Futuribles : L'émergence de la société de l'hypertexte
François Ascher défend, dans un article écrit dans la revue Futuribles, l'idée d'une révolution en profondeur, liée à la Net-économie, de notre société actuelle.
Feu de paille superficiel ou révolution en profondeur ? La nouvelle économie n'en finit pas de susciter des appréciations contradictoires. Dans le dernier numéro de Futuribles, François Ascher défend la deuxième option dans un article intitulé L'Émergence de la société de l'hypertexte.Il s'inscrit en faux contre ceux, comme Dominique Wolton, pour qui l'augmentation des capacités de transport de l'information n'aura guère de conséquences dans la mesure où la société ne produit plus que de l'information sans intérêt. Il soutient que le monde de demain sera aussi différent de la société industrielle que celle-ci l'était de la société agricole.La mutation sera non seulement technique mais encore politique et sociale. Il donne en particulier un intéressant tableau comparant le monde agricole, le monde industriel et ce qu'il appelle le monde de l'hypertexte. Le passage de l'un à l'autre se traduit par de plus en plus d'ouverture, la multiplication de la capacité de contacts et l'enrichissement humain des échanges.Une idée intéressante sur laquelle il aurait pu insister est l'évolution prévisible des pouvoirs. Dans le monde agricole dominé par l'autarcie et la brutalité de la nature, le pouvoir appartient à l'exécutif structuré par la féodalité. Dans le monde industriel, le pouvoir essentiel est celui de produire les lois qui vont garantir à l'entrepreneur la sauvegarde de ses investissements. C'est le législateur qui domine.Dans le monde de l'hypertexte, la loi fournira le cadre sans pouvoir tout prévoir et tout régler, et c'est donc le juge qui tranchera, juge public ou arbitre privé. Il réglera des conflits d'autant plus multiformes que tout le monde sera en contact avec tout le monde sans connaître personne. La réforme de la justice que la classe politique réclame est probablement plus fondamentale qu'elle ne le croit...* Professeur à l'ESCP-EAP
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