Facebook : la Bourse ou la vie ?

Si la valorisation de Facebook est importante, elle n’est pas si exceptionnelle que cela et devrait aider l’entreprise à consolider sa présence sur les réseaux sociaux.

Le 18 mai dernier, un nouveau chapitre de la courte, mais délirante, histoire de Facebook s’est écrit, avec l’une des introductions en Bourse les plus médiatisées de ces dernières années. L’entreprise et son emblématique dirigeant ont alimenté la chronique financière depuis le mois de janvier, jusqu’à ce vendredi fatidique, quand l’action Facebook fut introduite au cours de 38 dollars avant de passer les 40 dollars... puis de s’effondrer les jours suivants, pour descendre sous la barre des 30 dollars mardi dernier. Mais alors, Facebook explosera-t-il en vol, comme le suggèrent les prophètes de la nouvelle bulle internet ?
Facebook n’est pas l’ami du boursicoteur
Du point de vue du boursicoteur, pour l’instant, Facebook s’avère un piètre placement. Une baisse de 25 % en deux semaines, ce n’est jamais bon pour le portefeuille d’actions. On voit déjà surgir ça et là les chantres du « je vous l’avais prédit », et les apôtres du « je vous avais prévenu ». Et c’est bien normal. La règle numéro un à apprendre par cœur, quand on décide de jouer en Bourse, c’est qu’on peut y gagner gros et y perdre autant.
Mais Facebook n’a pas été introduit au Nasdaq par simple altruisme, ni pour faire la fortune des boursicoteurs des quatre coins du monde. La mise sur le marché de quelques dizaines de millions d’actions correspond à un schéma de croissance sur le long terme. En voici quelques éléments, qu’il est toujours bon de rappeler.
Facebook est-il trop cher ?
C’est la question que tout le monde se pose. A ce sujet, il est bon de se replonger dans la lecture d’un article écrit par Olivier Ezratty en février dernier. Comparé à ses prédécesseurs Microsoft ou Google, Facebook n’a pas vraiment crevé le plafond. Confronté à des acteurs ou à d’autres grandes sociétés high-tech comme Apple, Intel ou IBM, Facebook possède une meilleure structure de profitabilité. Certes, les niveaux sont encore « faibles » face à ces grands noms : 1 milliard de bénéfice net pour un chiffre d’affaires de 3,7 milliards, le dixième de Google.
Alors oui, avec un PER (Price Earning Ratio) qui frôle les 100, Facebook fait partie des entreprises dotées des niveaux de valorisation les plus élevés. Mais Google, Amazon ou Salesforce présentent également des PER élevés. C’est le lot des entreprises high-tech.
Récompenser les salariés
Au terme de cette introduction en Bourse, Facebook fait désormais le bonheur de son fondateur, de ses premiers investisseurs, mais aussi de centaines de collaborateurs récompensés à coups de paquets d’options. L’histoire se répète, si l'on pense à Google et Microsoft quelques années auparavant.
Que reste-t-il de ces fortunes rapidement acquises ? Certains abandonneront le secteur high-tech pour s’adonner à leur passion ; d’autres feront jouer la concurrence et rejoindront le futur concurrent de Facebook dans une quête éternelle de la boîte la plus fun (et la mieux valorisée), mais l’immense majorité, sans doute, continuera à faire fonctionner l’entreprise au jour le jour.
Faire quelques emplettes
Avec une valorisation de plusieurs dizaines de milliards de dollars, c’est surtout d’une nouvelle force de frappe dont se dote Facebook. L’entreprise a d’ailleurs déjà commencé à dégainer, en rachetant pour une fortune Instagram (une application de partage de photos), Tagtile (un éditeur d’outils de fidélisation client), Karma (une solution de cadeaux sociaux), et pour quelques centaines de millions de dollars de brevets. Et ce n’est qu'un début.
Déjà, la rumeur lui prête l’intention de lancer son propre téléphone mobile (on en parlait déjà il y a un an), d’acquérir le navigateur Opera (parfaitement adapté au web mobile, avec son système de cache intelligent).
Demain, on parlera peut-être de la voiture Facebook, du téléviseur Facebook ou d’un autocuiseur social, peu importe, puisque l’entreprise aura réussi à laisser son empreinte un peu partout, et que c’est là l’objectif essentiel.
The Social Network, épisode 2
Le cours de son action peut bien dégringoler encore quelques mois, il est peu probable que cela fasse sérieusement tanguer le navire. Cette capitalisation dingue va permettre à Zuckerberg et à son équipe de consolider leur présence monopolistique sur les réseaux sociaux. La véritable histoire de Facebook peut enfin commencer…
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