' La vraie richesse des Mousquetaires se mesure hors bilan, à la qualité d'hommes de valeur qui participent totalement à l'?"uvre commune. ' C'est avec ses mots que Jean-Pierre Le Roch accueillait tout nouvel adhérent aux Mousquetaires, entreprise qu'il a fondée en 1959. Séduit par cet esprit, Georges Epinette a rejoint le groupe il y a tout juste vingt-sept ans. En charge d'une petite équipe d'informaticiens sur la Bretagne, cet autodidacte se plonge alors au c?"ur des métiers de la grande distribution. En 1987, il est nommé directeur général de Stime, la SSII interne. Travailleur acharné, homme de défis, il apprécie, comme beaucoup de DSI, le pragmatisme et ne recherche pas obligatoirement les cadres mais sait les imposer lorsque c'est nécessaire. ' Quand on s'engage, on s'engage et on ne fait pas semblant ', aime-t-il répéter.Avec lui, l'informatique des Mousquetaires prend peu à peu une nouvelle dimension. Insistant sur ' les rapports d'hommes ' du groupe, il apprend à communiquer sur les bénéfices métier qu'apportent les technologies de l'information à l'entreprise. Il figure d'ailleurs parmi les pionniers dans le rapprochement entre métiers et informaticiens. ' Mais c'est en 2003 que le groupement prend conscience de l'importance d'une Dosi ', précise Georges Epinette. Sans se détacher de l'opérationnel, contrôlant ses coûts, il devient l'artisan d'un repositionnement de la fonction système d'information (SI) dans une dynamique de force de propositions, centrée notamment sur l'innovation. En 2008, la DSI a ainsi favorisé le codesign avec une innovation de taille, la caisse libre-service chariot.Les Mousquetaires ont aussi été pionniers en matière de paiement sans contact par mobile en monétique intégrée. Concernant la DSI elle-même, Georges Epinette a incité à l'adoption des pratiques issues des référentiels (Cobit, ItilV3, ISO 27001, e-SCM, etc.). Il a mis à profit sa réflexion pour élaborer le plan stratégique SI avec une approche nouvelle qui consiste à' subordonner ' la stratégie à l'action stratégique (notion d'intelligence navigatrice) avec une démarche top-down et bottom up (architecture d'entreprise et POS d'urbanisation). Avec sa casquette de directeur général de la Stime, il n'a pas non plus hésité à participer au design du progiciel d'une startup, la société IT4Control, qui avait développé le noyau d'un outil logiciel de gestion de portefeuille de projets. Il a ainsi obtenu un logiciel de gestion de son patrimoine applicatif conforme à ses besoins, à son budget et à ses délais. Il a, par la même occasion, brandi à sa manière l'étendard du Pacte PME qui veut que des grands comptes soutiennent de jeunes PME innovantes.
Infatigable chasseur d'innovation
' C'est un early adopter. Il a été de toutes les campagnes sur les méthodes agiles de développement, sur la gestion de portefeuilles applicatifs, sur les référentiels SCM ou encore sur la gouvernance ', confie Bruno Brocheton, DSI d'Eurodisney. ' DSI plus que 24 h/24, il participe à l'évolution du métier. Il collabore à des formations universitaires. Il écrit des ouvrages sur des sujets variés et novateurs ', ajoute Didier Lambert, DSI d'Essilor et président du Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref) entre 2006 et 2008. Infatigable chasseur d'innovation, il est enfin persuadé que les DSI ont beaucoup à apprendre de concepts développés dans des univers connexes.Georges Epinette occupe aussi un rôle crucial au sein du Cigref, qu'il a rejoint en 2003. ' Il n'hésite d'ailleurs pas à impliquer dans ses travaux ses collaborateurs ', indique Bertrand Kientz, vice-président d'Amadeus. Il a au passage épaté le Cigref en débroussaillant un thème très conceptuel qui touche au capital immatériel de l'entreprise. En d'autres termes, la valorisation du patrimoine applicatif. Enfin, il travaille à de nouveaux modes de collaboration, avec les fournisseurs notamment.Quant à son parcours professionnel, Georges Epinette le doit à son caractère fait de passion, d'audace, de curiosité et de franchise. ' C'est un personnage très attachant ', clament d'une seule voix les membres du Cigref. ' Sa modestie lui interdit de se poster sur le devant de la scène alors qu'il est extrêmement présent ', ajoute Didier Lambert. ' Ses origines font la différence ', ajoute Jean-Pierre Corniou, vice-président de Sia Conseil et président du Cigref entre 2000 et 2006. ' Il a réussi à domestiquer ses interlocuteurs dans un univers terrible ', poursuit un autre DSI. Auprès de ses équipes, il pense avoir réussi à insuffler un état d'esprit exemplaire en s'appuyant sur les valeurs de son organisation. ' Propulser les hommes, les pousser à l'exigence et continuer à rêver à des nouveaux projets. 'Pour ce qui est de l'avenir de la profession, Georges Epinette place le DSI de demain au carrefour de tous les flux de l'entreprise. Il sera issu de ses arcanes métier plutôt de la technique.
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