France Télécom " Le battage médiatique autour du WAP est aussi une manière de ''préempter'' le territoire. '

Ceux qui maîtrisent les contenus ont de faibles audiences
Patron du multimédia à France Télécom, Nicolas Dufourcq incarne la nouvelle génération de dirigeants de l'opérateur public. L'introduction en Bourse de cette activité est déjà une forme de consécration pour ce jeune homme pressé, nommé
directeur général de Wanadoo il y a deux ans. Reste à transformer l'essai, autrement dit à " tenir " sur la durée. Une tâche délicate dans cet univers mouvementé, mais pour laquelle il semble bien préparé.Quel est votre modèle économique sur Internet ? Autrement dit, quelle sera la clé de répartition entre publicité, intermédiation et services payants ? D'ici à cinq ans, nos revenus en France se répartiront en trois tiers : un tiers pour la publicité et l'intermédiation par le biais des portails, un tiers pour l'activité annuaire et un tiers pour l'accès.Et l'Internet mobile ? Certains spécialistes des contenus, à l'instar de News Corp., considèrent qu'il ne s'agit que de " commodités " relativement marginales...C'est comme si on parlait d'Internet en 1992. A l'époque, ce n'était pas évident de faire des prévisions ! Aujourd'hui, il y a une telle dynamique autour du Web que la perspective d'avoir de l'image ou du son sur son terminal va se
concrétiser ; c'est une question de bon sens. En attendant, l'Internet mobile, c'est du Minitel mobile. Ce qui n'est déjà pas si mal.Le battage médiatique autour du WAP n'est-il pas surdimensionné par rapport aux services réellement offerts ? Comment expliquez-vous cette débauche d'énergie en regard de la pauvreté des services proposés ? C'est vrai, tout reste à inventer - on y travaille activement - et on peut critiquer, mais il faut tout de même être fair-play. Les cours de Bourse en temps réel à partir d'un portable, c'est un vrai service. Les applications de ce
type vont se multiplier, c'est inévitable. Pour ce qui est de l'énergie déployée autour du WAP, c'est aussi une façon de " préempter " le territoire tellement la bulle de communication est énorme. Pour l'instant, on teste le marché. Prenez
l'opérateur japonais DoCoMo. Il s'est donné trois ans pour lancer ses services. On ne peut avoir qu'une démarche incrémentielle ; on y va, on rectifie le tir et ainsi de suite...Le positionnement du WAP aujourd'hui est très grand public. N'est-ce pas paradoxal sachant que les entreprises sont les meilleurs clients des opérateurs cellulaires ? Certes, le positionnement du WAP est grand public ; mais même si cela se sait moins, nous avons aussi un portail WAP dédié aux entreprises.Fort du succès de vos différents portails (Voila, Wanadoo et Pages Jaunes), jusqu'où comptez-vous vous développer dans les contenus ? Où situez-vous la frontière entre Net companie et Media companie ?Nous ne cherchons pas particulièrement à investir dans les contenus, car ce n'est pas très rentable. Du fait de l'envolée des prix, les contenus coûtent d'ailleurs de plus en plus cher à produire.France Télécom a longtemps exercé un quasi-monopole dans la boucle locale et donc, sur l'accès physique à Internet. Quels seront, sur ce créneau, vos concurrents les plus dangereux dans les années à venir (câblo-opérateurs comme Noos,
opérateurs de boucle locale radio ou spécialistes du dégroupage) ?Les câblo-opérateurs et les spécialistes du dégroupage. Je ne crois pas à l'existence d'un marché grand public au niveau de la boucle locale radio.Que répondez-vous aux accusations de subventions croisées au sujet de la commercialisation de Wanadoo, notamment par le biais de votre réseau d'agences ?Pourquoi " croisées " ? Nous avons des contrats de distribution avec nos agences. La seule question est celle de l'exclusivité de la distribution de nos produits.Entre l'accès et les contenus, comment va se partager la chaîne de valeur dans les hauts débits ?Difficile à dire. Cela dépendra de l'impact du dégroupage et de la concurrence. La marge brute devrait être plus importante pour ce qui est des portails. L'accès sera également bénéficiaire compte tenu du volume, mais les marges
seront faibles en raison de la guerre des prix.Quelle est votre position sur le dégroupage de l'accès radio ? Et pour vos opérations à l'étranger lorsque vous n'êtes pas vous-même opérateur cellulaire ?Nous n'y sommes pas favorables. Contrairement au réseau fixe, les infrastructures cellulaires ne sont pas complètement amorties.Qu'est-ce qui différencie fondamentalement Voila Mobile de Vizzavi ?Il n'y a pas de véritable différence de concept, mais plutôt de philosophie. Disons que dans Vizzavi on trouve beaucoup de contenus issus du groupe Vivendi et que Voila Mobile est plus ouvert. Nous disposons, en outre, d'un moteur de
recherche particulièrement puissant.En ce qui concerne TPS, quel sera son portail d'accès à Internet (Noos, Wanadoo ou M6) ?TPS n'appartient à personne, si ce n'est à TPS. C'est même l'une des raisons de son succès. S'il y a un service d'accès, ce sera TPS Net.Quel est le sens du récent rachat d'Alapage.com face à la montée en puissance de la Fnac sur Internet ou à l'arrivée en France d'Amazon.com ?Ce sera dur pour
Amazon.com et nous avons beaucoup de respect pour la Fnac. En ce qui concerne Alapage, nous avions l'opportunité d'attaquer le marché du commerce électronique et nous l'avons saisie. On le fait même
par les deux faces : celle des galeries marchandes, comme sur Voila, et celle où nous sommes nous-mêmes les marchands.
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