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Grégoire Lassalle, président d'Allociné
La scène se passe dans le salon d'une famille, en France. Il est 20 h 30 et il s'agit de choisir le film à regarder ce soir ensemble. Après avoir rapidement zappé sur les différentes chaînes disponibles, on bascule sur le service de vidéo à la demande que propose le fournisseur d'accès à internet. “ Pour faire un test ”, dit le père. Vingt minutes plus tard, on fait toujours défiler les listes de films, n'ayant pas encore trouvé celui qui va plaire aux quatre membres de la famille. La frustration est telle que l'on revient inlassablement sur le dernier blockbuster dont on a entendu parler, histoire de pouvoir cocher dans sa liste culturelle personnelle la case “ Je l'ai vu ”. Ceci explique pourquoi la fameuse loi de Pareto (les 80-20) se trouve non seulement vérifiée, mais, surtout, renforcée (95-5) : beaucoup d'œuvres sont effectivement à découvrir, mais l'essentiel de la consommation s'opère autour de quelques-unes, généralement celles qui bénéficient d'une mise en avant promotionnelle, décorrélée de toute notion de qualité artistique ou d'intérêt. On parle alors du classique Top des meilleures ventes que l'on voit fleurir sur les sites d'e-commerce, ou du fameux box-office, si l'on tient à une référence cinématographique.
Un choix anxiogène
Aujourd'hui, en raison de la facilité d'accès aux contenus de divertissement, qu'il s'agisse de films, de musique ou de livres, le choix apparaît anxiogène, comme si l'abondance nous mettait face à la difficulté de ne pas se tromper. La critique journalistique ne suffisant plus, de nombreux systèmes de recommandation ont émergé, conçus autour d'algorithmes très différents. Chez Allociné, par exemple, on pratique une approche statistique où les classements des meilleurs films sont calculés à partir de 35 millions de notes accumulées depuis la naissance du site, à la fin des années 90. La société française Spideo, ou encore Jinni développent, elles, une démarche éditoriale. Chez Jinni, on tague les films par sous-genre ou par humeur. Dans le domaine de la musique, l'Américain Pandora a opté pour une analyse scientifique en développant le concept de Music Genome Project. Plusieurs centaines de milliers de morceaux ont été disséqués selon 400 paramètres, allant du tempo aux types d'instruments utilisés.
Les goûts des amis chez Facebook
Enfin, la méthode sociale, démocratisée par Facebook, s'appuie sur le principe que l'on est susceptible d'être plus intéressé par une œuvre si elle est recommandée par un de ses amis. Ainsi, de nombreux services utilisent l'API Facebook, qui permet d'exploiter ses propres goûts, mais aussi ceux de son graphe social. Malheureusement, aucune de ces approches n'est totalement satisfaisante, chacune générant toujours un peu de frustration. Car nos histoires culturelles différentes nous font réagir plus ou moins à certaines œuvres.Cependant, je crois qu'en les mariant on aboutirait à un service de recommandations réellement utile. Par ailleurs, il faut prendre en compte l'éclatement du divertissement au sein de la cellule familiale, chacun y disposant d'un écran, que ce soit une télévision, un ordinateur portable ou une tablette ! On pourrait penser à un service intégrant les histoires culturelles de chacun, pour recommander LE film à voir ce soir, ensemble. S'il est disponible légalement, bien sûr. On y travaille !Grégoire Lassalle interviendra à Courchevel le 8 avril prochain (www.itforbusinessforum.com).
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