Cofondateur de l’éditeur américain de solutions de gestion des processus métier Intalio, ce Français expatrié est apparu comme une vigie technologique avec son weblog IT¦Redux. En fin 2006, ce natif de Nantes, diplômé de l’Ecole des mines de Nancy, a organisé à San Francisco la conférence Office 2.0, centrée sur le futur des applications sur poste de travail.
Qu’est-ce qui a poussé un spécialiste des processus d’entreprise comme vous à organiser une conférence sur l’influence du Web 2.0 sur les outils bureautiques ?
Ismaël Ghalimi : En hiver 1998, à l’Ecole des mines de Nantes, j’ai monté Exoffice, et je me suis mis en tête de développer une suite bureautique sur le Web. Cela n’a pas dépassé le stade du gestionnaire de fichiers et d’un client mail. En mars 1999, j’ai couché sur papier une architecture pour mettre en œuvre ce genre de choses : base de données, serveur d’applications, outils de conversion XML, moniteur transactionnel, et, surtout, un moteur de workflow. Je me suis rendu aux Etats-Unis, au salon JavaOne en juillet 2000, et je n’en suis pas reparti. Pour concrétiser cette plate-forme, j’ai renommé Exoffice Intalio. Je me suis aperçu que ce produit était réservé aux grandes entreprises, et j’ai abandonné mon idée de suite bureautique sur le Web. Je l’ai reprise, l’an dernier, quand Javascript a atteint un niveau de maturité suffisant. Quant à la conférence Office 2.0, pour la petite histoire, je ne savais pas, jusqu’en juillet 2006,que j’allais l’organiser.
Les DSI n’hésiteront-ils pas à promouvoir ces outils peu matures, parfois peu sécurisés ?
Evidemment ! Leur mission n’est pas de mettre en œuvre les dernières technologies. Certains iront jusqu’à configurer le pare-feu pour bloquer les connexions. Mais ils finiront bien par accepter ces outils, avec des réserves. Ce n’est pas une attitude nouvelle. Ils étaient contre les PC, qui sont apparus sur le bureau des salariés sans contrôle de la DSI. L’adoption est venue de l’utilisateur final. Ce sera le cas avec les applications Office 2.0. Les premiers utilisateurs seront alors soit des professions libérales, soit des entreprises de moins de 25 salariés, soit encore des universités. Et le cheval de Troie sera probablement le webmail.
La permanence du réseau reste le principal problème des applications présentées lors de votre conférence…
Ce problème devrait vite être résolu. D’une part, la plupart des salariés en entreprises ont déjà un accès Internet, et les moyens d’accès vont se multiplier. Se connecter devient une commodité, au même titre que consommer de l’électricité. Certes, les coupures de courant existent, et c’est dramatique. Mais ce n’est pas pour autant que les entreprises n’y ont plus recours. D’autre part, des solutions intermédiaires offrant à la fois le “ offline ” et le “ online ” apparaissent pour rassurer les utilisateurs. Mais, dans cinq ans, cette dualité aura probablement disparu.
Pour l’instant, le Web 2.0 a un impact sur la création et la gestion de documents. Cette influence s’étendra-t-elle à d’autres domaines ?
Dans un futur proche, je pense le Web 2.0 influera en priorité sur les outils de calendrier en ligne, où le besoin est énorme. Il en ira de même dans la gestion des contacts ou les outils de présentation sur Internet. Autre domaine qui devrait exploser : les bases de données en ligne, comme Zoho Creator ou DabbleDB.
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