Frédéric Delezenne (ville de Soissons) : ' je m'accorde trois ans pour passer à une architecture web sous Linux '
Responsable, depuis quinze mois, de la DSI de la ville de Soissons, Frédéric Delezenne s'est fixé deux buts : migrer vers l'open source et faciliter le quotidien des usagers.
Quel système d'information avez-vous trouvé lors de votre arrivée il y a quinze mois ?Frédéric Delezenne : J'ai découvert une informatique qui fonctionnait, et des logiciels métier dans chaque service. Une situation bien différente de celle de mon précédent poste à Sedan, où j'avais créé le service informatique et passé cinq ans à mettre en place l'infrastructure. J'ai également rencontré une équipe très motivée, loin de la caricature du fonctionnaire. Cela dit, le système d'information évoluait peu, sans tête hiérarchique ni culture du travail en mode projet.Avez-vous cherché à exploiter cette situation pour tout changer ?FD : A la vérité, dès mon arrivée, une pile de dossiers m'attendait : passage à la version 10g d'Oracle, consolidation de sept serveurs Windows sur quatre serveurs Linux, et mise en place d'une nouvelle politique de sauvegarde avec remplacement des bandes par des disques. Nous avons aussi modernisé la gestion du réseau en migrant vers Active Directory, puis déployé de nouveaux logiciels pour les ressources humaines, la finance et les élections. Si l'on y ajoute les turbulences liées aux échéances électorales et la préparation budgétaire 2008, cela donne un programme honorable pour une équipe de quatre personnes.L'open source constitue-t-il un axe stratégique à Soissons ?FD : Oui, mais nous avançons pas à pas. Depuis un mois, toutes les machines que nous livrons démarrent au choix sous Windows XP ou Ubuntu. L'an prochain, Office disparaîtra au profit d'OpenOffice. De même, nous envisageons de basculer vers une messagerie open source, car la migration vers Exchange 2003 coûte trop cher. Mon objectif consiste à franchir le Rubicon en 2010, avec l'abandon du client-serveur au profit d'une architecture web sous Linux.Le marché permet-il de se passer de Windows ?FD : Cela fait un an que je discute avec mes fournisseurs pour vérifier s'ils sont prêts à franchir le pas et, si nécessaire, à réécrire leurs applications. Peu s'en vantent, mais certaines collectivités ont expérimenté le libre et ont fait machine arrière. Il faut donc bien baliser le terrain.Quelle autre évolution pourrait avoir un impact sur votre système d'information ?FD : Les manifestations que je suis (Salons des maires et des collectivités locales, de la GED, Solutions Linux...) soulignent la montée en puissance des applications hébergées. Economiquement viable, ce modèle simplifie l'informatique et la rend limpide. Mais déléguer l'hébergement et la maintenance des applications peut amener à réduire les effectifs dans les services informatiques. Il faut être lucide sur l'évolution du métier, mais rester vigilant sur ce point.Adopter le modèle hébergé reviendrait donc à se tirer une balle dans le pied ?FD : Non, si cela aide à se concentrer sur d'autres missions telles que la mise en place d'outils transversaux. L'architecture, qui est l'huile dans les rouages, doit aussi être pensée en interne. Et il reste beaucoup de niches. A la rentrée, j'ai réécrit une application pour l'inscription des jeunes aux activités municipales. Les années précédentes, à cause d'un formulaire de saisie aberrant, les parents passaient leur journée dans une file d'attente. Cette année, toutes les inscriptions ont été bouclées en trois heures. Les collectivités ont des usagers captifs. A elles de les rendre les moins mécontents possible.
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