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Les prestataires sont nombreux à se disputer l'externalisation des applications métiers des entreprises. Pour celles-ci, il s'agit de bénéficier d'une continuité de service garantie, tout en dégageant plus de moyens pour leurs
projets stratégiques.
Quand faut-il externaliser ses applications métiers ? La question se pose en priorité dans les services informatiques qui prennent en charge à la fois le support, la maintenance et les projets, selon Jean Velut, directeur
associé de Codilog, le pôle PGI du groupe Neurones. ' Il est impossible de maîtriser les coûts quand tout est confondu, dit-il. Chaque tâche a une unité de temps qui lui est propre : la minute pour le support, la journée
pour la maintenance, et le mois pour les projets. C'est seulement en séparant les équipes que l'on obtient d'importantes économies. Les gains de productivité n'arrivent qu'avec des tâches dédiées. ' Jérôme Barancourt,
directeur de l'activité Application outsourcing chez Accenture, fait la même analyse : ' Le support et le maintien en condition opérationnelle des applications empêchent les équipes internes de se consacrer aux projets
pour lesquels elles n'ont d'ailleurs jamais de budgets supplémentaires. Seule l'externalisation de l'exploitation permettra de dégager plus de moyens. 'Vu des entreprises, la réduction des coûts en soi n'est pas le principal moteur de ce type d'externalisation. Elle viendrait même en dernier, selon une enquête sur l'infogérance des plates-formes applicatives critiques datée de
juin 2007 et menée par le cabinet Markess International auprès de deux cents organisations en France. Arriverait en tête le besoin d'une continuité de service 24 heures sur 24,7 jours sur 7, suivi par l'industrialisation des processus
d'exploitation, une mutualisation plus poussée, une réduction des risques opérationnels et, enfin, une amélioration de la qualité de service et de la sécurité.La valse des technologies joue également un rôle. Le directeur des services administrés de l'opérateur Colt, Francis Weill, estime que ' les externalisations sont déclenchées par le besoin d'une nouvelle
technologie, de nouvelles fonctionnalités, de renforts sur un projet ou sur un événement '. Une vision partagée par Luc Pevere, directeur des services Applications de l'infogérant EDS. ' Si un client ne
parvient plus à faire évoluer son application de gestion des stocks ou de commandes, nous pouvons transformer son système d'information, le rendre plus facilement maintenable, et le préparer aux architectures orientées services
(SOA) ', intervient-il. EDS prend alors l'application afin de la moderniser ou la redéveloppe afin de la rendre plus aisée à maintenir. La SSII s'appuie sur des composants SOA de partenaires tels que BEA Systems ou IBM. Une
modernisation théoriquement menée à moindre coût puisqu'un prestataire mutualise ses compétences entre ses clients.
Rechercher la standardisation
CSC, Capgemini ou IBM GS rivalisent avec EDS sur cette stratégie de transformation qui doit faire partie du contrat. En pratique, le remède courant est de fermer les applications (PGI, GRC...) multiples et spécifiques de
l'entreprise au profit d'une plate-forme unique et standard, et de confier son exploitation hors site à un prestataire le plus industrialisé possible. ' Cette consolidation est toujours très difficile à réaliser en interne. Un
infogérant pourra s'engager sur un prix et un délai, et sera le plus standard possible ', affirme Christophe Lepicier, directeur conseil en charge de l'infogérance chez Steria. Se pose alors la question du découpage des
prestations. Faut-il multiplier les infogérances sélectives ? L'une pour le service desk (support aux utilisateurs), une autre pour l'hébergement et la gestion des infrastructures réseaux et des serveurs, une troisième pour
l'exploitation au quotidien des applications (run), et une dernière pour la maintenance logicielle ? ' En France, les entreprises aiment bien séparer l'infogérance des infrastructures de celle des
applications. Car le meilleur fournisseur de l'un n'est pas forcément le meilleur de l'autre. Et on n'obtiendra pas de gains supplémentaires en retenant un fournisseur commun ', observe Jérôme Barancourt. Le cabinet
d'analystes Forrester Research estime, quant à lui, qu'il est judicieux de confier chaque pan applicatif un peu pointu à un infogérant spécialiste du domaine, tout en conservant de l'expertise en interne. Pour autant, les prestataires préfèrent des
infogérances de plus en plus larges, non seulement pour mieux fidéliser leurs clients, mais aussi pour s'éviter toute querelle de responsabilités. Osiatis est ainsi parti de l'infogérance des postes de travail, des serveurs et du développement
d'applications pour aborder la tierce maintenance applicative et, maintenant, l'infogérance d'applications métiers. Ornis a procédé à l'acquisition de l'infogérant Externall afin de combiner l'hébergement standard et le sur-mesure, sans s'interdire
d'aller ensuite jusqu'à la maintenance logicielle si des clients le demandent. Pour Neurones, le help desk et l'infogérance d'applications vont forcément de pair : l'un est assuré par sa filiale Help-Line, l'autre par sa
nouvelle filiale Codilog. Devoteam, pour sa part, est passé en trois ans du conseil et de l'intégration de systèmes à l'infogérance de production sur site et hors site.
Vers une facturation à l'unité d'?"uvre métier ?
Quant aux infogérants déjà globaux, la tendance est de mettre en place, une fois que l'application métier et sa saisonnalité sont maîtrisées, une prestation calée sur le métier du client. Capgemini a ainsi créé, aux Pays-Bas,
une unité SAP dédiée aux transporteurs. D'autres, comme Steria et Euriware, poursuivent dans la voie d'une facturation à l'utilisation effective, par unité d'?"uvre métier. Il s'agit de facturer le PGI à la tonne d'acier produite, à l'escale
aérienne ou maritime, que l'activité soit à la hausse ou à la baisse jusqu'à 30 %. Une part de flexibilité exigée par les entreprises lassées de modèles tarifaires obscurs et figés. Sans compter que les prestataires ont tendance à vendre cher
toute couverture de nouvelle application, sans alléger d'autant le retrait d'une application obsolète, note Forrester Research. Au débit des clients toutefois, leurs demandes de niveau de service irréalistes entraînent des surcoûts inutiles. Mais la
modélisation d'une part flexible demeure complexe. Euriware, par exemple, ne compte que deux clients ayant adopté ce modèle, et deux autres à l'étude. ' Le client et le prestataire doivent s'y retrouver, bien que le client
n'ait pas accès à tous les paramètres de coût du prestataire. Il faut une relation forte de trois à cinq ans avant d'aboutir ', conclut Jean-Claude Levy, directeur infogérance de la SSII.
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