Epargné par de nouvelles coupes, HP France veut se relancer

Le plan de restructuration mondial annoncé fin 2013 ne se traduira pas par de nouvelles suppressions de postes dans l'Hexagone. Gérald Karsenti, DG France, profite de ce répit pour lancer son programme de développement baptisé "Challenge 2017".
L’actualité high tech mondiale a beau être dominée par les batailles que se livrent les fabricants de smartphones, la douce montée en régime des tablettes, le boom des objets connectés, quand le numéro un mondial de l’informatique parle, tout le monde écoute. Surtout lorsque des emplois sont en jeu. Gérald Karsenti, DG France d’HP vient de tenir la conférence de rentrée du géant américain. Il a fait le point sur le plan de restructuration et rappelé les grandes lignes de son programme de développement baptisé « Challenge 2017 ».
Malmené dans l’actualité par l’annonce, en début d'année, de 5 000 suppressions de postes supplémentaires qui viennent s'additionner aux 29 000 suppressions déjà annoncés fin juillet, HP courbe l’échine et tente de tenir le choc. Solidement accrochée à la barre Meg Whitman a pour le moment réussi à ne pas se faire broyer par les actionnaires en place, plus soucieux de préserver le cours de bourse que d’anticiper l’avenir. Les décisions sont difficiles mais l’ancienne patronne d’eBay fait bouger le paquebot.
Recul de 6% du chiffre d'affaires mondial en 2013

Au niveau mondial les chiffres restent compliqués avec une année fiscale 2013, clôturée en baisse de 6% ; le chiffre d’affaires atteignant 112,3 milliards de dollars (la répartition par domaines d'activités présentée ci-contre). 5,5 milliards de réduction de dette et 11,6 milliards de cash flow finissent de brosser un tableau financier qu’en interne on veut encourageant. « Cet argent va notamment nous servir pour faire des acquisitions sans doute dans le logiciel et le cloud computing », explique Gérald Karsenti.
Satisfait, le patron français a précisé que la France se situait dans le top 5 mondial des zones géographiques les plus performantes chez HP (parmi les indicateurs du ce classement figurent le gain de chiffre d’affaires, de marge et de part de marché). Sur la partie restructuration, Gérald Karsenti a tenu à préciser qu’il n’y aurait pas de plan social. En revanche une centaine de postes devraient être appelés « à se transformer ». Rappelons que HP compte aujourd’hui 5500 collaborateurs français et que le dernier plan portant sur la suppression de 400 postes est toujours en cours.

Croître deux fois plus vite que le marché
Côté activités, si les « grosses » branches de l’impression -avec ses marges financières confortables- et des postes de travail et autres équipements destinés aux utilisateurs finaux, continuent à représenter 49 % de l’activité (respectivement 21% pour l’impression et 28% pour les systèmes personnels), HP poursuit son expansion dans le monde de l’infogérance (un quart du chiffre d’affaires) et dans celui du services (20% de a l’activité comprenant les services support, maintenance et conseils). Seule l’activité logicielle qui ne représente que 3% semble encore un peu poussive. L’épisode Autonomy a certainement refroidi les stratèges du groupe mais 2014 pourrait voire resurgir quelques précieuses alliances dans le domaine.
« En combinant toutes ces activités, du bureau au serveur en passant par les infrastructures cloud, les logiciels, les services, le conseil, nous restons le seul acteur mondial à être présent sur l’ensemble de la chaîne de valeurs », se plaît à répéter Gérald Karsenti, qui a lui même pour la France conçu un programme stratégique baptisé Challenge 2017. « La France représente un marché potentiel de 40 milliards de dollars avec une croissance de un milliard par an, dans les domaines notamment du Cloud, du Software-as-a-service, du big data et de la mobilité ». Ce plan, Gérald Karsenti le détaille d’ailleurs en cinq points (voir ci-dessous).
D’ici à 2017 son objectif est ambitieux. « La croissance du secteur est en moyenne de 4,6% et nous devons avancer deux fois plus vite ». Cela va s’appuyer sur la vente de serveurs dont le rythme reste soutenu selon HP entre fin 2013 et début 2014. Pas de point d’inflexion en vue sur ce créneau mais si cela devait arriver, HP affirme ne pas sentir de ralentissement sur le long terme. « On ne calcule pas ce que l’on perd d’un côté il faut le rattraper de l’autre. Ce qu’il faut avant tout c’est répondre aux demandes du client », commente Gérald Karsenti.
Des partenariats forts dans le cloud et le big data
Il prévoit en parallèle une forte croissance du côté des fournisseurs de services de plus de 65%. Ainsi que la poursuite des ventes sur le marché PME. Le cloud constitue enfin LA source de revenus la plus envisageable. « Nous allons accélérer nos partenariats en Europe avec nos partenaires SFR, Numergy, Cheops, GFI, Antemeta », confirme Gérald Karsenti qui a reparlé d’une offre cloud public chez HP (sur le modèle de l’offre existante aux Etats Unis et dont on attend toujours un déploiement à l’international). « On a regardé de près ce qu’avait fait Amazon et on en a déduit un modèle avec une couche d’accès à la ressource, une couche de design et une couche de portail », détaille Jean-Marc Duffaut, directeur de l’activité Cloud.
Côté Big Data, HP confirme se rapprocher de tous les intégrateurs et autres ISP voire des entreprises elles-mêmes. C’est en effet une tendance du secteur que de voir des clients se tourner vers des acteurs de l’IT pour tenter de mettre en place une stratégie cohérente d’exploitation de leurs données afin de proposer de nouveaux services à leur clients. Interrogé, HP détaille son partenariat avec des acteurs comme Schneider Electric pour réduire la densité et la consommation énergétique des datacenters. « Nous travaillons sur des projets de centres de données clés en main et intervenons avec Schneider dans des programmes de villes et de transports intelligents. En récupérant tout un tas d’informations issus de capteurs ».