Du CDD à l'indépendant, c'est le statut de l'informaticien salarié lui-même qui est mis en question par de plus en plus d'acteurs de la profession.
Un essor à court terme des consultants indépendants
Dan Deville, DGA de Valtech
' Les CDD se multiplieront dans le contexte des entreprises. Et aussi que l'on assistera à court terme à un essor des consultants indépendants, dont la souplesse peut permettre, dans certains cas, une bonne
adaptabilité. '
Le risque n'existe pas dans la banque-assurance
Roland Sire, de la direction des systèmes d'information de Cetelem
' Dans les entreprises dont l'outil de production est l'informatique ?" la banque-assurance, par exemple ?", je ne crois pas que ce risque existe, ni que de nouvelles formes de contrats
soient à inventer. '
Veut-on arriver à un secteur d'intermittents de l'informatique ?
Noël Lechat, secrétaire général de la Fédération CGT des sociétés d'études
' Veut-on créer un secteur d'intermittents de l'informatique ou de vacataires, ou un secteur de haute valeur ajoutée ? Dans ce dernier cas, il faut s'orienter vers des contrats de travail sécurisés.
C'est-à-dire des CDI non attachés à l'entreprise, mais au secteur. Celui-ci pourrait ainsi conserver ses salariés et leurs acquis. '
Les CDD vont se multiplier
Françoise Dissaux-Doutriaux, dirigeante de Kpersonna, cabinet de conseil en RH
' C'est inéluctable. Nous aurons de plus en plus de CDD. Avant, on ne nous aurait jamais demandé de missions en CDD. Maintenant, on le fait pour diminuer la prise de risques. On s'achemine vers un mode de
fonctionnement par projet. Cela prendra du temps à se mettre en place. Mais, économiquement, je crois que l'on tend vers cela, dans tous les secteurs de l'entreprise. Même si l'échéance est plus proche dans
l'informatique. '
Aux Etats-Unis, les licenciés tentent de rebondir dans le conseil
Bruno Garnier, DSI d'Agilent
' A priori, ceux qui auront les compétences ?" et la chance ?" suffisantes pour conserver leur emploi au sein de l'entreprise utilisatrice ne devraient pas voir leur contrat
changer. Dans l'infogérance, un modèle mixte pourrait se mettre en place. Il consisterait à embaucher en CDI des profils " long terme " adaptables ?" chef de projet, business process
manager, intégrateur/coordinateur... ?" et à recourir, le temps d'une mission, aux services d'un expert ?" SAP, EAI, décisionnel, sécurité réseaux...
La tendance aux Etats-Unis ?" et même vantée par les médias ?" est au consulting indépendant. Nombre des licenciés y ont goûté et ont pu rebondir grâce à quelques contrats, parfois signés avec
l'entreprise qui les a licenciés. La plupart du temps, ces consultants indépendants le font pour garder le pied à l'étrier avant de retrouver un emploi. Mais ils éprouvent aussi de grandes difficultés à mener de front leurs activités
administratives, marketing et techniques. En ce sens, le portage salarial peut offrir une structure intéressante, mettant en confiance le consultant et la société cliente. Une précarité sous contrôle, qui permet à chacun de tirer son épingle du jeu,
en limitant les risques. '
Contourner les SSII qui apportent de moins en moins de valeur ajoutée
Mouvement pour une union nationale des consultants en informatique (Munci)
' Aucun syndicat n'acceptera de signer les propositions du Syntec. Mais il est possible les contrats de mission soient votés par l'Assemblée nationale dans une loi sur la formation professionnelle ou sur les
" chèques-emplois " pour les petites entreprises... Les indépendants ou les salariés portés seront de plus en plus sollicités, directement par les clients et par les SSII. Or, ces dernières gèrent de moins en moins bien
la sécurité de l'emploi, tout comme la carrière de leurs collaborateurs.
L'intermédiaire des SSII est donc de plus en plus souvent inutile et coûteux. Au-delà de leur rôle commercial et de cette assurance collective ?" visiblement de plus en plus difficile à maintenir ?"
qu'est l'intercontrat pour le salarié, elles apportent de moins en moins une valeur ajoutée, tant vis-à-vis des clients que de leurs collaborateurs. De plus, l'emploi salarié en SSII peut se révéler ?" surtout en
période de crise ?" aussi précaire et instable que le travail en solo : licenciements abusifs et ruptures abusives de périodes d'essai, obligation d'effectuer des missions éloignées ou ne correspondant pas aux
qualifications.
C'est en réalité le marché, et non le statut qui crée la précarité : il n'existe donc aucune solution idéale ! Néanmoins, le développement de la prestation directe, sans intermédiaire, est profitable au
secteur sous certaines conditions. Et cela grâce aux avantages liés à la compétitivité des prix et à la flexibilité. Cela concerne donc les indépendants, qu'ils soient à leur compte, en portage salarial, ou en coopératives
d'activités. '
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