Pourquoi s'y intéresser ? Le secteur du smart grid (ou réseau électrique intelligent) est en train de se structurer en Europe. Il est dynamisé par la réglementation, les problématiques environnementales, et la volonté d'améliorer le service au consommateur final.
Les gains
1. Optimiser la distribution d'énergie. Des capteurs, déployés sur l'ensemble du réseau électrique et connectés au système d'information du distributeur d'électricité, remontent en temps réel la consommation dans une zone précise : bâtiment, quartier, ville… A terme, en fonction des évolutions de la consommation, le distributeur adaptera plus rapidement la fourniture d'énergie, voire ses infrastructures.
2. Gérer les incidents de façon proactive. Connaître l'état du réseau électrique en quasi temps réel réduit les durées d'intervention et de dépannage. Une fois les pannes détectées, la mise hors tension de la zone d'infrastructure concernée est automatique. Tel est déjà le cas sur le réseau à moyenne tension d'ERDF. Avec le déploiement des compteurs électriques communicants, le distributeur transposera ces mécanismes au réseau à basse tension. Aujourd'hui, en cas d'incident, c'est l'utilisateur final touché qui déclenche l'intervention.
3. Faciliter l'intégration des énergies vertes. Des sources d'énergie renouvelable (solaire, éolien, etc.) se connecteront au smart grid. En effet, la connaissance en tout lieu et à tout instant de la production et de la consommation électrique compensera l'intermittence des énergies vertes par la production électrique traditionnelle. A l'inverse, la production d'énergies renouvelables pourra être déclenchée en cas de pic de consommation.
4. Adapter la facture au plus juste. Le compteur électrique communicant constitue un des maillons du smart grid. Il permet de dématérialiser certaines opérations telles que la collecte d'informations, aujourd'hui effectuée deux fois par an. Demain, cette tâche sera réalisée à tout instant. De fait, la facturation du client final sera calculée sur la consommation réelle, et non sur des estimations.
Les limites
1. Un marché jeune à forte inertie. Très à la mode, le smart grid n'est pourtant pas encore une réalité. En France, l'expérimentation des compteurs communicants Linky s'est achevée il y a peu. L'Etat a très récemment lancé un appel à manifestation d'intérêt pour le financement des projets de réseaux électriques intelligents
(lire 01
n° 2091, p. 18). Selon lui,
“ l'existence effective d'un smart grid général à l'horizon 2020 dans l'Hexagone semble illusoire ”.2. Un manque de standards technologiques. Comme tout jeune domaine technologique, la chaîne de valeur du marché du réseau électrique intelligent est complexe : fabricants de matériels électriques (Alstom, Schneider Electric), fournisseurs de compteurs intelligents (Landis+Gyr, racheté par Toshiba, Itron, Iskraëmeco, Legrand, Hager…), équipementiers télécoms (Alcatel-Lucent, Sagemcom, Huawei, ZTE, etc.), SSII et éditeurs (Atos, IBM, etc.) devront s'accorder pour rendre leurs systèmes inter-opérables, en définissant des normes applicables aux échanges de données.
3. Un modèle économique flou. Les investissements à venir reposent sur des nouvelles technologies peu éprouvées dans le cadre des réseaux électriques. Ce manque de maturité risque d'entacher la volonté des distributeurs à investir sur le sujet. Enfin, la part de l'investissement imputée à l'utilisateur final (facturation du compteur intelligent et des services associés) suscite encore le débat.
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