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La chaîne française d'information internationale a inauguré son antenne le 6 décembre dernier. Misant sur la convergence numérique, elle a été créée en un temps record.
France 24 a élu domicile dans un immeuble flambant neuf du quartier d'affaires d'Issy-les-Moulineaux. Sur la façade, défilent les titres des informations diffusées par câble et satellite dans 90 pays et via le site web de la chaîne. Début 2006, lorsque le projet reçoit le feu vert officiel, l'immeuble est encore un vaste chantier. En février, Frédéric Brochard est nommé directeur des technologies. Il dispose d'un budget de 17 millions pour recruter son équipe et mettre en place en urgence tous les moyens techniques. ' La date de lancement a été rapidement fixée au 6 décembre par le directoire de la chaîne, rappelle-t-il. Dès lors, il était inenvisageable de la décaler. Nous savions que nous allions travailler en mode TGV. ' Un appel d'offres est lancé, divisé en trois lots. En mai, ces lots sont attribués successivement à Grass Valley (filiale de Thomson) pour le matériel vidéo, Sys-Dis et Silicomp pour l'informatique et l'infrastructure réseau, et à Avid, enfin, qui fournit le système éditorial et prend la double casquette d'intégrateur et de gestionnaire de projet. ' Contrairement aux chaînes traditionnelles qui utilisent encore un flux important de cassettes, France 24 est passée au tout-numérique sur un seul réseau IP. C'est également l'un des premiers sites européens à utiliser conjointement nos dernières générations de systèmes éditoriaux et d'architectures de stockage ', souligne Françoise Semin, directrice générale d'Avid Europe du Sud. Venu de France Télévisions, Frédéric Brochard s'étonne aussi du bond technologique : ' En quatre ans, la quantité d'information qui peut être traitée sur le réseau a été décuplée. Désormais, toute la partie audiovisuelle est fondue dans l'informatique. La contrepartie inquiétante est que si le réseau tombe, tout s'arrête. '
Une architecture redondante
Pour éviter toute déconvenue, Silicomp et Avid ont mis en place une infrastructure où tous les flux internes et externes sont redondants. Au c?"ur du dispositif, deux commutateurs fédérateurs 10 Gigabit (Cisco Catalyst 6509) desservent, par des liens croisés, les commutateurs de périphérie dédiés à la production et à la bureautique. Les équipements de sécurité et les liens télécoms sont également doublés.Sur la partie informatique, la virtualisation est reine. Côté serveur, toutes les applications (bureautique, contrôleurs de domaines, antivirus, serveurs de fichiers...), à l'exception d'Exchange, sont virtualisées avec VMware. ' Cela dans une logique de consolidation, mais surtout parce que l'approche par service permet d'avoir une tolérance de panne beaucoup plus importante qu'avec des systèmes physiques ', explique Jean-Yves Valenza, directeur général de Sys-Dis. Côté client, ACE de VMware a également été retenu pour confiner l'environnement bureautique et mieux contrôler la distribution logicielle sur tous les postes. Cette partie bureautique s'appuie sur huit serveurs (HP ProLiant DL380 G4) avec un SAN dédié de 3 To (Baie HP EVA 6000).
Rédaction étendue et high-tech
Installés sur un plateau de 1 000 m2 équipé de studios et de régies pour des journaux en trois langues (français, anglais et bientôt arabe), les 180 journalistes de France 24 peuvent intervenir à toutes les étapes de la chaîne de production grâce à Interplay d'Avid. Cette puissante plate-forme lancée en 2006 associe gestion des médias et workflow de production, et peut automatiser la diffusion sur le web. Depuis leur poste de travail polyvalent, les journalistes peuvent accéder à tous les services : captation et indexation d'images, préparation des séquences avec des pointeurs, montage, commentaires multilingues, envoi vers la régie... En arrière-fond, tous les fichiers numériques, soit environ 3 000 heures d'images, sont stockés dans une base unique. ' Pour une image non dégradée, une activité comme le montage impose un débit constant entre le stockage, le réseau et l'application finale ', rappelle Françoise Semin. Pour répondre à cette contrainte, Avid a mis en place une grille de stockage basée sur son architecture Isis. Elle se compose de six châssis de seize lames offrant une capacité totale de 96 To (48 To utiles en raid 0+1). ' Non seulement 80 clients peuvent accéder simultanément aux fichiers en haute résolution [format DB 25 à 25 Mbit/s, Ndlr] mais Interplay maintient une arborescence claire de la base pour chacun des intervenants ', se félicite Frédéric Brochard. Pour alimenter la base, la chaîne a mis en place avec Colt un réseau de contributions vers ses principaux partenaires (TF1, France Télévisions, AFP...). ' Ces liaisons à 270 Mbit/s pour des fichiers non compressés sont redondantes et évolutives. Elles pourront monter demain à 1,5 Gbit/s pour la HD ', commente Stéphane Vignon, spécialiste des solutions audiovisuelles chez Colt. Quant aux reporters de la chaîne, ils sont munis de portables avec interface d'acquisition, et peuvent envoyer leurs images sur un serveur FTP soit par ADSL, soit par satellite avec des valises BGAN d'Inmarsat.Mettre en place toute l'infrastructure en quelques mois a été une gageure. ' Le plus dur a été d'interfacer plusieurs systèmes de dernière génération. Il aurait fallu tout tester au préalable. Les délais nous ont forcés à transgresser pas mal de règles de bonne conduite de projet ', déplore Frédéric Brochard. Sans parler des travaux de finition du bâtiment qui se sont étalés presque jusqu'à l'ouverture obligeant les équipes techniques et celles du BTP à travailler de concert. Autant de difficultés qui n'ont pourtant pas fait rater à France 24 son rendez-vous du 6 décembre pour effectuer, en présence de Jacques Chirac, son grand plongeon dans le PAF mondial.
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