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Les solutions, nombreuses, ne se sont pas encore imposées en entreprise. En cause : des coûts parfois élevés, un intérêt encore à démontrer et les réticences de certains acteurs, comme les intégrateurs télécoms.
Les faits
Microsoft a présenté la version 2 de sa solution de communications unifiées, Office Communications Server, lors du salon IP Convergence, qui s'est tenu du 21 au 23 octobre dernier à Paris. Déjà disponible en bêta privé, la
version définitive devrait être accessible à tous en février prochain.
L'analyse
C'était il y a un an tout juste. Microsoft avait choisi Paris et son salon IP Convergence pour le lancement mondial d'Office Communications Server 2007 (MOCS). Cette année, l'éditeur annonçait une version complétée. Sortir une
nouvelle version un an après la précédente n'est pas vraiment dans les habitudes de Microsoft. Mais les utilisateurs de la première version semblent avoir compris les possibilités offertes par la VoIP. Ils ont donc incité Microsoft à intégrer plus
de fonctions voix dans cette nouvelle version.Parmi les fonctionnalités ajoutées, il y a une console opératrice, la connectivité SIP (ou SIP trunking, connexion VoIP directe entre un fournisseur de service téléphonique internet et MOCS), ou encore la prise en charge de nouveaux
terminaux clients (Blackberry, Motorola et Nokia). Bien évidemment, Microsoft n'était pas le seul à vanter ses applications. Certains, surtout venus du monde de la téléphonie, ont présenté leurs solutions propriétaires à l'image d'Avaya et son one
X-Communicator ou Alcatel-Lucent avec Omnitouch Unified Communications. De fait, il y a encore quelques mois, le débat portait sur qui, des éditeurs ou des équipementiers télécoms, serait le mieux placé pour fournir ce type de service (lire
01 Informatique, n?' 1951).
Le terrain contredit le discours marketing
Avec l'intégration des multiples fonctions liées à la voix dans MOCS, la question ne se pose plus. Aujourd'hui, il s'agit plutôt de savoir quels sont les usages et quel est l'accueil que les entreprises vont réserver à ces modes de
communication. Car les premiers indicatifs marché recueillis chez les consultants et les intégrateurs montrent que l'adoption d'applications de communications unifiées est loin d'être massive. Même s'il faut reconnaître que les utilisateurs
commencent à exprimer le besoin et l'envie d'utiliser ces outils.Une analyse que ne partage pas complètement Gwénael Fourré, chef de produit chez Microsoft : ' Nous avons une croissance très forte sur ce produit et nous avons déjà de belles références, notamment chez
Renault et Dassault Aviation. ' Mais il ne donne pas de chiffres précis de déploiement et cette croissance provient vraisemblablement du faible nombre de solutions déjà installées. Abondant dans son sens, Benoît Boudeville,
architecte entreprise messaging et collaboration chez Avanade ?" joint-venture entre Accenture et Microsoft ?" indique, quant à lui, que ' de nombreux grands comptes sont passés dans le monde collaboratif. Avec une
moyenne de 5 000 utilisateurs par déploiement de MOCS. ' En d'en vanter les retombées : ' Initier un projet de communication unifiée peut fournir l'opportunité de changer les habitudes de
travail des utilisateurs. 'Même si certains utilisateurs peuvent avoir besoin de formation. Yves Peligry, du cabinet Niji, estime qu'il ne faut pas sous-évaluer l'intérêt que les entreprises portent à ces solutions : ' Au-delà même
du calcul de ROI sur la base d'économies réseaux, d'opérations ou de gains de productivité, l'argument final peut être tout simplement la nécessaire modernisation des outils de l'entreprise. ' Le son de cloche est un peu
différent du côté de Cycos, un éditeur allemand, filiale à 80 % de Siemens. ' Le marché n'est pas encore mûr, les cycles de vente sont plus longs que l'on pouvait espérer. Nous n'en sommes vraiment qu'au stade des early
adopters ', reconnaît Youcef Hamadache, son directeur général pour la France de Cycos. Mais pour lui, tout n'est qu'une question de temps : ' Microsoft investit beaucoup dans ce type de solution et
le battage médiatique sera bon pour tous les acteurs de ce secteur. ' Leur nouvelle gamme de produits MRS (Multimédia Routing Software) Vanguard s'intègre à l'existant. Elle a l'avantage de pouvoir être acquise achetée brique
par brique.De fait, pour inciter les entreprises encore frileuses à se lancer dans la communication unifiée, les éditeurs mettent en place des propositions commerciales plus alléchantes, comme le programme CUWL (Cisco Unified Workspace
Licensing) de Cisco. Microsoft s'attache à faire venir la demande le plus en amont possible en s'attaquant aux étudiants, habitués aux outils de communication à la mode. Ainsi, l'éditeur a-t-il développé le programme live@edu, qui propose aux écoles
et aux universités de bénéficier gratuitement d'une large palette de services de communication. En échange, les utilisateurs acceptent de livrer à l'éditeur leur log d'usage pour nourrir la réflexion et les pistes d'amélioration des produits.
Certains petits éditeurs, comme Quest, proposent des outils de reporting d'usage intégrés à MOCS. Avec les solutions de communication unifiée, le but des entreprises peut être de diminuer la quantité de courriel, grâce à l'utilisation de la
messagerie instantanée. Mais les effets ne sont pas immédiats et doivent pouvoir être mesurés.
Des intégrateurs peu motivés
Même si certains acteurs affirment que ' la communication unifiée est entrée dans les m?"urs ', il reste quelques freins à l'adoption de ces nouveaux outils. Côté utilisateurs, la
fonction Présence est parfois assimilée à une fonction de surveillance. Il faut donc leur prouver la réelle efficacité de ce type d'application, par exemple en n'imposant aucune limite sur la taille des fichiers transmis par messagerie instantanée.
D'autres craintes sont liées à la baisse de productivité potentielle liée à l'utilisation de la messagerie instantanée, alors que les échanges d'information se font bien plus rapidement que par courriel... De leur côté, les équipes télécoms ne
sont pas non plus forcément pressées de passer à la VoIP, qui peut remettre en cause leur existence même au sein de l'entreprise. De plus, les réseaux physiques existants ne sont forcément adaptés aux communications unifiées et les coûts d'évolution
peuvent être importants.Les intégrateurs télécoms ne décrivent pas les communications unifiées comme un nouvel eldorado. ' Les cahiers des charges des entreprises intègrent de plus en plus un volet communication unifiée, mais celui-ci
reste souvent non prioritaire. Le sujet tient encore plus du discours que de la réalité marché ', affirme Pierre Anne, responsable ingénierie et projets chez Ineo Com. Ce que confirme Aude Launay, responsable d'activité
communications unifiées chez Dimension Data. ' Ces outils ne sont pas encore dans la culture de l'entreprise. La demande n'est donc pour l'instant pas au rendez-vous 'Un troisième intégrateur, qui ne souhaite pas être cité, propose, quant à lui, une autre explication : ' C'est très simple, les éditeurs de communications unifiées ne sont pas capables d'intéresser
financièrement nos sociétés à la vente de ce type de produit. Nous avons tout intérêt à continuer à vendre du matériel et ne pas pousser les ventes de solutions à base de licences, sur lesquelles nous ne nous y retrouvons pas
financièrement '. Limpide.
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