Entreprise 2.0, un nouveau cycle ?

Même les entreprises lancées dans le 2.0 en interne sur le mode productiviste vont devoir faire évoluer leur modèle de management et leur organisation sous la pression des médias sociaux.

Avec la vague de billets pessimistes publiées, Est-ce que l’entreprise 2.0 va enfin décoller, Entreprise 2.0 faiblesse passagère ou fin d’un modèle, ou certaines discussions que j’ai pu avoir durant l’Enterprise 2.0 summit la semaine dernière, je voulais revenir sur ce sujet. Surtout quand on lit leur titre alarmiste (le contenu l’est moins) de ces billets, on est plus proche du sous-marin que du planeur. Mais ne nous voilons pas la face, nous sommes en effet à un tournant.
La croisée des chemins ?
Durant le summit un des intervenants m’expliquait que nous sommes à un croisement, avec deux types d’experts et d'entreprises 2.0 qui vont se dessiner. Les premiers orientés « idealist » (en gros les bisounours) et les « productivist » (le business). C’est sûr, de nombreuses intervention ont mis en avant le besoin de répondre à un objectif business avant tout, comme Solvay par exemple. Rappelons au passage pour Solvay que si la première partie de leur mobilisation managériale tournait surtout autour du pur conversationnel, la seconde c’est plus concentré sur des échanges autour de documents de travail (plus 1.0, mais efficace). Donc oui la partie business est primordiale et doit être le moteur de ce type de projet. Sinon quel intérêt pour une entreprise ? Digitaliser des pratiques existantes ? Est-ce suffisant ? Non. Car l’autre grand sujet fut la mobilisation et l’engagement des salariés, et là on est loin du compte. Dans ce cas, les « idealist » qui pensent que l’entreprise doit changer dans ses rapports de pouvoir pour ré-engager les salariés ont aussi raison. La question de l’engagement des salariés est clé, quel que soit le modèle d’entreprise qui va en découler (comme l’holacratie à la mode en ce moment). Les structures orientées business devront elles-aussi défendre un autre modèle d’organisation et de management.
Dépasser le social washing
Un autre de mes échanges, vient aussi d’un habitué de ces conférences qui m’expliquait que les entreprises adoptaient enfin le discours des « experts. » Mais entre les actes et la parole on retrouve encore un grand écart. L’étude présentée par Emmanuele Quintarelli, montre que de nombreuses entreprises n’ont pas dédiée spécifiquement de ressources pour le collaboratif (budget, postes...) ce qui représentent un vrai frein à leur transformation. De même, une réelle transformation des modes de management et de travail est encore assez anecdotique. C’est sans doute pour cela que la présentation de l’entreprise de biscuit Poult a tant plu, notamment autour du concept de leadership tournant.
Alors fin du modèle, décollage… On voit de plus en plus d’entreprises lancer un programme e-ambassadeurs avec les salariés pour répondre à la montée en puissance des médias sociaux. Pour que celui-ci fasse sens, il faudra forcément faire aussi évoluer l’organisation et les modes de management interne. Tout comme l’externe a conduit au concept d’entreprise 2.0, c’est encore la pression externe qui le fera enfin aboutir. La boucle est bouclée.