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L'archivage légal obéit à des contraintes de conservation et de performance. Des prestataires préfèrent les plates-formes Worm à base de disques magnétiques aux CD-ROM.
L'archivage numérique de documents à valeur probante s'impose aux entreprises. Entre autres exemples : dans une instruction datant du 24 janvier 2006, la Direction générale des impôts a rappelé les obligations en matière
d'archivage des comptabilités informatiques. Pour les entreprises, la contrainte est double : conserver des volumes sans cesse croissants de données, tout en se conformant à des processus complexes de traçabilité, d'archivage, et de
restitution.
De grands projets montrent la voie
Un document Afnor, la norme Z42-013, décrit ces processus. Reste que sa mise en ?"uvre peut tenir des travaux d'Hercule. Ce qui encourage à sous-traiter ce service. Encore balbutiant, le marché du tiers archivage a néanmoins bien
évolué depuis que la Fédération nationale des tiers de confiance (FNTC) en a jeté les fondements à la fin des années 1990, et que CDC Arkhinéo a ouvert la voie. Cette activité doit donc gagner en maturité. Et de grands projets, tel le dossier
médical personnel, pourraient tirer le marché. Le cas du groupe Carrefour, qui s'est lancé en 2004 dans la dématérialisation de sa chaîne de facturation en s'appuyant sur CDC Arkhinéo et son partenaire B-Process, devrait aussi faire école. De fait,
SAP s'intéresse au marché de la facture électronique. Il vient de nouer un partenariat avec le Français Deskom, qui collabore déjà avec CDC Arkhinéo. Les perspectives qu'ouvre la dématérialisation ont encouragé des opérateurs à se lancer dans
l'aventure. L'entreprise peut ainsi s'adresser à des prestataires aux parcours variés (tous ne sont pas aussi bien nés que la filiale de la Caisse des dépôts) qui n'ont pas tous la même lecture des recommandations de l'Afnor. Document relativement
ancien, la norme Z42-013 avait été pensée pour l'usage de supports non réinscriptibles, de type CD, DVD ou DON (disque optique numérique). Les seuls qui, en 1999 et 2000, garantissaient une parfaite intégrité des écritures.
Le CD-ROM victime de sa lenteur d'accès
Depuis, les technologies ont évolué. Des systèmes Worm basés sur le disque magnétique ont vu le jour, et les tiers archiveurs commencent à en tirer parti. En France, le marché est animé par quatre types d'acteurs : le leader, CDC
Arkhinéo, et ses partenaires de dématérialisation ; les grands de l'externalisation, tentés, à l'instar de Steria, d'adapter leur expertise à l'archivage ; les prestataires en éditique, qui, tels Aspheria et Orsid (deux filiales du groupe
La Poste) ou Asterion (filiale de la Poste belge), font du tiers archivage une activité complémentaire de leur c?"ur de métier ; et, enfin, les spécialistes de l'archivage physique attirés par le numérique. Tous doivent tenir compte des
limites techniques des supports Worm conventionnels. Difficile, en effet, de proposer des services de consultation en ligne performants pour des archives consignées sur CD-ROM, ou même sur DON. Pour concilier les contraintes de conservation et de
rapidité d'accès, certains ont fait table rase des supports Worm physiques au profit de systèmes d'archivage sur disques. A l'instar de Steria, qui, il y a deux ans, a lancé son offre Stromboli, une solution d'archivage légal construite sur la base
de logiciels d'origine STS et de baies de disques Centera d'origine EMC. Depuis, l'hébergeur a modéré ses ardeurs de tiers archiveur, et propose aussi Stromboli dans le cadre de prestations d'intégration sur site. Internes ou en partie
externalisées, les solutions de dématérialisation basées sur Stromboli témoignent de l'évolution du marché, prêt à accepter les solutions coffre-fort à base de disques. Pour sa part, CDC Arkhinéo n'a jamais douté de la capacité du disque à
satisfaire aux contraintes de conservation et de performance. Parti sur des technologies d'origine Zantaz, il a développé une plate-forme hautement disponible et redondante (les archives étant répliquées sur trois sites différents), basée sur des
baies EMC en Raid 5 et des systèmes de sauvegarde sur bande (DLT).
De multiples mécanismes de verrouillage
Le dispositif de contrôle et de verrouillage logiciel est si sophistiqué que l'opérateur a jugé utile de déposer la marque Coffre-fort électronique. Pour garantir l'intégrité des archives sans pour autant prendre connaissance des
contenus, CD Arkhinéo fait appel à des dispositifs de calcul d'empreintes binaire des documents en phase de capture. Ces captures sont horodatées et les documents cryptés par un mécanisme à double clé - publique et privée -, qui aide le client à
accéder à son archive. Lors de la restitution, chaque opération de retrait s'accompagne d'un nouveau calcul d'empreintes. Celles-ci sont comparées aux originelles, pour vérifier que le document n'a pas été modifié. Par cette multitude de mécanismes
de verrouillage, CDC Arkhinéo a rendu caduc le recours aux supports optiques Worm. Le CD-ROM continue d'avoir la cote chez certains opérateurs. Mais même ses partisans les plus fervents - Orsid et Asterion, notamment - l'incorporent dans des
environnements de traitement et de conservation mixant plusieurs types de supports de stockage : l'optique Worm, le disque, et parfois aussi la bande magnétique. Cela afin de répondre à plusieurs contraintes : la conformité à la norme
Z42-013 ; la tolérance de sinistres ; et la performance en consultation en ligne. Ainsi, pour assurer les services de création, de conservation, et de restitution des archives, la société Asterion a monté une solution d'archivage à
plusieurs étages, e-Star. Elle est exploitée dans les locaux blindés de son ancienne filiale Asterion Sud, à Carcassonne. Les traitement et scellement des documents dématérialisés sont pilotés par le serveur d'archivage. Lequel alimente une base de
données Oracle, et génère un flux unique de données pour alimenter les systèmes de conservation et de restitution. Pour la conservation à long terme, Asterion met en ?"uvre une tour de gravure de CD et DVD. Les supports optiques Worm sont produits
en double exemplaire, et conservés sur deux sites distincts. Pour la consultation sécurisée en ligne, les images PDF des documents sont stockées sur disques ou sur bandes AIT de type Worm, selon que l'on souhaite accéder immédiatement ou en différé
aux archives. La société s'appuie sur Certiposte et Belgacom pour leurs services de certification et d'horodatage.
La gravure n'est plus incontournable
En grossissant le trait, on pourrait dire que le recours au CD-ROM répond davantage à un souci de respectabilité qu'à des contraintes techniques ou fonctionnelles bloquantes. Certes, la mise en ?"uvre d'une tour de gravure s'avère
bien moins onéreuse que celle d'un système Centera. Mais des tests sont alors à prévoir pour garantir la pérennité des archives sur CD. En matière de choix techniques, les opérateurs doivent donc être ouverts aux solutions d'archivage modernes.
Nouveau venu dans le domaine, Locarchives met ainsi en ?"uvre le coffre-fort logiciel de Cecurity.com. Cette solution se veut indépendante des ressources de stockage. Pourtant elle prévoit un mode de restitution sur CD-ROM. Selon la demande du
client, les archives PDF-A sont conservées sur les disques verrouillés du coffre-fort ou gravées sur CD. Dans ce dernier cas, deux jeux de CD sont produits et stockés dans deux sites protégés. La fiabilité de ces supports fait ensuite l'objet d'une
surveillance régulière. Locarchives a mis en place une procédure de test d'exploitabilité des CD. En définitive, il n'y a pas qu'une façon de construire une plate-forme de services d'archivage légal. On ne demande pas aux opérateurs de se conformer
à une technologie plutôt qu'à une autre, mais de répondre à des problématiques et processus métier pour le moins complexes. Comme l'a constaté Steria, il ne suffit pas d'être un hébergeur reconnu pour percer. Mais, on ne peut que souligner la
justesse du modèle économique de CDC Arkhinéo. Lequel s'appuie sur des spécialistes de la dématérialisation, tels B-Process, CNCC, Deskom, ou Pixid. Et l'on peut parier que les archiveurs physiques, malgré leur faible expérience du numérique,
sauront conquérir une place dans ce secteur.redaction@01informatique.presse.fr
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