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Les éditeurs de PGI s'inquiètent du manque de consultants. Ils renforcent leurs partenariats avec les SSII, les centres de formation, mais aussi avec l'Education nationale.
Administrateur des ventes, assistant contrôleur de gestion, responsable des ressources humaines... Ces métiers exigent désormais la connaissance des progiciels de gestion intégrés (PGI). Et c'est l'une des raisons pour laquelle
l'IUT de Tarbes a planché sur le sujet. Résultat : les 24 étudiants de la promotion de licence professionnelle Systèmes d'information intégrés et communication (SIC) bénéficient désormais de modules de formation aux PGI.
' Cette licence répond à un besoin professionnel. En premier lieu parce que la mise en place de ces progiciels dans les entreprises entraîne des coûts cachés de formation, d'information et de
communication ', estime Bertrand Fauré, responsable de la licence SIC.
Les IUT se réveillent
L'IUT de Tarbes n'est pas le seul à avoir récemment introduit le PGI dans son cursus de formation. L'IUT de l'Université Paris-V vient aussi de lui ouvrir ses salles de cours. Et les entreprises se ruent déjà sur les étudiants.
' Nous formons actuellement une quinzaine de personnes, mais le marché pourrait en absorber 1 500 ', se réjouit Daniel Alban, responsable de la licence professionnelle Système d'information et
logiciel. Le module PGI, qui constitue l'une des trois spécialisations de cette licence, forme des paramétreurs. Le parcours est découpé en quatre étapes : la présentation de la problématique PGI, la formation à un outil, l'initiation à la
conduite de projet et, enfin, la réalisation d'un projet mené sous la responsabilité d'un consultant de Sage (ex-Adonix).L'enseignement privé enrichit, lui aussi, son offre de formation. Un nouveau master consultant ERP ouvrira ses salles de cours le 12 février prochain à Paris. Cette formation en alternance, dispensée par l'Ecole privée des
sciences informatiques (Epsi), a pour ambition de répondre directement aux besoins du marché. Au point que Sopra, partenaire de cette formation avec SAP, fait une belle promesse aux 30 à 40 étudiants de la première promotion.
' Nous garantissons l'embauche des personnes ayant obtenu leur master ', affirme Noël Bouffard, directeur délégué à la direction générale de Sopra. Raison pour laquelle les étudiants doivent choisir une
spécialisation métier : finance, logistique... sur SAP.
Les étudiants veulent être plus opérationnels
Les formations de l'Education nationale prennent donc progressivement en compte les besoins liés aux PGI. En général, trois points les caractérisent. Tout d'abord, écoles et universités s'adressent généralement à des étudiants en
formation initiale. Ensuite, elles offrent un enseignement de management de projet, peu présent dans les formations professionnelles interentreprises (réunissant des salariés de différentes sociétés). Enfin, une partie du cursus repose sur du
contenu générique, voire théorique. C'est d'ailleurs tout l'intérêt et toute la difficulté à laquelle est confrontée l'Education nationale : les cursus doivent rester indépendants d'un produit commercial particulier. ' Un
cours de GPAO [gestion de production assistée par ordinateur ?" NDLR] sur SAP doit rester un cours de GPAO. Tous les enseignants de l'Eduction nationale se heurtent à ce problème. Dans le même temps, les étudiants
cherchent à être opérationnels ', constate Claire Heitz, déléguée à l'évolution des emplois et des compétences au Syntec. L'Education nationale examine donc une démarche intermédiaire, qui commence à se profiler, à l'image de
ce que propose l'IUT de Paris-V, dont la formation mêle cours génériques et utilisation d'un progiciel en particulier. Tandis que l'éditeur Sage embauche les deux premiers de la promotion, ' d'autres diplômés sont,
aujourd'hui, salariés dans des sociétés de services, qui ne travaillent pas forcément sur les solutions de Sage, mais ont besoin de personnes connaissant les PGI ', constate Daniel Alban.Pour être immédiatement opérationnel, mieux vaut, cependant, se tourner vers les formations interentreprises. Avec pour risque de limiter les possibilités d'évolution de carrières par une compétence trop liée à un outil. Ces
formations sont dispensées soit par les éditeurs, soit par un partenaire, une SSII ou un spécialiste de la formation. L'offre est, là aussi, très dynamique. A l'instar d'Oracle, qui tente d'adapter son catalogue pédagogique à celui de ses progiciels
toujours plus nombreux. L'éditeur muscle son offre notamment en développant son réseau de partenaires à l'aide du programme Oracle University. Comme ses concurrents, la firme intervient sur les domaines technique et fonctionnel. L'objectif,
ambitieux, consiste à former, en France, 350 consultants PGI dans les deux prochaines années. A la fin de la première session, en juillet dernier, 44 collaborateurs répartis entre les partenaires Bearing Point, Capgemini, KSA et Steria, ont obtenu
ce statut. La seconde campagne de formation devrait toucher 64 personnes réparties chez huit partenaires. ' Ce programme aide des fonctionnels à obtenir une double compétence, métier et informatique. Il cible un produit
particulier, tel qu'Oracle e-Business Suite ou Peoplesoft RH ', précise Jean-Jacques Panissie, responsable du programme University. Autre particularité : les sessions se déroulent dans les locaux d'Oracle. Contrairement
à Microsoft, qui ne délivre aucune formation directement, préférant laisser ses partenaires s'en charger. L'éditeur réfléchit néanmoins à deux approches, dont l'une consiste à augmenter le nombre de consultants PGI avant-vente pour faire face à la
pénurie de compétences. ' Nous disposons de plusieurs leviers. L'un d'entre eux repose sur la présence de ERP Dynamics dans les formations de troisième cycle ', explique Valérie Gelperowic, responsable
marketing pour Channel Microsoft Business Solutions. Le second axe vise à reconstruire une méthodologie globale avec certification à la clé. Ce travail devrait être terminé en avril.
SAP investit écoles et universités
Quelque 1 200 sessions de formations délivrées à 10 000 stagiaires. Tel est le bilan chiffré des enseignements dispensés par SAP à ses clients et partenaires. Auquel il faut ajouter la forte présence de l'éditeur dans les
universités et écoles de l'enseignement supérieur. Comme ses concurrents, l'éditeur allemand ne délivre pas de véritable formation au management de projet. Un problème qui explique les difficultés rencontrées dans le déploiement des PGI.
' Mes consultants se forment en s'appuyant sur trois axes que sont le métier, l'outil et la conduite de projet et de changement. Si l'un d'eux est négligé, on risque d'aller au-devant de difficultés ',
alerte Frédéric Fournier, dirigeant d'Aimagest, intégrateur des PGI Divalto et Navision.Autre défi à relever : les PME. De plus en plus nombreuses à s'équiper, elles disposent de moyens de formation très limités. Hédiard en a fait l'expérience. Lors de l'adoption du progiciel JD Edwards, l'entreprise de 200 salariés
a choisi de former un utilisateur clé par service qui à son tour transmet ses acquis à ses collègues. ' C'est une démarche très difficile à mettre en ?"uvre, car ces utilisateurs ont déjà des journées très
chargées ', regrette Stephan Krymer, directeur administratif et financier de l'épicier de luxe.l.arbelet@01informatique.presse.fr
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