. 79 % des directeurs financiers déclaraient avoir l'intention d'adopter des structures de gouvernance des technologies de l'information et 64 % des responsables informatiques, considérer la sécurité comme l'un des
défis informatiques majeurs à venir. Goran Nedeljkovic, DSI du groupe Despi (produits carnés, charcuterie...), témoigne : ' Nous avons mis en place un plan de reprise et un plan de continuité d'activité à l'occasion
de la refonte de notre politique d'assurance. ' En 2005, un bâtiment de 2 000 m2 du site de Saint-Etienne a pris feu. Les câbles réseau ont fondu et les fumées, passant par les gaines de
ventilation, ont envahi la salle informatique n?' 1, la rendant indisponible pendant quinze jours. ' L'architecture informatique a été déportée sur la salle n?' 2, qui a fonctionné en mode dégradé. Nos 220 points de
vente, qui sont livrés tous les jours, n'ont rien vu ! ', se souvient le DSI.En fait, dans le plan de reprise d'activité, les deux salles travaillaient en parallèle ' La plupart des infrastructures critiques étaient doublées : le réseau SAN, les serveurs... tout !
Grâce à cette configuration, nous n'avons eu aucune perte de données. Par expérience, je sais que c'est au moment où on a besoin d'un serveur de secours qu'il ne démarre pas. Ici, tous les serveurs démarrent en même temps ',
sourit Goran Nedeljkovic. A cette fin, il avait installé le module RAC (Real Application Cluster), une option embarquée dans la base de données qui autorise l'ouverture de plusieurs instances sur une même base. Comme s'il existait plusieurs serveurs
de base de données. Quant aux baies de disques, elles étaient répliquées simultanément dans les deux salles. Le DSI s'était également équipé de serveurs de haute disponibilité HACMP (High Availability Cluster Multiprocessor) d'IBM.
' Cette architecture permet à plusieurs machines de dialoguer. Si l'une tombe en panne, les autres reprennent la charge automatiquement, indique Goran Nedeljkovic. Certes, j'avais planifié le plan de
reprise d'activité dans l'optique de contrer un éventuel vandalisme, mais en aucun cas je ne pensais à l'incendie. Quand j'ai constaté que nous pouvions continuer à travailler, j'ai poussé un ouf de
soulagement ! '
Votre opinion