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Métiers traditionnels du secteur, les ingénieurs nouvelles technologies et les consultants métier restent les valeurs phares de l'an prochain. Face à la pénurie, les critères de sélection s'élargissent. Universitaires
et non informaticiens
Jeux, concours, matchs de foot, campagnes de communication, opérations de recrutement en un jour et autres balades sur Second Life... La frénésie des recrutements dans le secteur rappelle étrangement les ' belles
années ' de la fin de siècle dernier. Tout est bon pour attirer des candidats qui, sans même répondre aux annonces, sont harcelés par des dizaines de recruteurs.Les candidats, justement ? Pour l'essentiel, des ingénieurs de développement compétents en ' nouvelles ' technologies ?" Java, J2EE ou .Net (voir p. 36) ?", expérimentés ou
jeunes diplômés. Mais aussi dans une moindre mesure, les consultants métier, en particulier sur les PGI. Voilà en résumé les profils que s'arrachent désespérément les SSII. Et les prévisions pour l'an prochain ne présagent pas
particulièrement d'une accalmie. La plupart des recruteurs font état, comme Yves Buisson, directeur associé recrutement d'Unilog,(LogicaCMG), d'un ' optimisme prudent '. Mais leurs prévisionnels sont
soit équivalents à ceux de cette année soit supérieurs. Ce sont donc des milliers d'ingénieurs développement et de consultants qui feront l'objet de toutes les convoitises en 2008.
Les clients débauchent en masse chez leurs prestataires
D'autant que les SSII, longtemps reines sur ces profils, se voient de plus en plus concurrencées par leurs propres clients. Les grands comptes et grandes PME n'hésitent pas en effet à recruter sur ces postes, préférant
pour cela débaucher leur personnel prestataire après quelques mois passés en régie. Conséquence logique : entre les chasses qu'elles se livrent entre elles et les appels d'air provoqués par leurs clients, les SSII souffrent d'un
turnover plafond ?" de 15 % en moyenne ?", mais qui peut atteindre plus de 30 % chez certains !Si le procédé n'a rien de nouveau, c'est donc son intensité qui accentue la frénésie sur le marché du travail. ' Pour pourvoir les 600 postes que nous devons réaliser l'an prochain,
nous allons recruter un grand nombre de nos prestataires ', indique ainsi la responsable recrutement d'une grande banque. Mais il n'y suffira pas. Le passage des systèmes d'information aux technologies
objet et internet ne peut plus être différé, de même que les évolutions liées aux PGI. Tous les ingénieurs ou apparentés seront donc mobilisés l'an prochain pour ces projets, tant chez les utilisateurs que chez leurs prestataires de
services.Et la foire d'empoigne ne s'arrête pas là. Les éditeurs logiciels, eux aussi, recherchent des pointures pour renforcer leurs services R&D. ' Sur les profils d'ingénieurs de
développement et de tests que nous recherchons majoritairement, le marché penche nettement en faveur des candidats. Nous devons donc faire de la chasse auprès de nos concurrents ', indique Patrick Houry, en charge du
recrutement pour le pôle R&D de Business Objects en France.Face à cette ' nouvelle ' concurrence, les SSII souffrent cependant d'un handicap de taille. Les années noires ont largement entaché leur réputation, accentuant leur image historique de
' marchands de viande '. Du coup, elles sont obligés de déployer des trésors d'imagination pour convaincre les rares candidats qui, logiquement, préfèrent des postes plus stables et moins risqués. En revanche, les
ingénieurs et consultants issus des SSII ne trouvent pas forcément chaussure à leur pied. Eux aussi souffrent ?" par ricochet ?" de la mauvaise image de la prestation de service. ' Nous ne fermons pas la
porte à ceux qui viennent des SSII, à condition qu'ils comprennent bien les notions de temps et de qualité qui sont absolument essentiels dans notre activité ', prévient Patrick Houry.
Le retour en grâce des profils universitaires
Conséquence logique, l'ouverture des recrutements aux universitaires, longtemps méprisés, revient en force en 2007 et s'accentuera nettement l'an prochain. Pour certains, il ne s'agit là que
d'ouvrir une vanne, faute de mieux. Pour d'autres, le recrutement d'universitaires constitue une véritable découverte. ' Les universitaires ont non seulement la compétence, mais aussi
l'humilité, explique Amadou Ngom, PDG de Des Systèmes et des Hommes, qui compte bien recruter 80 % d'universitaires l'an prochain. Ils ont une approche moins péremptoire des problématiques, une qualité
indispensable dans nos métiers. Maintenant que nous y avons goûté, nous allons poursuivre dans cette voie, d'autant que nos clients ne sont pas regardants sur ce critère. 'Bonne nouvelle, donc, pour ces diplômés longtemps laissés pour compte, même si certains recruteurs déplorent la complexité du système universitaire. ' Les démarches auprès des établissements sont plus
difficiles, déplore Yves Buisson, d'Unilog. Les universités sont moins organisées que les écoles d'ingénieurs. Il nous faut faire le tri, trouver le bon interlocuteur... '.Mais le cursus de formation ne fait pas tout. Certes les parts de recrutements de jeunes diplômés ne faiblissent pas, bien au contraire. Mais ce que tous les recruteurs s'arrachent, ce sont les profils confirmés
?" avec 2 à 5 ans d'expérience en moyenne. Comme peut en témoigner Unilog, recruteur emblématique de jeunes diplômés. ' Sur les 2 100 personnes que nous aurons embauchées fin 2007, 62 %
seront des débutants, contre 75 % les années précédentes. Et nous comptons bien maintenir ce ratio l'an prochain. Nous voulons attirer les profils expérimentés. '
Les non-informaticiens tentent leur chance
Mais un simple coup d'?"il aux prévisions de recrutement de tous les acteurs du secteur suffit pour s'en convaincre : débutants ou expérimentés, les ingénieurs et universitaires sur le marché ne combleront
pas tous les besoins. Les recruteurs sont ainsi confrontés à un véritable casse-tête. Où trouver les ressources nécessaires pour mener à bien les projets prévus ? Comment faire pour éviter de refuser des missions, faute de
compétences ?Logiquement, et comme cela s'est produit à plusieurs reprises dans l'histoire, les vannes sont à nouveau ouvertes pour les non informaticiens. A commencer par les diplômés de filières scientifiques, reconvertis aux
technologies de l'information. Mais l'affaire est moins simple que lors des périodes antérieures. Lourde et complexe, la formation aux nouvelles technologies ne s'improvise pas.C'est plutôt sur les profils de consultants que les non informaticiens peuvent tenter leur chance. Les initiatives des recruteurs sont innombrables dans ce domaine. L'opération ' Nos quartiers ont du
talent ' vise par exemple à attirer des professionnels des ressources humaines, issus des quartiers ' sensibles ', pour travailler sur les systèmes d'information de ressources humaines. Les sessions de
formation organisées par Oracle fournissent quelques consultants à une brochette de grandes SSII associées ?" bien que concurrentes. Une opération baptisée ' Oracle Community ' qui s'adresse à des spécialistes
de métiers liés aux PGI comme la comptabilité, les finances ou les RH.Si certains s'improvisent sur ce terrain, d'autres en font depuis de nombreuses années le principal canal de recrutement. Ainsi, Cegid, à la fois éditeur, intégrateur et distributeur, privilégie depuis toujours les
profils ' atypiques ', loin des stéréotypes. ' Les 150 personnes que nous recruterons l'an prochain seront majoritairement issues des univers de nos clients tels que l'industrie, la
restauration ou la mode, indique Pascal Guillemin, responsable RH de Cegid. Nous avons toujours intégré des gens très hétérogènes. Nous n'avons aucune difficulté sur ce point. 'La raison de l'ouverture de l'éditeur lyonnais est simple : ' Depuis 20 ans que Cegid existe, nous avons toujours privilégié le fait que celui qui développe doit bien connaître
l'environnement pour lequel il travaille. Un produit technologique pur ne sert à rien ! 'Une ouverture qui couvre également des champs peu investis par le secteur. Les seniors, d'une part, et les bac +2, d'autre part, trouvent ici la possibilité de défendre leur candidature. Si elle s'avère de plus
en plus rare pour les seniors, l'opportunité pour les bacs +2 est beaucoup plus fréquente qu'on ne le dit. Les centres de services, qui augmentent encore leur implantation et leurs effectifs en région, sont de plus en plus friands de
ces très bons techniciens qui suivront, au bout de deux ou trois ans, le même parcours que leurs collègues ingénieurs.
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