Est-ce que l’entreprise 2.0 va enfin décoller ?

L'Enterprise 2.0 Summit, qui s'est tenue mi-février, a permis de rappeler combien la route vers l'entreprise 2.0 était longue. En dépit des bénéfices réels avancés par les entreprises matures.
Est-ce que l’entreprise 2.0 va enfin décoller ? C’est l’une des questions qui a été soulevée lors de l’événement Enterprise 2.0 summit de mi-février. Seules 7% des entreprises auraient plus des trois-quarts de leurs salariés présents sur leurs réseaux sociaux internes, selon une étude réalisée en Italie par Emanuele Quintarelli d’EY. Dans plus de la moitié des organisations, l’adoption oscille entre 10% et 20%.
Trop souvent, le réseau social interne n’est pas perçu comme stratégique ni comme apporteur de valeur. Et il reste encore trop souvent loin de la culture de l’entreprise. Mais, « il a fallu plus de 40 ans pour faire de l’email ce qu’il est actuellement » rappelait l’ex-évangéliste IBM Luis Suarez. Les réseaux sociaux sont encore jeunes, il suffirait donc de prendre patience.
Une stratégie qui inclut le haut et le bas de la pyramide
Il n’empêche, on parle depuis longtemps de l’entreprise 2.0 et la route commence à paraître longue à certains. « Sept de vos collègues sur deix se moquent complètement de ce que vous faites. Si nous n’arrivons pas à changer cela, nous n’arriverons pas transformer les entreprises vers le 2.0 » met en garde Luis Suarez.
Pour réussir à atteindre le bout du chemin, quelques facteurs clés de succès ont été évoqués lors de la conférence. Avoir le support de la direction générale est un facteur d’adoption pour 68% des entreprises matures et 47% des celles qui sont en retard, selon l’étude italienne d’EY. « Il faut embarquer les tops managers dès le début du projet, mais c’est très difficile de leur faire comprendre que c’est important » avance Emanuele Quintarelli. En 2009, en pleine crise chez BASF, c’est le comité de direction qui a décidé de poursuivre le projet de réseau social d’entreprise et de le considérer comme stratégique.
Si l'adhésion du top management est importante,les entreprises ont intérêt à opter pour un déploiement hybride. La stratégie doit inclure à la fois haut de la pyramide et l’engagement des utilisateurs finaux. C’est le cas dans 41% des entreprises matures et seulement 18% des retardataires. « Nous essayons de ne pas trop parler stratégie quand nous en faisons. Et nous avançons un pas après l’autre, communauté après communauté » ajoute Chee Chin Liew, community manager d’entreprise chez BASF.
Construire des cas d'usages pour changer les habitudes de travail
Les ressources affectées au projet ne doivent pas non plus être négligées qu’elles soient humaines ou financières. La moitié des entreprises réfractaires n’ont personne chargée de la collaboration en interne. C’est cinq fois plus que celles qui ont réussi leur transformation. Et 56% d’entre elles n’ont quasiment pas d’argent dédié à la collaboration, quand les structures plus avancées ont au moins 100 000 euros de budget annuel. Ce dernier est affecté autant à la technologie qu'à la stratégie et à l’accompagnement au changement. « Hélas, dans la plupart des projets que je connais, l’argent passe dans l’achat de licence et la maintenance », regrette Emanuele Quintarelli.
Autre point à prendre en compte, la moitié des entreprises à la traîne n’ont aucun système pour mesurer l’adoption de leur réseau social contre 9% des plus avancées. « Il ne s’agit pas de mesurer uniquement la participation des salariés mais aussi les bénéfices métiers, commerciaux, etc » explique Emanuele Quintarelli.
Les entreprises doivent construire des cas d’usage concrets sur la manière de travailler avec le réseau social, de partager du savoir, de gérer des processus. Chez Lafarge, le réseau sert par exemple à faire du crowdsourcing pour avoir de nombreuses contributions autour d’une idée métier et au final accélérer le temps de mise sur le marché des produits. Les entreprises cherchent avant tout à gagner des parts de marché ou à améliorer le travail de leurs forces de ventes, mais elles risquent d’avoir à attendre encore un peu avant d’observer ce type bénéfices.